mardi 12 juin 2012

Halte aux « jeux du cirque » !

La zone euro se meurt, la France entre en récession, son chômage atteint 10% et nous assistons à un deuxième tour des législatives où les jeux politiques des alliances et des sauvetages  font la une des journaux avec un opium du peuple, en l’occurrence la coupe d’Europe de football. Les réunions à venir au G20 et en Europe vont être de la plus grande importance mais rien ne filtre, de la part du gouvernement d’abord ni des grands partis sur les positions politiques que la France entend prendre. Angela Merkel a adressé un plan à la France qui ne suscite aucun commentaire de la part de celle-ci !

Le peuple est tenu à l’écart de plus en plus mais des décisions au coup par coup vont changer totalement la géopolitique de l’Europe. D’ailleurs les français ignorent que les gouvernants au sein du Conseil de l’Europe, réunis quatre fois par an, prennent d’infinies précautions pour ne pas se trouver dans l’obligation dans appeler à leur Parlement ou au référendum. Rien ne filtre ou presque de ces discussions souvent houleuses dont chaque gouvernant affirme à la presse qu’un grand pas a été effectué et que son point de vue a été largement pris en compte.

Pourtant la survie de la zone euro est l’objet de toutes leurs préoccupations pendant qu’en sous-main l’Allemagne, qui a fait ses comptes, se prépare à l’éventualité du retour au mark ou à une Europe fédérale à sa main. Personne ne croit raisonnablement à cette deuxième option mais les banquiers pourraient accepter une union bancaire sous la houlette de la Banque Centrale Européenne. Les banques grecques, espagnoles et italiennes sont dans le rouge et tout est interconnecté. On peut pressentir qu’il va falloir remettre de l’argent dans le circuit, d’où l’intérêt de la BCE qui détient la planche à billet qu’en principe les traités lui interdisent d’utiliser… mais les principes dans l’urgence ont déjà été largement bafoués.

Il n’empêche que la grande finance mondiale va peser de tout son poids pour délester les pays européens de ce qui constitue l’essentiel du pouvoir, la gestion de l’argent de l’Etat. L’Europe fédérale reste le passage obligé vers la gouvernance mondiale dont certains, comme Jacques Attali, nous vante les mérites. On en a eu le premier avertissement dans les propos de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI.

« La solution la plus ambitieuse, largement discutée dans la littérature académique, serait de créer une autorité budgétaire, aussi indépendante politiquement que la Banque centrale européenne ». Il poursuit : « L’autorité fixerait les orientations budgétaires de chaque pays membre et allouerait les ressources provenant du budget central pour mieux atteindre le double objectif de stabilité et de croissance ».

En dehors du fait que la Commission européenne deviendrait le bras armé de l’Europe, on voit mal ce qui resterait comme pouvoir réel aux nations et comme possibilité de s’exprimer sur leurs choix aux peuples qui la composent. Il n’existerait donc plus de choix démocratique en matière de politique publique et nous glisserions vers un « despotisme éclairé ». On se dirigerait vers ce que pensait James Madison, quatrième président des Etats-Unis, à savoir que la démocratie et l’économie de marché n’allaient pas de pair.

On observe de plus en plus un déficit démocratique et une distance de plus en plus grande entre le citoyen d’un pays et les instances européennes. On se garde bien de l’informer et les médias sont très peu preneurs d’informations sur le fonctionnement européen. Qui sait ce que fait Van Rompuy et qui il est ? C’est pourtant lui qui dresse l’ordre du jour des réunions du Conseil Européen, qui dirige les débats et en tire les conclusions. C’est là que de plus en plus se décide la politique des nations européennes.

Une Europe solide et viable

Ne peut se pérenniser qu’avec l’assentiment des peuples

A moins qu’un despotisme éclairé

Ne leur donne le rang d’esclaves.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon