lundi 2 octobre 2017

Ma c(h)ronique le chômage sur trois mois



C’est une plaisanterie de collégien, je le reconnais mais c’est dimanche et en ces temps où les vieux deviennent encombrants il n’est pas inutile de se redonner un petit coup de jeunesse. Malheureusement pour Macron, celui-ci s’est empressé de dire dès juin que les chiffres du chômage ne voulaient rien dire sur un mois, et que désormais on parlerait sur les variations trimestrielles. Si cela a un certain bon sens, on voit que c’est surtout l’occasion de parler trois fois moins du chômage, car Pôle Emploi s’ingénie trop souvent à polluer l’euphorie que Macron veut communicative… le Printemps pour tous dès l’été. Pourtant l’automne se prépare à être bien monotone comme l’a été l’été qui s’est entêté à nous donner de mauvaises nouvelles répétées en nous laissant bien hébétés sans que Macron semble vraiment bien embêté. Le chômage reste ce qu’il a été, plus Hiver que Printemps et ça continue, cela va péter.

Trêve de plaisanteries, la courbe des demandeurs d’emplois oublie toujours de s’inverser. Sur trois mois le nombre de demandeurs a augmenté de 1,3%. Quand, pour minimiser les choses, on nous dit que tout va bien parce que le nombre a baissé de 0,3% sur un an, on avoue en fait que le chômage repart à la hausse. Mais il y a une autre manière d’endormir les citoyens, c’est en citant la mesure trimestrielle du taux de chômage tirée d’une statistique basée sur un échantillon de personnes, ce qui ne permet aucun contrôle réel des chiffres annoncés. Les chiffres de Pôle Emploi sont comptables même s’ils ne représentent pas la réalité puisque tous les demandeurs ne s’y inscrivent pas. D’ailleurs il est assez intéressant de constater que le chiffre du taux de chômage descend pendant que le nombre de demandeurs d’emploi augmente alors que ce dernier est un minorant du nombre de demandeurs potentiels. Ce qui laisse un doute sur la validité des chiffres du chômage tirés des sondages de l’INSEE. 

Il est vrai que la diminution du chômage devient un but politique bien encombrant. Macron ne veut pas jouer son quinquennat sur le malheureux pari de son prédécesseur. Alors il suffit de dire que si l’économie repart, il est évident que le chômage baissera… six mois après selon les meilleurs journalistes économiques aux ordres. Ces derniers lisent chaque matin les cours de la Bourse, constatent qu’elle se porte bien et chantent le Printemps. Ils vont aussi mettre en avant la réussite des multinationales, dont le siège est à l’étranger et qui s’implantent en France avec souvent de gros cadeaux du gouvernement plus les plus grandes, comme ceux faits aux Qataris. L’économie française ce n’est pas le cours de la Bourse qui est une affaire de spéculation d’investisseurs milliardaires, banques, fonds de pensions et autres. Tout ce petit monde est alimenté chaque mois par les déversoirs de centaines de milliards de monnaie de singe des banques centrales. Elle s’est déconnectée complètement de l’économie réelle. Les deux indicateurs principaux, qui englobent tous les autres, c’est en fait la croissance du PIB et le taux de chômage. On doit plutôt prendre le PIB/habitant, puisque les populations évoluent. Le taux d’emploi serait aussi préférable au taux de chômage car ce dernier ne prend en compte que les chômeurs sans aucun travail même partiel.

Dans la politique actuelle, c’est le contentement du Medef qui jauge la reprise de l’économie. Cela comprend toutes les grandes sociétés exportatrices qui échappent beaucoup à l’impôt d’une façon ou d’une autre, et à qui on va faire en plus le cadeau d’une baisse de 8% sur les impôts. Hollande s’est vanté d’avoir créé les conditions de la relance de l’économie. Mais le PIB/habitant a perdu 2,8% en 2016 par rapport à 2011 et le taux de chômage est passé de 9,2% à 10,1% selon les chiffres donnés par Eurostat. Si l’économie repartait pour les multinationales, le pays s’est appauvri et le chômage a augmenté. La politique actuelle d’un Président, qui a participé à l’élaboration de la politique économique du précédent quinquennat en tant que Conseiller de l’Elysée et Ministre de l’Economie, ne peut qu’amplifier aujourd’hui, ce qui s’est passé hier. Le Medef et le cortège des multinationales, qui spéculent avec l’argent des avantages donnés par l’Etat, vont continuer à tirer la couverture à eux sans se préoccuper des retombées désastreuses pour les citoyens de notre pays. 

Notre tissu de sociétés industrielles, commerciales et artisanales va continuer à se déliter avec l’affaiblissement du pouvoir d’achat des consommateurs par la pression fiscale faite sur les particuliers. La classe moyenne et les retraités sont les plus ponctionnés, or ils représentent la plus grande partie du montant de la consommation intérieure. Ce désintérêt pour le chômage se voit aussi dans la suppression des emplois aidés, sans doute beaucoup moins dans ceux qui sont utilisés dans les entreprises. Il se voit aussi dans une amplification de la formation, tonneau des Danaïdes, dont l’efficacité est faible, mais qui enrichit un nombre croissant de sociétés plus ou moins bidons. Peu importe que l’argent mis dans la formation ne soit pas efficace, s’il aide un tant soit peu les entreprises, cela suffit à la justifier. Les aides déjà données aux grandes entreprises sont souvent dépensées en formation sur le tas sans grand intérêt pour l’entreprise mais comme il est versé de toute façon, il faut le dépenser. C’est pour moi du vécu. C’est comme le budget annuel dans les administrations, il faut le dépenser de peur de voir le suivant raboté l’année suivante. On achète donc n’importe quoi en fin d’année pour tout dépenser.

La politique économique, dite « de l’offre », est dévoyée en politique d’aide tous azimuts aux entreprises, et pour toutes sans tenir compte que plus elles sont grosses moins elles en ont besoin. La cible est le coût de la main-d’œuvre, d’où la baisse nécessaire des salaires et des charges. C’est l’inverse que l’on observe dans l’UE entre 2011 et 2016, la hausse des salaires fait croître le PIB/habitant. De plus le sauvetage des grosses entreprises privées en difficulté est contraire aux règles du capitalisme, dont la notion de risque inclut celle du profit mais aussi celle de la sanction. Si l’entreprise en faillite est stratégique et quelle que soit sa taille, elle doit être sauvée, donc nationalisée mais seulement dans ce cas. Or non seulement on part dans un capitalisme débridé où l’État tient lieu d’assurance tous risques, dérive mortelle, mais on pollue la politique de l’offre qui suppose que les profits soient réinvestis et non destinés en grande partie à quitter le pays dans la délocalisation, la spéculation, ou pire les paradis fiscaux. Dans ce contexte, seule la politique « de la demande » peut amener un enrichissement du pays et des emplois pour ses citoyens. Quatre articles récents du blog « 34pourlafrance.blogspot.com » y sont consacrés sous le titre « France molle et Europe malade de son avancée fédéraliste ». La preuve de l’efficience de cette politique, et de l’impact faible de l’autre, y est montrée par comparaison entre les diverses politiques des nations européennes de 2012 à 2016. 

Cette politique d’encouragement de la demande s’appuie principalement sur la baisse de toute la pression fiscale sur les particuliers, impôts et taxes ainsi que sur la hausse des salaires. Elle peut être perturbée par deux biais. Le premier est le bas de laine, qui bloque la consommation, d’où la nécessité de minimiser les gains de l’épargne et des assurances-vie en les maintenant au niveau de l’inflation. Les mesures incitant les particuliers à prêter de l’argent aux petites et moyennes entreprises s’engageant à ne pas délocaliser vont alors dans le bon sens. Le second biais est l’aide donnée à des consommations qui enrichissent principalement des grosses sociétés à vocation exportatrice ou dont l’utilité est discutable, ou bien encore fausse la concurrence. On peut citer dans ce cas l’industrie automobile et les énergies renouvelables. Ces dernières ne correspondent pas à un besoin supplémentaire d’énergie électrique et ce sont les entreprises étrangères qui se taillent la part du lion. Sur ce dernier point on constate même une perte d’indépendance puisque nous devenons tributaires des chinois qui nous fournissent les Terres Rares, dont ils détiennent un quasi-monopole, indispensables à la fabrication des éoliennes et des panneaux solaires.

Le taux de chômage n’est devenu qu’un souci accessoire 

Qui part du principe que l’important c’est les riches.

Eux seuls peuvent amener la prospérité pour tous, 

A commencer par les plus riches, les milliardaires,

Sauf pour les fainéants, illettrés et retraités. 

Mais les mêmes causes produisent

Toujours les mêmes effets !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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