Avant de discuter du
bien fondé de réformes territoriales de la France, réformes qui se sont
succédées dans un passé récent depuis la Révolution de 1789, il faut encore
faire un pas plus avant dans notre histoire et remonter aux Capétiens qui ont
représenté l’autorité de l’État pendant plusieurs siècles depuis le premier de
la lignée, Hugues Capet. La véritable autorité du roi s’étendait réellement sur
un petit territoire, guère plus grand que deux départements actuels de l’Ile-de-France.
Le reste de ses « possessions » était distribué à ses vassaux, dans
une sorte de relation propriétaire-locataire, où ceux-ci ne devaient au roi que
la mise à disposition d’hommes en armes pendant 40 jours. C’était une France en
attente, en réalité un patchwork de duchés qui regroupaient des seigneuries.
La
véritable construction de la France a commencé avec Philippe Auguste qui a
réussi à établir son autorité, plus ou moins directe, sur une partie plus ou
moins grande de la France. Il a surtout récupéré la majeure partie de la façade
ouest de notre pays qui était passée sous la coupe du roi d’Angleterre. C’est l’infidélité
ostentatoire d’Aliénor d’Aquitaine, mariée à Louis VII qui provoqua son divorce
et lui fit épouser aussitôt Henri
Plantagenêt, comte d’Anjou qui devint rapidement roi d’Angleterre par héritage.
Ce dernier avait ainsi accaparé le tiers du royaume de France avant l’arrivée
de Philippe Auguste sur le trône.
On voit par ce rapide retour à l’histoire de la
naissance de la France combien les pouvoirs attribués aux Comtes et Ducs de l’époque
ont déchiré, morcelé notre territoire, et donné lieu à des guerres qu’alimentaient
les alliances et mésalliances pour des prises de possession des terres. Notre
territoire vivait dans une instabilité permanente qui n’a cessé qu’au fur et à
mesure de la prise de contrôle de l’Etat, que ce soit sous la royauté ou la
république. Ceci doit nous inspirer une réflexion sur la fragilité de l’édifice
de la Nation, toujours tentée d’éclatement comme le pensent un certain nombre
de bretons, de corses et de basques par exemple. La répartition des pouvoirs
territoriaux n’a de sens qu’avec un État fort. Or la puissance de l’Etat est
rognée par le haut avec les tâches régaliennes qui fuient progressivement vers
l’Europe. Elle est soumise de plus aux volontés des acteurs économiques,
financiers les plus puissants qui sont garants de ses ressources financières.
La puissance redonnée aux régions avec un territoire
plus important, véritables duchés, donc des ressources plus grandes, avec une centralisation sur elles de missions dévolues à l’échelon inférieur des
départements, anciennes seigneuries, pose le problème de la pérennité de l’Etat.
Par là-même l’existence de la nation est menacée et ceci d’autant plus que les
régions disposent d’une Commission à leur écoute au sein de l’UE. L’UE est
empreinte, depuis l’artisan pro-atlantiste Jean Monet de sa naissance, d’une
volonté de fédéralisme. Cet objectif est encore difficilement réalisable avec
des nations tenant à leur indépendance comme l’était encore la France du XXème
siècle. La propagande pour instiller le sentiment d’appartenance européenne, s’il
n’a pas vraiment réussi à ce jour, a détruit une partie de celui de notre
identité nationale.
« Diviser
pour régner » peut favoriser la marche vers le fédéralisme. La
constitution de régions européennes, suffisamment fortes pour représenter un
pouvoir réel sur une étendue correspondant relativement à un département pour
la France mais moins puissantes que les nations actuelles, est un schéma
beaucoup plus propice à l’installation du fédéralisme européen. C’est le vœu des États-Unis qui ont étendu leur puissance militaire sur l’Europe avec l’OTAN
puisque l’adhésion à l’UE implique ipso facto l’adhésion à l’OTAN. Cela se
concrétise en ce moment avec la Serbie, candidate à l’UE, mais sommée d’appliquer
les sanctions sur la Russie pour adhérer. Par ailleurs la mainmise économique
sera finalisée par le traité transatlantique de libre-échange, le TAFTA.
En dehors de toutes les réflexions sur l’allègement
des dépenses publiques de 10 milliards, évaluation au doigt mouillé, et la
garantie d’amélioration du service public ou au moins de statu quo sur lequel un
précédent article a mis en garde sur les bénéfices attendus, il y a dans cette
affaire une crainte beaucoup plus grande sur l’avenir de notre pays… la perte
de souveraineté.
Dans
toute action politique, il y a ce que l’on en nous dit,
Toujours
présenté de façon à avoir notre adhésion,
Et
le but réel toujours soigneusement caché !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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