mardi 18 novembre 2014

Quand la guerre froide monte en température ! (2ème partie)


Selon l’institut European Leadership Network (Réseau de Direction Européenne, ELN), depuis mars 2014 les relations entre la Russie et l’Otan sont caractérisées par « la méfiance, la crainte, et des délais de temps réduits pour prendre des décisions dans une confrontation volatile entre un Etat doté d’armes nucléaires et une alliance dotée d’armes nucléaires ». Le rapport ajoute que « Perpétuer cette réalité dans les circonstances décrites dans ce rapport est pour le moins risqué. Au pire, cela pourrait conduire à la catastrophe ». Les incidents qu’il rapporte indiquent clairement les dangers immenses pour la survie de l’humanité posés par l’escalade irresponsable de l’OTAN en Europe de l’est, après le changement de régime qu’elle a imposé en Ukraine.

Les armées du monde entier sont en état d’alerte, les avions de l’OTAN patrouillent au-dessus des républiques baltes, de la Pologne et d’autres Etats européens à quinze minutes de vol de grandes villes russes. Un incident « à haut risque » s’est produit le 5 septembre, deux jours après qu’Obama a visité l’Estonie et y a juré que ce pays aurait le « soutien éternel » de Washington contre la Russie. « Le 5 septembre 2014, un membre des services de sécurité estoniens, Eston Kohver, fut kidnappé par des agents russes d’un poste de frontière estonien. Emmené à Moscou, il fut accusé d’espionnage », écrit l’ELN. « S’il y avait eu des morts, il aurait pu y avoir une escalade dangereuse et incontrôlée ».
 
Un autre incident « à haut risque » fut la campagne belliqueuse mais infructueuse lancée par la Suède le mois dernier pour trouver un sous-marin russe dans les eaux territoriales suédoises. Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin, suivi par la dissolution de l’URSS par la bureaucratie stalinienne et la restauration du capitalisme, les puissances occidentales exploitent les divisions ethniques de l’ex-URSS pour encercler et diviser la Russie. Elles ont soutenu un putsch à Kiev dirigé par la milice fasciste ukrainienne. Ils ont ainsi utilisé la guerre civile qui s’est déclenchée entre le nouveau régime à Kiev et les zones ethniquement russes de l’est ukrainien. 

Le but est de dénoncer la Russie et d’envoyer des forces en Pologne, dans les républiques baltes, dans la mer Noire et en Ukraine. Les armées du monde entier sont en état d’alerte, les avions de l’OTAN patrouillent au-dessus des républiques baltes, de la Pologne et d’autres Etats européens à quinze minutes de vol de grandes villes russes. Des malentendus entre les forces russes et les troupes, avions de chasse et navires de l’OTAN qui déferlent sur la région ou en Amérique du nord ou dans le Pacifique, où le rapport fait état d’autres incidents, pourraient rapidement provoquer une escalade de guerre à travers le monde. 

Tout se passe comme si l'OTAN et les russes se préparaient à une nouvelle guerre mondiale. Washington n’a jamais fait de garantie de « no-first-use », c’est-à-dire de ne pas être la première puissance à utiliser des armes nucléaires lors d’une guerre. Quant à l’armée russe, elle pousse le Kremlin à définir les conditions sous lesquelles il lancerait des attaques nucléaires contre l’OTAN. Au mois de mai, les forces stratégiques nucléaires américaine et russe ont toutes deux mené des exercices à grande échelle. Au mois de septembre, lors de nouveaux exercices nucléaires russes, le général Yury Yakoubov a dit à Interfax : « Je crois que notre ennemi principal est les États-Unis et le bloc atlantique … Il faut décider des conditions sous lesquelles la Russie pourrait mener une frappe de préemption avec les forces stratégiques nucléaires russes ». 

Sommes-nous encore dans le domaine de l’intox ? Espérons-le mais les promesses non tenues des américains aux russes qui affirmaient que l’OTAN ne s’approcherait pas des frontières russes ont été violées dans les pays Baltes et des bases américaines se sont installées dans des républiques de l’ex-URSS. De plus désormais les navires américains sont en mer Noire et les forces de l’OTAN, secrètes ou non, sont en Ukraine. La Russie se sent menacée et elle se prépare au pire d’autant plus qu’elle constate que l’on veut l’asphyxier financièrement et économiquement par les différents embargos, en particulier bancaires. Les accords stratégiques récemment passés avec la Chine impliqueront que cette dernière ne pourra pas rester neutre d’autant plus que les Etats-Unis ceinturent ce pays par la mer et les bases militaires.

L’influent géopoliticien américain Zbigniew Brezinski déclare dans son livre le grand échiquier (1997) : « la fin de la guerre froide a fait des États-Unis la première vraie puissance mondiale [...] mais il est impératif qu’aucun compétiteur eurasiatique n’émerge et soit en mesure de challenger l’Amérique [...] La primauté mondiale de l’Amérique dépend directement du maintien de sa primauté en Eurasie. Il est donc nécessaire d’identifier quelles sont les puissances eurasiatiques qui ont le pouvoir de provoquer un changement stratégique [...] les trois grands impératifs de la géostratégie impériale est d’empêcher les alliances, maintenir une dépendance sécuritaire parmi ses vassaux et empêcher les barbares de faire alliance [...] par conséquent, les États-Unis doivent contrôler les Balkans Eurasiatiques afin de rester la première puissance mondiale. » 

La guerre froide financière, économique et monétaire, est entrée dans une nouvelle phase où les États-Unis nous entraînent. Leur déclin ou tout au moins de leur hégémonie est inenvisageable mais ils ont compris que le temps jouait contre eux. Il fallait donc précipiter les choses et empêcher la Russie de se rapprocher de l’Europe pour arriver au plus près de ses frontières en captant au passage le grand marché européen. Mais il leur faut aussi empêcher que se cimente un bloc trop solidaire autour de la Chine, déjà première puissance économique, et dotée d’une puissance militaire en pleine croissance qui vient augmenter celle de la Russie. 

Cette précipitation est telle que tous les moyens sont bons… même la guerre que les USA soulèvent d’ailleurs partout en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Malheureusement il suffit d’un incident de frontière terrestre, maritime ou aérien pour mettre le feu aux poudres et à une guerre d’un autre niveau. L’attendent-ils ou le provoqueront-ils ? Dans l’art de la guerre… il est très important de pouvoir choisir son moment !
 
Au moment où le monde bascule vers une autre ère 

Où des pays émergent et veulent soulever le joug 

De l’impérialisme américain depuis 70 ans,

L’Europe fait taire la voix de la France

 Et souffle sur la braise du feu...

Nucléaire !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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