lundi 5 février 2018

Y-a-t ’il vraiment trop de fonctionnaires ? (Suite et fin)



Dans l’article précédent nous avons vérifié le lien étroit entre les dépenses d’administration publique et le nombre de fonctionnaires d’une part, et d’autre part le fait que la France n’était pas la Vice-championne derrière le Danemark dans ce domaine. On a également vu que des écarts sensibles se faisaient jour entre les pays, une fois retirée la tendance moyenne du lien entre coût et population. Les pays de l’Est et les pays du sud, où sévit toute la rigueur de l’austérité imposée par Bruxelles, ont drastiquement diminué leurs dépenses administratives. A l’inverse les pays du Nord se caractérisent par un surplus de dépenses auquel n’échappe même pas l’Allemagne. La France ne se situe qu’en septième position de ce groupe de « dépensiers ».

Regardons ce qu’il en est sur les effectifs de fonctionnaires par rapport à la population. On ne dispose de statistiques complètes que pour 2011 mais les effectifs n’ont pas dû sensiblement changer relativement les uns par rapport aux autres. On vérifie là aussi que la France n’est pas le pays ayant le plus grand pourcentage de fonctionnaires par rapport à la population et se situe encore en 7ème position derrière le Danemark en tête. L’Allemagne est en 14ème position, et le Royaume-Uni dans le groupe de queue. On a d’ores et déjà le sentiment que, tant le coût global de l’administration publique que le nombre de fonctionnaires, n’ont pas un lien fort avec la réussite économique des pays. On peut même penser que si ce lien existe, les pays du sud à faible économie ont une faible dépense administrative, et que des pays à forte réussite économique, comme le Danemark et la Suède, ont de fortes dépenses administratives. Ceci irait à l’encontre du dogme qui dit qu’il n’y a pas de réussite économique sans une baisse des dépenses publiques, donc des fonctionnaires. 

Il est temps de mettre en lumière la relation entre le coût/habitant de ces dépenses et le pourcentage de fonctionnaires sur un panel des principaux pays de l’UE pour lesquels nous disposons des informations nécessaires. Le lien statistique est net et une tendance se dégage où l’on voit qu’une dépense de base se fait jour en dehors du coût des fonctionnaires. Elle s’évaluerait même à 6634 euros/habitant. On retrouve toujours le Danemark en tête des dépensiers et les pays du sud, soumis à toute la rigueur de la politique d’austérité, dans les pays les moins dépensiers. On met en évidence une tendance générale qui veut que 1% d’augmentation du nombre de fonctionnaires par rapport à la population entraîne une augmentation de 1276 euros par habitant. A population égale, ceci veut dire que diminuer le nombre de fonctionnaires de 2% entraîne un gain de 2552/habitant.

Regardons ce qu’il reste comme écart par rapport à la tendance générale, une fois celle-ci soustraite. On note que la France n’est toujours pas en tête des pays dépensiers et se place même derrière l’Allemagne. On retrouve encore les pays du sud dans les pays à austérité budgétaire d’État. Que traduisent ces écarts ? Si un pays a des dépenses administratives supérieures au poids de ses dépenses liées à son nombre de fonctionnaires par rapport à la population, c’est qu’il dépense plus dans les autres coûts administratifs autres que les charges liées à son personnel. C’est le cas de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Autriche au-delà du surcoût pour la France. Or tous ces pays n’ont rien à envier à la France sur le plan de la réussite économique en particulier l’Allemagne ! 

Mais ceci vient conforter l’impression que la réussite économique d’un pays n’est pas liée à l’austérité budgétaire sur le nombre de fonctionnaires. Ceci ne veut pas dire que la recherche d’efficacité ne soit pas nécessaire à une saine gestion. Mais toute atteinte au nombre de fonctionnaires peut se faire au détriment du service rendu. On ne décrète pas une suppression de fonctionnaires sous prétexte d’austérité budgétaire sans mettre en péril le service rendu au citoyen. Or dans de nombreuses administrations, la qualité du service rendu affiche une baisse d’efficacité, dans la justice, la sécurité, la santé et l’enseignement entre autres, baisse liée au manque d’effectifs. On peut envisager certains transferts d’une administration à l’autre mais ceci reste limité dans la pratique et demande un effort de formation. Supprimer du personnel pour amener des contractuels n’est pas forcément une bonne solution car le coût horaire est nettement supérieur. Cela ne se conçoit que dans le cas de hausses temporaires du service à rendre, du type épidémie ou catastrophe humaine dans les hôpitaux par exemple.

Il est donc évident que le dégraissage par départ volontaire ne coïncidera pas forcément avec les besoins, et par ailleurs l’Etat renie sa promesse d’un emploi à vie et remet sur le carreau du personnel, relativement âgé, qui va se diriger vers pôle emploi. Avec 120.000 départs c’est environ 250.000 personnes dont le niveau de vie va brusquement baisser. Le gouvernement a oublié de préciser ce qu’il fera s’il n’y a pas assez de départs volontaires. Enfin la solution consistant à ne pas remplacer tous les départs à la retraite est socialement beaucoup plus acceptable. Il est donc probable que nous nous dirigeons vers une nouvelle baisse de la qualité du service public sans que cela se traduise par un véritable assainissement de notre déficit budgétaire. Par contre nous avons un déficit de croissance de -0,6% par rapport à la zone euro et à l’UE en 2017, ce qui signifie que nous avons un manque de près de 14 Mds sur le PIB et du même pourcentage vraisemblablement sur les recettes de l’Etat. Avant de procéder à une politique d’austérité sur le personnel, comme le font les entreprises, il serait plus judicieux de simplifier le travail administratif, depuis le temps que l’on parle de simplification, et de procéder grâce à cela à une hausse de la qualité du service avant de licencier. Mais là encore nous suivons les directives de Bruxelles qui sont claires sur ce sujet !

La politique d’austérité budgétaire à base de baisse du service 

Ne vise d’une part qu’un seul axe économique

Mais d’autre part n’a pas prouvé dans l’UE 

Qu’elle signifiait un axe de gestion

Assurant la croissance et 

Le service au citoyen !
 
Claude Trouvé 
05/02/18

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