mardi 26 juin 2012

De l’état de grâce à l’Etat de Grèce

Le prochain sommet  de l’UE sera, comme d’habitude, celui de la « dernière chance ». Il est vrai qu’à chaque réunion nous nous en rapprochons. Ce ne sera pourtant pas encore pour cette fois, l’Allemagne est encore décidée à faire quelques concessions mineures pour imposer sa rigueur à l’allemande, rigueur qu’elle veut imposer aux pays et en particulier aux plus grands d’entre eux Espagne, Italie et France.

Mario Monti, qui passe pour un technocrate économiste avisé, va brandir la menace de l’Italie sans gouvernement et cela va suffire sans doute à permettre à la chancelière de céder un peu sur les mécanismes de relance de la croissance. Cela sera néanmoins assorti d’un « ni revenez plus ! ». Cette fois la chancelière ne peut plus aller plus loin et le cas de la Grèce en est la démonstration. L’Allemagne ne veut plus aider encore la Grèce au-delà de reports sur le plan d’austérité grec, reports qui devraient néanmoins alourdir la note de 20 milliards.
 
La chancelière sait que cela ne suffira pas et est prête à faire sortir la Grèce de l’euro. Elle est excédée par le leitmotiv keynésien de la France sur la croissance obtenue par des fonds mis à disposition par l’UE pour des investissements stratégiques et structurels. Les 120 milliards qui sont en cours de discussion ne représentent d’ailleurs pas de l’argent supplémentaire en totalité mais aussi la somme d’engagements antérieurs. Elle sait que ces sommes risquent fort d’être détournées par les États qui ne voient l’austérité que dans les hausses d’impôts.

Elle se méfie de la banque européenne d’investissement qui n’est pas sous le contrôle de la BCE ou de l’Allemagne. Ce pourrait être une bonne solution, car il s’agit d’un organisme financièrement plus puissant que toutes les banques centrales du monde et dont la rigueur de gestion est exemplaire. Malheureusement le climat de confiance entre la France et l’Allemagne s’est fortement détérioré depuis l’arrivée de François Hollande.

La chancelière a été heurtée par la préférence donnée à une rencontre avec le SPD, parti d’opposition, avant celui entre chefs des deux états les plus puissants de l’UE. La retraite à 60 ans partiellement accordée et l’augmentation du SMIC même faible l’a convaincue que la France n’était pas prête à faire les efforts nécessaires sur les dépenses.

Le gouvernement français vient d’annoncer un gel des dépenses pour 2012 et 2013. Il n’est déjà pas sûr que cela puisse être tenu mais il faut trouver des recettes supplémentaires sur l’hypothèse de 0,5% de croissance. Elles sont chiffrées à 7 milliards pour l’instant. En gros, dans cette hypothèse de croissance, l’objectif de 4,5% de déficit par rapport au PIB signifie 91 milliards à ajouter à la dette publique.

Si cette croissance est nulle, ce qui est une hypothèse très probable, vu la croissance dans l’UE à mi-année, non seulement les recettes fiscales seront impactées mais le ratio déficit/PIB sera doublement affecté car le dénominateur sera plus faible. Nous ne tiendrons pas l’objectif fixé sans recettes supplémentaires ou diminutions des dépenses.

Malheureusement aucune des dispositions prises ou envisagées par le gouvernement ne sont en adéquation avec l’affirmation de retour de la croissance. Que ce soit du côté dépenses ou du côté recettes on ne voit rien qui puisse relancer la croissance et diminuer les dépenses publiques qui ne seront d’ailleurs que gelées. La croissance vertueuse demande de : 

- privilégier les bonnes dépenses publiques – à savoir celles qui sont rentables et favorisent la croissance ;
- favoriser les bons impôts (d'un point de vue macroéconomique s'entend) – à savoir ceux qui favorisent l'investissement en capital-risque et ceux qui n'alourdissent pas le coût du travail en détaxant par exemple les facteurs de production susceptibles d'être délocalisés.

La politique qui privilégie la hausse des impôts et taxes, la réduction des niches fiscales sans discernement, la taxation des riches au-delà de ce qui est pratiqué dans les autres pays européens, le frein à l’actionnariat, à l’investissement à risque ne peuvent mener notre pays que vers l’Italie, puis l’Espagne, puis vers la Grèce.

Pour accompagner la délocalisation de nos usines

Ne devrions-nous pas délocaliser le gouvernement ?

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon