dimanche 10 juin 2012

Le déni de la profondeur de la crise et le déni de démocratie ont gagné ce soir

Désinformés par la sortie prochaine de la crise affirmée par Christine Lagarde puis François Baroin, et enfin par le président Hollande et son ministre des finances, les français croient que tout peut encore « s’arranger » sans trop de douleurs. Une vingtaine de pour cent seulement d’entre eux viennent ce soir de faire part de leur inquiétude et de leur désarroi. Le résultat qu’ils obtiennent c’est quelques députés épars dans la prochaine assemblée. C’est aussi pourquoi le classement mondial des « Reporters sans frontières » nous octroie le niveau de « démocratie imparfaite » derrière l’ensemble des pays d’Europe.

Pour 85% des électeurs la trajectoire économique de la France reste globalement bonne avec l’euro et la politique multiculturelle et d’immigration. Le débat gauche-droite se résume pour eux à la défense de leur patrimoine, de leur retraite, de leur entreprise, de leurs avantages sociaux, de leur emploi. Toutes choses que les uns et les autres, de gauche et de droite, ont garanti ou garantissent sans sourciller.

« Les promesses seront tenues » disent les uns, avant d’avoir même eu le temps de prendre la mesure de la santé et des perspectives économiques. « En dehors de l’austérité et de la règle d’or, point de salut » ont dit et redisent les autres. Les uns et les autres s’accrochent à la monnaie unique comme le remède à tous nos maux, comme si on pouvait encore croire à « l’euro protecteur » qui nous a été vendu comme tel.

Ce n’est pas l’appel du 18 juin que nous allons bientôt entendre mais le coup de massue de la réalité. C’est celui de la dette qui va augmenter de 100 milliards cette année, soit un tiers des recettes de l’Etat. C’est l’arrivée de la récession en France, en Espagne, au Portugal et dans toute l’Europe du sud en général. C’est  le deuxième plan de sauvetage réclamé par l’Espagne pour ses banques. C’est l’aide à la Grèce pour une dizaine d’années ou sa sortie de l’euro. C’est l’injonction de Bruxelles de revoir notre budget avec moins de dépenses. C’est l’injonction de l’Allemagne de respecter les règles d’austérité ou d’avoir à choisir entre l’Europe fédérale et la mise en sous-zone euro.

Plus les cadeaux électoraux sont importants, plus grande est la menace de plans d’austérité de plus en plus sévères. Près de la moitié des recettes de l’Etat proviennent de la TVA. Si l’on exclue l’augmentation de celle-ci, il reste la taxation des riches qui ne représentent au mieux qu’un milliard et demi de recettes supplémentaires, la suppression des niches fiscales dont les plus intéressantes sont les plus difficiles à faire accepter, et l’augmentation des impôts et autres taxes qui vont peser surtout sur les classes moyennes.

L’Etat français s’appauvrit, chaque jour il dépense 280 millions d’euros qu’il n’a pas. La seule richesse est l’épargne des français à hauteur de 11.000 milliards d’euros entre les livrets et les assurances-vie. Devant l’ampleur des dettes de plusieurs pays d’Europe et de leurs banques, ce bas de laine va susciter des envies de possession bloquée temporaire par l’état ou de détention imposée d’obligations d’Etat. 

La dégradation de la note de nombreux états européens apparaît de plus en plus probable. Si l’Allemagne réagit si fortement et dans une urgence inhabituelle c’est qu’elle se sent menacée. La stagnation et la récession des pays européens menace directement son économie, tributaire en grande partie des pays européens pour ses exportations.

Le dogme de l’euro va continuer à nous paralyser et ce nouveau gouvernement ne peut faire mieux que le précédent dans ce carcan. Il lui reste à se soumettre, bon gré mal gré, au plan allemand d’une Europe fédérale au centre de laquelle l’Allemagne et ses satellites commerciaux imposeront leurs vues. La France est aveuglée et se complait dans ce débat stérile gauche-droite qui montre depuis trente ans que la route suivie se dirige plus vers la Grèce que vers l’Allemagne ou la Finlande.

Il s’agit d’une dramatique erreur stratégique

Car contrairement  à ce que l’on croit,

Le peuple n’a pas toujours raison

Quand on lui cache la vérité.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon