jeudi 14 juin 2012

Le 18 juin l’Europe sera au pied du mur et devant ses contradictions

Dimanche soir, après le vote grec, l'Europe sera en ébullition et en téléconférence. Selon un quotidien grec la Grèce serait à court d'argent fin juillet pour payer les fonctionnaires et les retraites. La Grèce ne disposerait plus que de deux milliards d'euros dans ses coffres pour assurer le paiement des salaires de la fonction publique et des retraites jusqu'au 20 juillet.

Selon l'hebdomadaire allemand Die Zeit à paraître aujourd’hui, la Grèce "aura besoin cet été d'argent frais" et un "troisième plan d'aide pourrait être débattu dans quelques semaines" par les députés allemands. L'hebdomadaire chiffrait ce nouveau prêt "en dizaines de milliards d'euros". Cependant plusieurs dirigeants des pays membres de la zone euro menacent la Grèce d'une sortie de l'euro si le pays n'applique pas le plan de rigueur imposé depuis deux ans en échange des prêts internationaux.

Après sa consœur Fitch, l'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé mercredi soir la note, d'endettement à long terme de l'Espagne, de trois crans à "Baa3", juste au dessus de la catégorie spéculative. Le taux à 10 ans de l'Espagne a atteint un nouveau maximum depuis la création de la zone euro jeudi matin, à près de 6,9%, dans la foulée de la dégradation, malgré le plan européen d'aide à ses banques. Ce taux est jugé insoutenable.

Signe des tensions à l'œuvre en zone euro, le taux d'emprunt de l'Italie s’est envolé à plus de 6% ces derniers jours, sur le marché obligataire, où s'échange la dette déjà émise. L'Italie est à nouveau dans la ligne de mire des marchés, alors même que la zone euro n'aura pas les capacités financières de sauver le pays en cas d'aggravation de la situation.

Le cas des banques chypriotes est également en train de prendre de l'importance après que Moody's eut abaissé les notes de deux banques de ce pays, invoquant "le risque accru de sortie de la Grèce de la zone euro".

Dans la zone euro, la production industrielle a diminué de 0,8% en avril, après avoir reculé de 0,1% en mars. La Banque de France, qui s'attendait jusque-là à une croissance nulle au deuxième trimestre, table désormais sur un recul du produit intérieur brut de 0,1%. Aux Etats-Unis, on craint désormais un coup de froid sur la consommation au deuxième trimestre après la baisse de 0,2% des ventes de détail en mai pour le deuxième mois consécutif.

Le précipice, dans lequel la zone euro va tomber, se rapproche donc de plus en plus vite. Politiques, banquiers, financiers appellent l’Europe fédérale de leurs vœux, mais visiblement les peuples ne veulent pas abandonner leur souveraineté. On ne pourra jamais faire une Europe fiable et durable sans la volonté des peuples. C'est la contradiction majeure qui attend la France et l'Europe.

Néanmoins l’Europe et la France sont confrontées à un triple problème : dette, déficit, croissance que visiblement elles ne savent pas résoudre avec la zone euro. La composante majeure aujourd'hui de la problématique européenne, c'est la croissance. La croissance ne se décrète pas. On a aussi enfin compris qu'elle ne se créé pas durablement avec des packages « ringards » de relance de la consommation. A force d'accumuler les primes à la casse, on casse tout espoir de reprise pérenne de la croissance.

Il faut libérer la croissance dans un pays où on stigmatise les entrepreneurs, en les assimilant à des « patrons », dans un pays où à 30 ans on pense déjà à sa retraite, dans un pays où les TPE et les PME, seuls vecteurs de croissance pour l'avenir, sont abandonnées par les banques et harcelées par l'administration, dans un pays où on culpabilise les jeunes qui rêvent de gagner un jour plus de 4000 euros par mois, seuil de la richesse pour certains politiques, dans un pays où les intérêts particuliers et les querelles de pouvoirs sont au dessus de l'intérêt général.

Cette dynamique, qui suppose une volonté politique, ne peut s’exprimer si celle-ci n’existe pas et si on ne consent pas à sortir de la zone euro pour libérer les énergies du pays et donner un grand coup de pouce à sa compétitivité. Ce n’est pas d’austérité dont le pays a besoin mais de rigueur de gestion des dépenses et des recettes qui demande des réformes structurelles du pays le plus fonctionnarisé de l’Europe. Ce n’est pas d’aides ponctuelles, de sauvetages précaires et à court terme dont ont besoin les forces vives de notre pays mais d’une véritable politique industrielle et monétaire sur le moyen et le long terme.

La zone euro se meurt,
Libérons les énergies,
La croissance reviendra
Sinon seule la rue imposera la solution.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon