mercredi 20 juillet 2011

Talibans, Salafistes et Frères musulmans à l’attaque des démocraties


Nombreux sont ceux qui se sont réjouis de voir tomber Ben Ali, puis Moubarak, qui ont approuvé notre engagement en Libye et qui attendent la destitution d’el-Assad en Syrie. La mort de Khadafi était programmée en mai 2013. Les états-majors s’interrogent sans complexe sur la façon de le liquider façon Ben Laden… et les arsenaux de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (entendez yankees) fournissent aux dissidents libyens des armes à gogo, sans plus de tergiversation ni de considération à l’égard de la Résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Il faut en finir, car le temps presse, même en négociant avec un Khadafi à portée de main.

« Les rebelles discrètement encadrés (hors du champ pudique des caméras) par les forces spéciales anglo-françaises avec l’appui de mercenaires soldés par l’Arabie saoudite, devraient bientôt conclure cette guerre fraîche et joyeuse par l’étripage en règle du despote jeté à terre. Tel est donc le programme en attendant que le rideau ne tombe sur la scène finale et sur le cadavre du vaincu. Vae victis. Ceci avec l’absoute totale des Nations Unies, des Médias et des Autorités morales qui comptent dans leurs rangs les plus acharnés bellicistes dont l’ami Lévy-BHL . » (Geopolintel)

Ben Laden est mort officiellement le 1er mai dans les faubourgs d’Islamabad, capitale du Pays des Purs, le Pakistan. Il est mort dans des conditions rocambolesques qui laissent planer plus qu’un doute si l’on en croit des informations tout aussi crédibles qui parlent de sa mort en décembre 2001. Des ténors de l’armée américaine, l’ex président pakistanais Mucharraf, les services de renseignements israéliens, tous en chœur, déclarèrent que Ben Laden, sous dialyse, avait été emporté par une affection rénale incurable. Ce qui serait somme toute logique pour un homme âprement traqué, épuisé, de surcroît hypertendu et diabétique.

Exit donc Ben Laden. Ce qui est sûr en revanche c’est que cette intervention américaine plonge ce pays de 175 millions d’habitants dans une crise politique majeure, le déstabilisant un peu plus, comme si les attentats quasi quotidiens ne suffisaient pas à son bonheur. Cela n’empêche pas de continuer la diffusion de nouvelles pour vanter l’efficacité des occidentaux dont la véracité n’est pas prouvée.

KABOUL (Reuters) - Deux porte-paroles des talibans ont affirmé que leurs téléphones portables, leurs adresses de courriel et un site internet avaient été piratés et que des messages écrits envoyés mercredi pour annoncer la mort du mollah Omar étaient des faux.

Plus proche de nous l’Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe. Son importance est stratégique, et pas seulement pour les Israéliens, à cause du canal de Suez et de l’influence de ce pays dans le monde arabe. Les partis politiques se préparent pour les élections législatives de septembre. La future Assemblée aura un rôle crucial à jouer dans la construction du nouveau régime politique. Elle devra en effet désigner un comité d’une centaine de membres chargés de rédiger la nouvelle Constitution. Si, comme beaucoup le prédisent, les Frères musulmans obtiennent un pourcentage important de sièges, ils réussiront à imprimer leur marque sur la nouvelle loi fondamentale.

Les laïques craignent l’adoption d’une Constitution qui réduirait les libertés individuelles et ne garantirait pas l’égalité entre tous les citoyens sans considération de sexe ni de religion. Les chrétiens constituent 10 % de la population, qui s’élève à 80 millions d’habitants. Depuis plusieurs années déjà, ils disent être victimes de discriminations.

« Dans l’Égypte nouvelle, le Parti de la Liberté et de la Justice, soutenu par les Frères, doit aussi compter avec l’émergence de nouvelles forces islamistes radicales, alors que s’accroissent les tensions interconfessionnelles. Le mouvement salafiste, qui prêche un islam plus rigoriste, est en train de sortir de la clandestinité pour se préparer à entrer en politique. La course aux voix islamistes qui se profile reflète, dans un pays économiquement paralysé par la révolution, la fracture entre les classes moyennes, soutiens traditionnels des Frères musulmans, et les couches défavorisées, davantage attirées par le courant salafiste. » (Jeune Afrique)

Souvenons-nous. Les Frères musulmans étaient les ennemis de Moubarak !

On croyait que la Tunisie allait vers une démocratie sans nuage. Depuis quelques jours, les manifestations violentes se multiplient dans plusieurs villes de Tunisie. Au cours du week-end, des postes de police ont été attaqués à Tunis, Menzel Bourguiba (nord), Sfax et Kairouan (centre), selon le ministère de l'Intérieur, qui a accusé "certaines forces extrémistes" de vouloir "déstabiliser" le pays.

Depuis la chute du régime Ben Ali, les grèves et manifestations se sont multipliées dans le pays et la colère monte face à la lenteur des changements. Un garçon de 14 ans a été tué par balle dans la nuit de dimanche à lundi à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie) lors de la dispersion d'une manifestation par la police, a rapporté lundi l'agence officielle TAP.

La Fédération internationale des droits de l’homme dénonce dans un rapport la répression brutale des manifestations en Tunisie alors que des émeutes secouent de nouveau plusieurs villes. Le Premier ministre accuse les islamistes et l’extrême gauche d’être derrière ces évènements pour mettre à mal le processus électoral. Mais ces derniers réaffirment leur attachement au calendrier tout en soutenant les manifestations si elles sont pacifiques.

Le Congrès pour la République (CPR), parti créé dans la clandestinité en 2001 et présidé par Monsef Marzouki, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique. Accusé d’être, avec le parti religieux Ennahdha, l’un des instigateurs de la manifestation El Kasbah 3 et par extension des troubles qu’on lui attribue.

On pourrait aussi parler de la Syrie et du Yemen pour constater que les partis religieux tentent de s’imposer dès que les têtes des gouvernements tombent… au nom de la liberté. Deux stratégies s’affrontent ou s’aident, celle des divers mouvements religieux musulmans et celle des Etats-Unis. Les américains ont soutenu les talibans contre les russes avant de les combattre. Ils s’appuient sur les Frères musulmans et les salafistes en Libye. La même collusion existe en Syrie pour faire destituer el-Assad.

Nous suivons et apprécions tout cela au nom de la liberté des peuples et de la démocratie…

Pourtant la guerre sainte se répand plus vite dans le monde arabe que la démocratie à l’occidentale. Le monde religieux musulman accentue son empreinte sur le Maghreb, le Moyen-Orient et même la Turquie. Cela ne peut que nous faire comprendre que l’Europe, où les musulmans sont les plus représentés, ne peut que craindre d’être une nouvelle Tunisie et de voir naître rapidement un Parti de la Liberté et de la Justice.

Claude Trouvé