samedi 9 juin 2012

La seule et vraie question omise lors des présidentielles…

Quelle Europe veut-on ? Comment ? Et pour quoi faire ? C’est pourtant un préalable à la survie de l'euro !

Pour ne pas vouloir présenter au peuple le choix qui doit être fait entre le fédéralisme et l’Europe des peuples, les évènements vont pousser encore une fois les élites à prendre petit à petit des décisions qui engagent les peuples sans avoir demandé leur avis. Nous sommes non seulement dans une crise boursière et de liquidité, de dettes souveraines et bancaires, donc plus largement dans une crise économique mais aussi dans une crise politique. On est frappé par le manque de vision à moyen et long terme des dirigeants européens. En France il est de plus en plus évident que nos dirigeants de gauche et de droite n’ont pas pris la mesure de la crise.

On tergiverse de réunions au sommet en téléconférences et aujourd’hui en concertation téléphonique. Pendant ce temps la Grèce va poser un grave problème à l’Europe au soir des élections du 17 juin. L’Espagne n’ose pas encore avouer qu’elle ne pourra pas renflouer ses banques sans l’aide européenne par peur de se voir imposer de nouvelles mesures d’austérité. Sa note vient pourtant d’être dégradée ce qui va se traduire par une augmentation du taux de ses emprunts.

Pendant ce temps, par des montages d’évènements porteurs d’espoir, nos dirigeants avec l’aide des médias soutiennent une survie de la Bourse à son niveau des 3000 points du CAC40. C’est une opération réussie de manipulation des marchés, malheureusement c’est reculer pour mieux sauter car les faits vont rapidement avoir raison de cet écran de fumée.

Angela Merkel vient de mettre les pieds dans le plat. L’Europe s’apprête à injecter de l’ordre de 100 milliards, par le biais du FESF ou du MES qui sera mis en place en juillet, dans le Frob, le Fond Public espagnol. Angela Merkel a donc lancé un ultimatum. Plus question de donner de l’argent sans fin à des pays qui ne respectent pas ou partiellement les conditions posées par Bruxelles, c’est le message qui se cache derrière la menace d’une Europe à deux vitesses.

C’est un aveu de puissance pour une Allemagne qui ne veut céder en rien sur sa ligne directrice d’équilibre budgétaire. Les assouplissements concédés sur le renforcement de l'action de la Banque européenne d'investissement, les fonds structurels et les projects bonds sont des concessions qui masquent la volonté de l’Allemagne d’accélérer la mise en œuvre d’une Europe fédérale. Le choix est clair, soit vous respectez les règles et lâchez du lest sur la souveraineté nationale, soit vous serez relégués dans une sous-zone européenne.

Elle demande le renforcement de la compétitivité des pays par des réformes structurelles profondes du marché du travail, ce qui est bien loin des vues de notre gouvernement. Mais elle prône également l’union budgétaire, bancaire et politique. C’est les fondements de l’Europe Fédérale où l’Allemagne se fait fort d’imposer ses vues et ses conditions sur les transferts de souveraineté et la « règle d’or ».

Tout s’accélère donc et l’Europe à 27 est déjà morte. Sous la pression des dettes des PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne), l’Allemagne veut aller vite avant que les agences de notation ne la dégrade et dégrade en même temps la France et l’UE.

Elle a tenu des propos clairs à la télévision allemande : "Nous avons besoin de plus d'Europe, d'une union budgétaire et nous avons besoin avant tout d'une union politique. Nous devons, pas à pas, abandonner des compétences à l'Europe". Elle a aussi ajouté : "Nous ne devons pas rester immobiles parce que l'un ou l'autre (pays) ne veut pas encore suivre".

Peut-on sous la pression des évènements entraîner des peuples qui ne sont pas prêts dans l’ensemble à abandonner leur souveraineté sans une évolution des mentalités qui se fait à l’échelle du temps humain ? La menace de l’Europe à deux vitesses est une façon d’augmenter la pression vers le fédéralisme. Ce plan se heurte d’emblée à un probable refus des allemands et des français qui seront les principaux pourvoyeurs de la mutualisation de la dette même si leurs élites essaient de les persuader du bien-fondé de ce plan comme ils l’ont fait pour l’euro protecteur.

Posera-t-on enfin les vraies questions

Ou la démocratie n’est-elle plus qu’une illusion

Enfumée dans les discours d’une élite politicienne et financière ?

Claude Trouvé