mercredi 7 février 2018

Repenser la production d’énergie électrique



La politique énergétique française a pris en compte comme vision futuriste la « décarbonisation » de la planète. En dehors du fait que l’élimination complète du carbone contenu dans l’air entourant notre la planète signifierait la mort de toute végétation et par conséquent la nôtre, cet axe politique prend à son compte l’effet du CO2 sur le réchauffement climatique. Les variations naturelles de ce taux dans l’histoire de la terre ayant été très importantes, et ayant d’ailleurs selon les spécialistes suivi et non précédé les élévations de température, ceci présuppose que les variations anthropiques notoirement plus faibles sont pourtant la cause à éradiquer. L’homme se targue donc d’être le régulateur de l’atmosphère de la planète. Même si le consensus est loin d’être acquis, et l’est d’ailleurs de moins en moins dans le monde des vrais spécialistes, mon propos prendra pour vrai cette doxa climatique. Toutefois je ne me priverai pas de proposer à votre réflexion le graphique ci-dessus qui illustre visuellement le « hiatus » entre les prévisions des modèles mathématiques et la réalité du lien carbone-réchauffement depuis vingt ans. Compte tenu des remises à l'échelle nécessaires pour superposer les deux courbes, les unités en ordonnées sont ici arbitraires à partir de données officielles avec le CO2 anthropique en vert et les températures en rouge jusqu’en 2013.

A partir de cette doxa climatique, la politique énergétique mondialiste veut remplacer les productions à partir d’énergies fossiles, donc épuisables, par des énergies dites inépuisables dont principalement celles des cours d’eau et des marées, du vent et du soleil. Ce faisant on pose le principe du remplacement des énergies pilotables, polluantes (charbon, fuel, gaz) et dangereuses (nucléaire), par des énergies intermittentes (mers, cours d’eau) et des énergies intermittentes et aléatoires (vent, soleil) donc que très peu pilotables pour ces dernières. Ceci pose donc à priori le fait que l’on ne pourra pas faire coïncider la demande d’énergie électrique avec l’offre. Dans le cas de l’effacement total des énergies pilotables, on sera donc, sauf cas exceptionnels, toujours en inéquation consommation-production. Le réseau électrique français est interconnecté sur l’Europe et au-delà avec toutefois des limitations dues aux capacités d’échanges des infrastructures filaires de liaison. 

Si la politique mondialiste de disparition des énergies pilotables est appliquée sur l’ensemble de l’Europe, on ne diminuera pas le nombre des inadéquations entre consommation et production bien au contraire mais on augmentera la probabilité d’avoir des inéquations de beaucoup plus forte amplitude. On peut citer déjà une journée où la surproduction des énergies renouvelables a été telle en Allemagne que les pays voisins ne pouvaient l’absorber et où on a demandé à la population allemande de surconsommer… pour rien. L’application complète de la politique « écologique » vendue au public avec le label vert est inapplicable. J’ai démontré, d’après les informations de production et de consommation de 2014 à 2016 en Allemagne, en Belgique et en France qu’approximativement, on constate sur une année que 1kWh d’énergie renouvelable (éolien et solaire) est couplé avec 1kWh d’énergie pilotable.
En conséquence la seule possibilité qui est offerte est, une fois retirée la production hydraulique et énergies renouvelables autres que l’éolien et le solaire soit environ 12% de la production totale, le reste de la production électrique française doit obligatoirement être de 44% d’énergies pilotables et 44% d’énergies intermittentes et aléatoires, les EnRia. Il nous reste le choix entre le solaire et l’éolien pour les EnRia, et entre le charbon et le nucléaire pour les énergies pilotables. Actuellement la production française de 2017 est de 535,7 TWh dont les EnRia représentent 8%, l’hydraulique et les autres énergies non pilotables 11%. Donc 81% de l’énergie produite provient des énergies pilotables, énergies thermique 9% et nucléaire 72%. La consommation est 484,2 TWh, le solde des échanges commerciaux de 39,5TWh et 12TWh sont consommés dans les pertes en ligne et le pompage pour l’hydroélectricité.
Muni de ces données on constate que nous avons subvenu largement à la consommation mais nous avons tout-de-même dû importer de l’électricité en janvier et novembre 2017. Il a manqué 700 MW pour éviter cette dépendance et ce ne peut être trouvé que dans les énergies pilotables soit un peu plus de 1% d’entre elles. Il manque donc l’équivalent d’un réacteur nucléaire de type Fessenheim, or on parle d’arrêter ces deux réacteurs. Dans la mesure où la production nucléaire à 72% de la production totale a été proche de son taux de disposition de 73% environ, l’apport de compensation de l’énergie thermique n’a été que de 1%. Les 8% restants de l’énergie thermique ont donc servi à compenser l’intermittence des 8% de production des EnRia. On retrouve bien en 2017 ce qui a été observé sur les années 2014-2015-2016, à savoir 1kWh d’énergie thermique pour 1kWh d’EnRia.
Mais le chemin est long pour atteindre 44% d’EnRia en partant de 8%, il faut multiplier les fermes éoliennes et remplir les toitures et les champs de panneaux solaires. L’énergie nucléaire est faite normalement pour assurer la fourniture de base de la consommation électrique. Le nucléaire français a réussi cependant à conduire ses centrales avec un effacement rapide de 30% de sa production en ½ heure dans 8 de ses réacteurs mais c’est au prix d’une perte de rendement et de vieillissement accéléré des installations qui n’aiment pas les cycles thermiques. Ce n’est pas non plus favorable à la sûreté des réacteurs. Le nucléaire fait facilement des variations saisonnières de sa production, mais c’est l’énergie thermique qui est la plus apte à réaliser des réactions instantanées d’arrêt et de redémarrage. C’est donc finalement l’énergie thermique qui est au centre des besoins et ceci d’autant plus que l’on arrêtera des réacteurs nucléaires.
C’est sur ces bases que l’on examinera dans le prochain article les solutions possibles et réalistes qui sont accessibles en dehors de toute idéologie.
La politique énergétique actuelle conduit à une impasse
Où le coût de l’électricité et la réduction du CO2
Sont des objectifs irréalistes et contradictoires.
Claude Trouvé
07/92/18

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