dimanche 25 juin 2017

La France vue d’en haut et d’en bas (2ème partie)



Avant de regarder la France d’en haut, il faut sortir du climat d’euphorie que Macron distille en permanence. Un grand vent d’espérance peut en effet redonner du cœur à l’ouvrage de la nation, mais on note que ce climat est surtout présent dans les médias et les citoyens ont manifesté majoritairement par l’abstention que cette attitude procédait beaucoup de la méthode Coué, sur l’air « Tout va très bien, madame la Marquise ». En fait l’espérance et la joie de vivre ne peuvent cacher la lucidité, or c’est cette lucidité que l’on cherche à cacher au citoyen. On peut être admiratif au tour de force réaliser par Emmanuel Macron, parti d’une quasi ignorance de son existence il y a deux ou trois ans, devenant successivement Ministre, puis Président et se dotant d’une large majorité absolue. C’est unique dans notre histoire mais entre admiration et éblouissement il y a un pas qu’il veut encore nous faire franchir.

Tout est loin d’être rose dans notre pays, sauf si nous portons tous des lunettes roses dont les médias et les politiques d’En Marche nous affublent. Prenons le vivre ensemble. Cela est-il résolu quand une députée de la France insoumise écrit une chanson pour un groupe de Rapp avec cette formule « taggée » un peu partout dans nos banlieues « Nique la France » ? Est-ce normal qu’une élue de la République Française se défende en évoquant la liberté d’expression ? Est-ce normal qu’elle fasse la moue sur l’expression de « Vive la France » ? Est-ce normal que la France insoumise la garde dans ses rangs ? Cette attitude du choix d’un multiculturalisme européiste qui exacerbe les tensions n’augure rien de bon, car elle tourne le dos à l’assimilation à l’histoire et aux valeurs de la République qui seule peut apaiser le pays. La femme juive défenestrée dans un lycée et battue très violemment montre que le vivre ensemble ne se gagne pas en fermant les yeux surtout quand certains poussent à la révolte ethnique. 

La pauvreté augmente sans cesse et les difficultés qui poussent des citoyens vers les organismes de secours atteignent désormais les classes moyennes. Les cerveaux de nos jeunes diplômés s’expatrient. La Gay Pride demande la PMA généralisée ouvrant de nouveau un sujet clivant. L’agriculture paysanne se meurt, et leur dépendance aux subventions s’aggrave, mais leurs suicides ne se voient pas à Paris. Les commerçants des centres-villes ferment boutique. En Grèce c’est pire il est vrai, mais dans cinq ans nous serons comme les grecs. L’euphorie des marchés alimentée par l’argent de singe de la BCE, à raison de 80 milliards par mois, suffit aux journaux économiques pour se réjouir mais notre croissance économique reste en retard par rapport à nos voisins et nous pavoisons en disant qu’elle va mieux. Le monde de la Finance vit sa propre vie dans l’euphorie pour l’instant, les médias leur donnent toute la résonnance avec les performances du CAC40, mais ce monde artificiel enfume d’espoir nos concitoyens alors que les inégalités sont en train de progresser.

Tout est l’objet de présentation euphorique. Prenons les jeux olympiques que tout le monde peut à priori souhaiter, sauf que les voix discordantes ne peuvent s’exprimer ou avec un tout petit canal d’information comme un article du Monde. Les médias nous distillent des heures de propagande qui ne permet plus de se faire une idée juste des avantages et des inconvénients, donc nous bercent dans l’euphorie béate. Si Paris est choisi, le vacarme politico-médiatique sera assourdissant. Le ralliement politique progressif autour de Macron, comme la lumière attire les papillons, rétrécit encore le domaine de la pensée politique critique. La jeunesse et l’inexpérience de la plupart des élus d’En Marche, soutenue par une propagande de parti, ne laisse que peu d’espoir à un pouvoir législatif sous contrôle de l’exécutif. 

Cette relation inversée est l’une des caractéristiques d’une dictature technocratique bruxelloise à laquelle tout concourt. La voie démocratique se rétrécit à vue d’œil. Il faudra attendre le vote des européennes en 2019 pour que celle-ci s’ouvre de nouveau puisque le référendum est oublié. L’état d’urgence prolongé par la loi sera passé. Les discours enflammés de Mélenchon à la Tribune de l’Assemblée amuseront la galerie sans faire bouger la ligne Macron d’un iota. Mais s’il s’avère qu’il soulève trop la rue, la nouvelle loi sécuritaire donnera les coudées franches pour intervenir au cas par cas. Ce n’est que le soulèvement de masse du pays qui puisse le mettre en défaut, mais les extrêmes ne sont pas prêts à unir leurs forces avec le multiculturalisme d’un côté et la limitation de l’immigration de l’autre. La France est solidement cadenassée et soumise à une propagande euphorisante qui ramollit les énergies protestataires.

C’est le moment de regarder la France par le haut. Le monde rentre dans une nouvelle stratégie politique qui oppose le monde unipolaire, mené par les Etats-Unis, et le monde multipolaire où le couple russo-chinois tient l’essentiel des forces économiques et militaires. Alors que le monde unipolaire transforme les autres entités en vassaux économiques et militaires en prenant l’Europe comme glacis, le monde unipolaire rapproche les Etats en faisant profiter chacun des accords d’union dans une structure garantissant leur indépendance. Géographiquement le centre de ce monde se situe en Asie mais la vision va plus loin vers l’Europe, la Méditerranée, l’Afrique et l’Amérique du Sud. On comprend vite que l’affrontement de ces deux mondes est inévitable, même le dollar monnaie de réserve est mis sur la sellette, ainsi que les réserves pétrolières et gazières qui restent vitales pour l’instant. Ce monde réalise que l’avenir est à l’AfriquEurAsie où les océans Pacifique et Atlantique jouent le rôle de grande frontière maritime, la seule barrière facile à contrôler. Cet hyper continent a vocation à s’isoler de l’Amérique du Nord qui domine encore le monde. 

Il est inutile de dire que c’est cette crainte qui motive la présence de l’OTAN, donc des États-Unis, en Europe et celles des bases américaines tout autour de la Russie et de la Chine. Le projet des deux routes de la soie terrestre et maritime avec des projets d’infrastructures grandioses, et la liaison des ressources pétrolières et gazières de l’Iran, et du Moyen-Orient avec le reste de l’Asie s’opposent frontalement à l’hégémonie américaine qui tient là un moyen de pression sur le monde. Mais l’Eurasie est en marche et la France s’y opposait avec les Etats-Unis. Des velléités allemandes se font jour pour renouer des relations avec la Russie pour reprendre le projet du gazoduc Northstream. En même temps, Angela Merkel lorgne sur une défense européenne avec la France en pensant prendre quelques distances avec les Etats-Unis mais l’Europe de la défense ne peut exister sans se couler dans les forces de l’OTAN omniprésentes en Europe. Le gain pour l’Allemagne c’est d’avoir son mot à dire sur l’utilisation des forces nucléaires françaises. La France met le doigt dans un engrenage qui risque de la dépouiller de son dernier bastion de souveraineté.

Pour avoir bradé son indépendance, la France s’est engluée dans une politique hégémonique américaine dans laquelle l’Allemagne reste le partenaire de choix pour les Etats-Unis. C’est ce pays qui gère en fait les relations avec la Grèce et qui le fait politiquement en Ukraine pour le compte des États-Unis. Inexorablement l’influence des États-Unis sur la marche du monde va diminuer et nous sommes dans le mauvais camp. Notre avenir est à l’Est et non à l’Ouest. Le nouveau monde se construit autour de l’Himalaya. Après la Russie et la Chine, l’Inde et l’Iran se font entendre. Le Japon commence à prendre quelques distances dans son partenariat avec les Etats-Unis et sait que son avenir se joue aussi vers le continent asiatique. Devons-nous rester à la remorque des États-Unis, de l’Allemagne et nous soumettre à une géopolitique de globalisation où l’UE n’est qu’une première étape vers le monde unipolaire s’étendant de plus en plus, comme le fait l’UE à l’est de l’Europe ? Cette question jamais proposée à la réflexion des français fera l’objet du prochain article.

Diriger, c’est prévoir, c’est donc avoir une vision sur l’avenir. 

De toute évidence le seul avenir pour le peuple français

C’est de livrer son indépendance par petits morceaux 

A une dictature technocratique au service

D’une géopolitique de globalisation 

Vouée au profit des plus riches !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon