samedi 9 juillet 2011

Philippe de Villiers : “L’Europe s’enfonce”

Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, a démissionné l’an dernier du conseil général de Vendée. Il n’exclut pas d’être candidat en 2012.


Philippe De Villiers tire un bilan pessimiste des résultats du sondage sur l'Europe SIPA

France-Soir. Avez-vous été surpris par les résultats du sondage Ifop ?

Philippe de Villiers. Non, bien au contraire. Cela me conforte dans les convictions que je porte depuis vingt ans. On assiste à l’effondrement des grands mythes : la monnaie heureuse, la mondialisation heureuse et, à Bruxelles, le gouvernement des « experts ». Regardez : 50 % des sondés veulent le rétablissement des contrôles aux frontières, alors qu’on nous a toujours dit que les frontières constituaient un obstacle à notre fraternité cosmique. Si on continue sans rien faire, on arrivera à 80 % de Français contre le traité de Schengen. En 2007, je disais : « Les usines se démontent, les mosquées s’installent et les porte-monnaie se vident. » C’est plus que jamais d’actualité. Evidemment, dans les beaux quartiers, on ne voit pas les problèmes migratoires !
F.-S. 71 % des Français disent tenir à l’euro !
Ph. V. Oui mais, il y a trois ans, vous auriez eu 90 % des Français favorables à la monnaie unique. On aurait pu poser une autre question : êtes-vous attaché à cette monnaie ? La réponse aurait été non. Car il est difficile de s’attacher à un gouverneur (de la Banque centrale européenne, NDLR) froid comme Jean-Claude Trichet !
F.-S. Il existe aussi une solidarité européenne : 59 % des Français sont d’accord pour aider la Grèce…
Ph. V. Oui, mais les Français verront que bientôt il faudra aider le Portugal et l’Espagne. Aujourd’hui, pour maintenir l’euro, il faut payer de plus en plus cher. Les payeurs sont les Grecs pauvres, les Portugais pauvres, les Espagnols pauvres et, chez nous, les chômeurs. L’Europe s’enfonce : elle est incapable de régler ses problèmes. Une monnaie unique, c’est courir l’énorme risque d’une thrombose collective. Il faut un nouveau traité, qui donne plus de souplesse au système européen et redonne plus de pouvoir au peuple. Je suis pour un système confédéral.
F.-S. Vous avez les mêmes mots que les « indignés » espagnols ou grecs…
Ph. V. Que les candidats à la présidentielle tiennent le même discours, voilà plutôt ce qui m’indigne ! Martine Aubry et Nicolas Sarkozy sont tous les deux des élèves obéissant à Bruxelles, à l’Organisation mondiale du commerce et à la Banque centrale européenne. Si cela ne change pas, on va élire en 2012 un René Coty. C’est-à-dire un président impuissant. Et le pouvoir sera concentré à 90 % à Bruxelles.
F.-S. Vous présenterez-vous à la présidentielle ?
Ph. V. On verra à l’automne. Je suis très malheureux de voir la classe politique refuser d’intégrer dans son schéma de pensée l’évolution des esprits. Si la campagne présidentielle se déroule à l’aune du discours : « Tout va bien se passer grâce à l’Europe », on va tromper les électeurs. Et les peuples vont finir par se révolter.
C'est sur France Soir ! 5 juillet 2011