samedi 20 janvier 2018

Économie : Au lieu des discours regardons les chiffres (2ème partie)



Nous sommes nourris en permanence de discours de Macron, discours dont les variantes du ton et les longueurs ressemblent plus à un jeu d’acteur qu’à un responsable, à l’écoute de son peuple et porteur de ses aspirations, rendant compte de son action et donnant les buts poursuivis dans un langage précis, court et déterminé. Ses volte-face sur des promesses mal assurées, mais n’engageant surtout pas les directives européennes, sont nombreuses et ses discours en font le roi des fake news, mais il faudra attendre au moins quatre ans pour que beaucoup de nos concitoyens le découvre
Je me propose d’éclairer les personnes qui me font l’honneur de me lire par des chiffres officiels, tirés des bases de données de l’UE et de l’OCDE, et une analyse de ce qu’ils veulent dire pour leur donner une vue plus juste et plus documentée. Dans le premier article j’ai montré que la dynamique de croissance la plus forte à l’intérieur de l’UE ne concernait essentiellement que les petits pays dont certains nouvellement entrés dans l’UE. Le graphique présente les variations cumulées de croissance, y compris cette fois celles de l’UE et de la zone euro. Il donne donc une autre vision plus réaliste que celle donnée dans le premier article. Sur la période 2012-2016 on note des augmentations spectaculaires de croissance avec l’Islande, la Turquie, Malte et surtout l’Irlande. On notera que la Turquie n’est pas dans l’UE, comme l’Islande, et que la Suisse, qui n’est pas non plus dans l’UE, fait mieux que la moyenne de l’UE. 

L’Irlande, qui est dans l’UE a bénéficié de la baisse de l’impôt sur les sociétés, qui revient à une dévaluation interne et a boosté son attractivité et sa compétitivité. Parmi les grands pays on constate le bond de la croissance anglaise par rapport à la période précédente et derrière elle le maintien de la croissance allemande. La France a une croissance stagnante et se fait rattraper par l’Espagne. Elle finit dans la moyenne de la zone euro avec 4,1% et sensiblement derrière celle de l’UE à 6,7% sur la période 2012-2016, ce qui n’est pas un excellent résultat. L’Italie continue sa décroissance et la Grèce reste le pays ayant la plus grande décroissance même si celle-ci s’améliore. Elle est suivie par Chypre. On notera que Malte et le Luxembourg qui ont une forte croissance font partie de la liste non officialisée des paradis fiscaux ! On voit que durant la période après la crise, les petits pays du Nord et de l’Est se taillent la part du lion au détriment des pays du Sud : France, Espagne, Portugal, Italie, Chypre et Grèce.

Les réactions, très différentes d’un pays à l’autre sur ces deux périodes de crise et d’après-crise, sont mieux visibles sur le graphique ci-contre. On note de suite que l’appartenance à l’UE n’est pas un élément de dynamisme de l’économie puisque la Turquie fait mieux que tous les autres pays et que la Roumanie a eu une croissance spectaculaire sur la période  2012-2016. L’Islande a aussi une excellente croissance sur la deuxième période. On confirme que le cas de Malte est lié à son appartenance aux paradis fiscaux.  La zone euro n’a pas été favorable aux pays du Sud dont l’Italie, le Portugal, Chypre et la Grèce. L’Espagne s’est rapprochée de la France qui rejoint la croissance moyenne de la zone euro, laquelle est elle-même devenue inférieure à la moyenne de l’UE dans la période 2012-2016. La Belgique et l’Allemagne nous devancent dans les deux périodes et le Royaume-Uni fait un grand bond de croissance dans la période 2012-2016 avec les trois pays Baltes. Les deux grands gagnants de la zone euro sont, comme par hasard, Malte et le Luxembourg… cherchez l’erreur !
 
Regardons maintenant le PIB/habitant qui est un indicateur beaucoup plus significatif de la richesse d’un pays. Les résultats sont fournis par différence par rapport à l’UE. Les variations du Japon et des États-Unis permettent de mieux situer les performances peu brillantes de l’Europe. On voit que les résultats sont sensiblement différents. Prenons le cas de l’Irlande. Son augmentation de 45% de la croissance sur la période 2012-2016, traduit par une augmentation un peu inférieure de 41% du PIB/habitant. Toutefois l’arrivée importante de sociétés augmente plus sa croissance que la richesse disponible par habitant.  Par contre la France qui avait fait une progression de croissance de 4,1% sur la même période 2012-2016 a diminué son PIB/habitant de 3,7% ! La démographie et l’immigration ont joué un rôle et la France ne l’assume pas. C’est aussi le cas de l’Allemagne qui, pour une croissance de 6,7% sur la même période, a une augmentation de 0% de son PIB/habitant, alors que dans la période précédente pour une croissance de 6,4%, elle avait augmenté son PIB/habitant de 6,9% ! On voit là l’illustration des conséquences de l’immigration massive de migrants, alors que la période précédente la démographie allemande était en baisse. C’est la population d’accueil qui doit assumer, sur sa richesse nationale par habitant, l’arrivée massive des migrants. 

Les premières conclusions tirées de ces chiffres sont la confirmation que l’UE qui protège n’est pas confirmée par la réalité des chiffres. Le fait, par exemple, de se comporter comme un paradis fiscal comme le Luxembourg et Malte, ou le fait de bénéficier d’un allègement important, et autorisé par l’UE, des impôts sur les entreprises est plus important que beaucoup d’autres facteurs. On note de même que les pays de la zone euro réussissent plutôt moins bien en moyenne que les autres et qu’à l’intérieur de la zone euro s’exerce un transfert de richesse des pays du Sud vers les autres. Enfin on voit que les pays en dehors de l’UE, comme le Japon, les États-Unis, et la Turquie se comportent mieux que les pays de l’UE. Il en est de même pour l’Islande qui fait partie de l’Espace économique européen mais a refusé d’entrer dans l’UE. L’appartenance à l’UE ne donne pas un avantage économique par rapport aux autres pays du monde, et l’appartenance à la zone euro ne donne pas un plus mais entraîne un transfert de richesse du Sud vers le Nord et l’Est. Enfin la notion de PIB/habitant est beaucoup plus représentative car elle tient compte de l’évolution des populations. Elle devrait être le marqueur retenu et diffusé comme l’information significative de la richesse produite. Quant à la France si elle reste leader des pays du Sud de l’Europe, elle se classe tout juste dans la moyenne des pays de la zone euro et reste avec une augmentation de croissance de plus d’un tiers inférieur à celle de l’Allemagne. 

Après avoir largement comparé la croissance, et mieux la variation du PIB/habitant, il nous faut nous intéresser à un autre but affiché par le pouvoir, le chômage. Ce sera l’objet du prochain article avant de regarder les relations de cause à effet grâce à des facteurs potentiellement influents pour voir si les chiffres valident ou non la politique économique française amplifiée par Macron.
 
L’Union Européenne n’est pas la panacée économique 

Qui a été l’argument fondamental de sa naissance.

La zone euro est une zone allemande d’échanges 

Qui assure le transfert des richesses du Sud

Vers l’Allemagne et tous les autres pays. 

L’UE n’est qu’un leurre pour vassaux,

Simple carcan devenu appendice 

Pour l’hégémonie américaine.
 
Claude Trouvé 
20/01/18