dimanche 8 octobre 2017

Un projet de loi de finances pour les riches et l’UE (suite)

La lecture de la loi de finances révèle d’autres surprises. Toujours inquiet pour l’avenir de mes enfants et petits-enfants, l’annonce d’un retour du déficit en dessous des 3% du PIB réclamés par Bruxelles m’apparaissait comme un espoir de voir la France plafonner sa dette dans les prochaines années. Ce retour aux années d’avant 1974 me remplissait d’espoir et pour un peu j’aurais oublié que je faisais partie des gens de rien, de ceux qui n’incrémentent pas les 10% de ceux à qui on octroie de l’intelligence en fonction de la lourdeur de leur porte-monnaie ou de leur entrée dans les Young Leaders, la nomenklatura de la nouvelle URSS. Le déficit français est donc en train de se réduire en passant de 3,4% pour 2017 à 2,9% en 2018. Cela annoncerait un retour à l’équilibre budgétaire que je peux peut-être voir avant de libérer l’État du montant d’une retraite devenue pesante pour lui. Ce serait mon dernier geste pour la France. 

C’est alors que, poussé par l’envie de contempler la baisse sonnante et trébuchante du déficit public, j’ai porté mes yeux sur les prévisions du solde budgétaire consignées dans le Projet de Loi de Finances de 2018. Encore pétri des leçons d’arithmétique de mon passage à l’école primaire, j’ai eu un moment d’inquiétude et d’hésitation entre une vue qui baisse ou une perte de mes facultés mentales. Le déficit budgétaire du PLF 2017 était de -69,3Mds€ et se traduisait par un déficit/PIB de 3,4%. Or je lis que le déficit passe à -81,9Mds€ en 2018 soit une augmentation du déficit supplémentaire de -12,6Mds€ soit 18,2% de déficit de plus en un an ! Je déglutie car mon monde élémentaire bascule… Mais je m’accroche à mon espoir d’équilibre budgétaire puisque le déficit/PIB passe de 3,4% prévu en 2017 à celui aussi prévu de 2,9%, d’autant plus que le PLF 2018 est basé sur 1,7% de croissance du PIB. Il y aurait donc un loup puisque l’on peut augmenter le déficit budgétaire tout en diminuant le déficit/PIB. Oui je sais, si le PIB augmente plus que le déficit budgétaire, le rapport déficit/PIB diminue m’aurait dit mon maître d’école. Seulement là ce n’est pas le cas, le déficit augmente de 18,2% et le PIB de 1,7%...

Au bord de la crise de nerfs, je reprends mes esprits et je cherche ce qui cloche. Le déficit, pris en compte par Bruxelles, ne doit donc pas inclure toutes les dépenses budgétaires, ce qui serait l’explication mais une façon de tromper l’opinion publique sur la réalité de la situation car ces dépenses il faudra bien les payer finalement. J’ai ainsi découvert que tout se joue sur la façon dont on prend les dépenses de « Recherche et développement » et de dépenses militaires d’armement. Autrement dit, si ces dépenses disparaissent du déficit budgétaire proposé à Bruxelles, et avec son accord depuis 2010, le rapport déficit/PIB peut ainsi diminuer. Il suffit de pousser ces deux types de dépenses par rapport à l’année précédente. La première satisfait les grandes entreprises et la seconde donne un peu de baume au cœur des militaires vent debout. On peut y ajouter l’évolution de la contribution européenne. Ce sont donc sur l’évolution de ces postes de dépenses que se joue cette arnaque de présentation du budget à nos concitoyens. 

Non la France continue à s’endetter mais pas au sens des conventions avec Bruxelles. On nous berce de fausses illusions. C’est dimanche, ce n’était pas le jour à soulever le drap qui recouvre la présentation publique du budget 2018. Si, j’oubliais, ce budget fait une fleur à la presse, cela explique aussi le mutisme journalistique sur la réalité de ce budget.
 
Dormez bonnes gens, on creuse votre tombe, 

Mais on vous ensevelira dans la béatitude

C’est beaucoup mieux qu’un… 

Froid linceul !
 
Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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