vendredi 1 juin 2012

Le nouveau traité européen devient difficilement renégociable

L’Irlande vient de voter et de dire oui au nouveau traité européen. Ceci veut dire que les irlandais acceptent l’austérité qui leur est demandée mais aussi, et c’est la raison de leur acquiescement, elle "permet à l'Irlande d'être éligible aux fonds du nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES)" si nécessaire, a ajouté M. Kenny, premier ministre centriste irlandais qui avait appelé à voter "oui".

Bruxelles est ravi car l’Irlande s’était montrée rebelle sur les traités, dont Lisbonne avant d’être appelée à revoter. Ceci veut dire qu’un pays qui a déjà reçu une aide de 85 MdS depuis fin 2010 de la part du FMI et de l’UE prend une garantie pour bénéficier d’une nouvelle aide car le pays est loin d’être sorti d’une mauvaise passe.

Dans le même temps il va être de plus en plus difficile de renégocier le traité, ce dont se fait fort le président français. Il suffit de l’accord de douze pays pour le mettre en œuvre et une attitude de la France intransigeante sur le volet croissance a désormais encore moins de chances d’arracher un accord clair et précis sur ce point. La croissance n’est pas au rendez-vous européen et les pays émergents connaissent eux aussi des baisses de croissance. C’est le cas de la Chine et du Brésil.

L’Europe est globalement plus importatrice qu’exportatrice, une stagnation ou une récession de l’Europe a immédiatement des répercussions sur les pays émergents et la Chine, laquelle n’a pas fini son retour vers une augmentation de la consommation intérieure. Les Etats-Unis montrent de nouveau des signes de faiblesse avec un chômage qui remonte en mai. Les 3000 Milliards de dollars des plans de relance « Quantitative easing » n’ont donné que de faibles résultats et sont donc, pour l’essentiel, partis en fumée.

Il y a de quoi faire réfléchir notre gouvernement qui a l’air de penser que les « eurobunds » et (ou) le prêt directement aux états par la BCE est une bonne solution. Ils sont d’une part la porte ouverte à une propension à ne pas faire des efforts suffisants de réduction des dépenses de l’Etat et d’autre part une apport d’argent factice qui n’a apporté qu’une relance éphémère aux Etats-Unis.

Il faut se résoudre à un rééquilibrage mondial des exportations et des importations, si l’on ne veut pas tuer certains pays, et admettre que la croissance moyenne mondiale ne peut par ailleurs que suivre les progrès de la technologie, de l’innovation, de la recherche permettant de satisfaire les besoins à poindre coût. Son rythme n’a rien à voir avec la croissance telle que nous voulons qu’elle soit pour éponger nos dettes.

Les dettes peuvent exister en fonction de l’importance de la croissance et celle-ci ne se décrète pas, elle marche à son rythme, liée qu’elle est au progrès. Le gouvernement actuel veut forcer la croissance pour dépenser plus, cela ne peut pas marcher. Le volet croissance du traité n’est pas encore écrit et son utilité n’est que l’espoir de faire payer aux autres les dépenses de croissance qu’on ne peut payer.

Nous nageons dans l’obscurantisme économique

Et dans la clarté nébuleuse de la communication politique.

Claude Trouvé