lundi 11 novembre 2013

Indépendance et efficacité, c’est repenser le plan énergétique ! (2ème partie)

La simple logique veut que nous ne dépensions pas inutilement l’énergie et les efforts sur les principaux postes de consommation doiventt être notre premier réflexe. C’est simplement celui des générations précédentes qui exigeaient un strict contrôle de la lumière utile. L’innovation des nouvelles lampes a rendu cette exigence moins prégnante. Il en est de même sur l’isolation des habitations et sur la baisse de la consommation des voitures. Dans ces deux cas l’innovation fait naturellement son œuvre. Les contraintes écologiques sur le réchauffement climatique ont poussé l’État à intervenir et il a également décidé d’intervenir sur l’isolation des habitations.

Toutefois l’intervention de l’État n’est pas basée sur des considérations économiques. On subventionne l’isolation sans se poser d’autres questions et il en est de même pour la réduction de l’émission de gaz carbonique. Ces interventions étatiques dérivent les efforts d’innovation ou en accroissent la vitesse naturelle d’évolution. Il y a par exemple une grande différence entre imposer des normes, qui devraient être internationales, sur l’émission de CO2 par les véhicules et donner un bonus écologique. On impose des normes nationales et on subventionne pour inciter le consommateur à acheter. L’interventionnisme de l’État se traduit toujours par une dépense que la pression fiscale doit compenser, entraînant des conséquences sur l’économie du pays. La recherche et l’innovation restent le véritable moteur du progrès dont les industries, elles, évaluent l’intérêt à son degré de rentabilité. 

L’interventionnisme de l’État peut donc avoir un réel intérêt lorsque le milieu scientifique annonce des avancées technologiques possibles mais dont la mise à disposition de l’industrie demande des efforts de recherche trop lourds, sur des temps trop longs et avec un risque de non aboutissement en raison de difficultés scientifiques ou techniques, voire de rentabilité future. C’est le cas des recherches fondamentales en matière nucléaire, consenties depuis longtemps par l’État et qui nous permettent aujourd’hui une maîtrise reconnue mondialement de la production nucléaire d’électricité. C’est encore le cas des recherches fondamentales sur la fusion nucléaire où la difficulté de la tâche et l’ampleur des investissements demandent la coopération d’une dizaine de pays. 

On doit noter que l’interventionnisme utile de l’État se fait dans le domaine de la recherche et dans celle qui demande des investissements hors de portée de l’industrie, pour des objectifs aboutissant à des avancées technologiques majeures et avec un risque important de non-aboutissement. C’est ainsi que plus de 75% de notre production d’électricité a pu être d’origine nucléaire et nous a donné un avantage considérable sur le prix de l’électricité, une industrie nucléaire qui est une des premières du monde et lucrative pour notre balance commerciale dans un monde de 450 réacteurs en fonctionnement.

C’est pourquoi on peut s’alarmer que, sous la pression écologique, on impose des normes de sécurité (dites de sûreté) toujours plus contraignantes dans un pays le plus nucléarisé du monde qui, depuis plus d’un demi-siècle n’a pas eu d’accidents ayant entraîné des conséquences importantes ni sur l’homme ni sur son environnement au contraire de l’industrie chimique par exemple. La conséquence c‘est le renchérissement du coût de l’électricité sans que l’on sache de combien on a diminué le risque déjà très faible en France. 

Le fait que le risque n’est jamais nul, ce qui est valable pour toutes les entreprises humaines, nécessite que toutes les mesures préventives et de contrôle par une autorité indépendante soient pris dans un domaine où ont eu lieu trois accidents majeurs dans le monde. Toutefois l’indépendance de notre Autorité de Sûreté Nucléaire, garantie par l’État lui-même, ne peut être remise en cause par le même Etat lorsqu’il décide la fermeture d’un site de réacteurs, décision qui ne peut s’appuyer sur un risque que ne valide pas l’ASN. 

Ceci étant la pression écologique veut l’arrêt du nucléaire, pression que ne modèrent que la difficulté et le coût de ce changement d’orientation. Ce nouveau cap de réduction à 50% de la part du nucléaire fait la part belle aux énergies renouvelables que l’on ne peut rejeter à priori car la perspective en est assez alléchante. Si l’on peut avoir une énergie sans risque, sans déchets, inépuisable, garantissant l’indépendance énergétique et de coût compétitif, on peut comprendre que cette perspective ne peut pas être laissée de côté. C’est donc ce que je vais examiner dans le prochain article. 

La production d’énergie est vitale pour le développement d’un pays.

Elle ne peut être un enjeu ni idéologique, ni électoraliste, 

C’est un enjeu économique et géopolitique. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon