lundi 18 novembre 2013

Il ne faut pas changer de cap(e) !

C’est la dernière décision courageuse de Moscovici, il ne faut pas changer de cap(e). C’est en effet avec un « e » que le cap doit être écrit, car c’est bien sous elle que le gouvernement se cache et nous cache la réalité dans un autisme et un aveuglement que seules des intentions non avouées peuvent expliquer. En effet si ce n’était pas le cas, il faudrait que notre gouvernement soit doté de capacités intellectuelles encore au stade infantile, ce qui mettrait en cause tout notre système d’éducation et entraînerait la fermeture de l’ENA. Le cap, est-ce la croissance ? La diminution du chômage ? L’amélioration de la compétitivité ? Tour à tour le cap change et on confond allègrement les causes et les buts dans une France malade qui prend le tournis.

Nous allons de déception en déception, la France s’enfonce depuis 1975, date à laquelle on a commencé à creuser la dette. En fait on peut remonter à la décision de Pompidou, issu du milieu bancaire, d’interdire au Trésor Public d’emprunter directement à la Banque de France à taux nul et de s’adresser au marché bancaire en vendant des obligations souveraines. La porte aux déficits était ouverte parce qu’aucun changement n’est intervenu dans les dépenses publiques alors que nous devions cette fois payer des intérêts d’emprunt. Les banques se sont enrichies et l’État a creusé la dette. La dette française va exploser en 2014, avec un taux d'endettement qui passera à 95,1% du PIB fin 2014, soit 1950 milliards d'euros, donc une hausse de plus de 120 milliards en 2 ans. Ce sera pire si la croissance de 0,9% n’est pas atteinte, ce qui se profile de plus en plus à l’horizon, vues les perspectives européennes annoncées par Bruxelles.  

Le Ministre du Budget vient d’avouer une baisse probable des rentrées fiscales de 5,5 milliards en 2013 et c’est 11 milliards qu’estime le président UMP de la Commission des Finances du Sénat. A moins qu’il s’agisse de nouvelles estimations de Bercy depuis le rectificatif au budget, c’est bien 10,9 milliards qui manquent dans les recettes. Que nous apprend donc ce rectificatif ?

Bercy a finalement prévu que le déficit public reculera de 4,1% en 2013 à 3,6% fin 2014, soit plus que ce qui était initialement prévu. En septembre 2012, le nouveau gouvernement prévoyait d'économiser 36,9 milliards d'euros pour ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013, dont plus de 24 milliards de hausses d'impôts, mais renonçait à la prévision de revenir au strict équilibre budgétaire en 2017, selon le projet de loi de finance (PLF). La France a donc entre-temps demandé un report de deux ans de ses engagements, report accordé mais avec un objectif de déficit à 2,8% en 2015. 

On note le grand décalage entre les prévisions initiales et le budget rectificatif 2013 publié au milieu du quatrième trimestre (!) et qui n’est qu’un constat de l’échec des prévisions initiales. Nul n’est prophète en son pays mais tout-de-même nos élites se délitent ! Les recettes fiscales nettes sont amputées de 10,9 milliards (5,6 milliards sur la TVA) soit plus de 3,6% ce qui confirme que l’impôt tue l’impôt. Ce manque de recettes se reporte presque intégralement sur le déficit public pour 9,6 milliards puisque la quasi-totalité des dépenses sont engagées. Le gain vient essentiellement de la baisse des taux d’emprunt qui passent de 2,9% à 2,3% pour les taux longs à 10 ans et de 0,25% à 0,05% pour les taux courts à 3 mois. Ceci fait gagner 1,9 milliards sur la charge de la dette qui revient à 45 milliards soit 15% des 301 milliards de recettes de l’État. Les dépenses ont donc progressé de (1,9-10,9+9,6) soit de 0,6 milliard par rapport au budget initial. Ceci correspond en gros aux dépenses de la guerre au Mali. 

Les réductions budgétaires 2013 ont porté essentiellement sur la défense, les investissements sur les infrastructures et la recherche. Ces choix ne vont ni dans le sens du potentiel de défense indépendante de notre pays ni dans celui de mieux préparer celui-ci à une amélioration de sa capacité d’innovation, ni même dans celui du rôle essentiel de l’État dans l’investissement sur les infrastructures nécessaires à son développement économique. Les bouleversements dans les activités scolaires et périscolaires, l’augmentation du nombre de salariés de l’Éducation Nationale sont les principales sources de l’augmentation privilégiée du budget de ce ministère. Il est permis de douter de leur efficacité sur l’apprentissage à un métier quand la gabegie des dépenses de formation pour adultes ne subit aucune réforme en profondeur. 

Avec 1905,6 milliards de dettes dont 71,8 milliards de déficit ajouté en 2013, la France est loin du compte malgré une baisse des taux d’emprunt. Avec ce poids de dettes qui nous fait passer de 90,2% en 2012 à 95,1% en 2014, la France ne se relève pas, elle s’enfonce. Le changement de cap n’utilise aucun vent favorable car il donne toujours dans un manque de vision autre que celui de donner toujours plus à un communautarisme quêteur de subventions. Une France sans chef pleure sur la pression fiscale et demande toujours plus d’aides de l’État dans un cercle mortifère. 

Faute de volonté de définir un cap qui donne véritablement un grand coup de pouce à notre économie avec le levier monétaire, la France rentre dans une politique de satisfaction des égoïsmes, de stagnation de sa croissance et de ses investissements, d’autisme, de baumes basés sur des promesses irréalistes, de soumission à une Europe des marchands et à une vassalisation de sa politique étrangère. Le changement de cap est en effet de ne rien changer.

Ceux qui organisent le déclin de la France, 

Ceux qui retirent le meilleur profit 

De notre « changement de cap » 

Rient sous cape ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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