mercredi 13 juillet 2011

La Grèce, berceau de l'Europe, sera-t-elle son tombeau ?

Vendredi 15 juillet 2011 les dirigeants des nations européennes vont devoir trouver une solution pour la Grèce et se préparer à soutenir l’Italie pour ne pas affoler les marchés. Les nouveaux 110 milliards demandés par la Grèce ne sont pas bouclés. L'Allemagne, principale contributrice mais aussi principale exportatrice bénéficiaire, renâcle. On ne peut plus attendre septembre pour décider. L’euro agonise mais le slogan de la fuite en avant vers le bonheur des peuples reste « toujours plus d’euro ».

C’est sur l’échec du marché unique que s’est construite la nécessité de la monnaie unique. C’est sur l’échec programmé de celle-ci que l’on va vers le fédéralisme fiscal que l’on entend dans la bouche de candidats à l’Elysée et de Jean-Claude Trichet. Il devient de plus en plus évident que la volonté populaire ne sera pas consultée car la pensée unique se drapera d’une part dans l’urgence de l’aide solidaire et fédérale et d’autre part dans le catastrophisme de toute autre solution.

Il y a fort à parier que la partie la plus pauvre des européens se verra appauvrie sans son consentement, et, pour les nations les plus en difficulté, saignée à blanc comme les grecs. Les inégalités entre les nations et les individus ne feront que s’accroître comme cela se produit depuis des années car cela est inhérent à la mondialisation telle qu’elle est imposée. Faut-il que le danger soit grand pour que des socialistes comme Jean-Pierre Chevènement et Arnaud de Montebourg, candidats annoncés à la présidentielle, demandent de changer de cap !

Malheureusement ils sont encore très isolés devant la pression médiatique engluée dans la pensée unique avec nos dirigeants depuis vingt ans. Tout changement fait peur dans nos choix personnels ou orientations imposées. Le maniement du catastrophisme en est d’autant plus efficace. L’euro ne peut mourir, il suffit qu’une gouvernance européenne face jouer la solidarité entre nations, disent ceux qui nous gouvernent ou qui l’ont fait et se représentent pour 2012.

Pourtant d’autres voies sont possibles même si aucune ne nous soustrait à des inconvénients importants. Vaut-il mieux mourir à petit feu sous anesthésie et perdre toute possibilité d’agir sur notre destin ou pratiquer une chirurgie réparatrice avec un réveil un peu douloureux ? Le choix n'est pas si risqué puisque la fuite en avant ne nous fera pas échapper à la rigueur qui nous pend au nez... alors ?

Sortir de l’euro serait-il une catastrophe ?

Oui pour ceux qui ont fait de l’Europe le laboratoire de la gouvernance mondiale et pour les politiques qui ont enfumés notre esprit critique et ont fait fi d’un référendum populaire. Alors regardons quelques chiffres sur l’hypothèse de la réapparition des monnaies nationales mais liées d’une façon flexible à une monnaie européenne.

La France a un déficit extérieur et sa monnaie serait dévaluée. Les importations seraient plus chères et sa dette publique serait aussi plus élevée. Cela suffit-il à rejeter cette solution ?

Non, c’est oublier que sa compétitivité serait renforcée et que nos exportations augmenteraient. De plus certains produits importés deviendraient rentables à fabriquer chez nous ou moins achetés, des délocalisations verraient leur rapatriement, les impôts sur les sociétés croitraient. Le chômage serait réduit et les rentrées de cotisations sociales se verraient augmentées. Si l’on regarde notre commerce hors zone euro qui ne représente que 13% du commerce total, une dévaluation de 20% ne conduirait donc qu’à un effet inflationniste de 2,6%.

Pour ce qui concerne notre dette, deux cas sont à envisager. Si l’ensemble des pays de la zone euro créent cette nouvelle monnaie commune, disons l’écu évoqué avant l’euro pour simplifier, notre franc se situera au milieu du panier des monnaies qui définira la valeur internationale de l’écu. Il n’en résulterait donc que peu d’inconvénients. Si l’euro persiste, la dette publique détenue par les résidents (33%) restera inchangée. En conséquence une dévaluation de 20% n’entraîne plus que 12% de réévaluation sur les 67% restants de la dette. Ce coût serait encore minoré car notre retrait entrainerait fatalement une diminution de l’euro, donc du poids de cette dette libellée en euro.

Ce n’est pas les 10% réels probables de réévaluation de la dette si nous sortons seuls qui seront les plus difficiles à surmonter quand on vient de passer en trois mois de 82,3% (dernier trimestre 2010) à 84,5% (1er trimestre 2011) du PIB. Nous sommes sur une trajectoire annuelle de près de 9% à comparer aux 10% environ de réévaluation éventuelle en sortie d’euro. Notre dette vient d’atteindre 1646,1 Mds€ progressant de 54,9 Mds€ en trois mois.

Ce qui est à craindre c’est le jugement des agences de notation qui peuvent faire modifier négativement les taux des emprunts d’état. Remarquons que la France est déjà en surveillance négative et peut de toute façon voir sa note AAA baissée puisque le déficit extérieur s’aggrave et que l’objectif de 86% du PIB pour la fin de l’année sera certainement dépassé.

Il s’agit donc de montrer une gestion rigoureuse des finances publiques, un protectionnisme intelligent, un contrôle des mouvements de capitaux mais surtout une capacité à doper la croissance dans le court terme par des réindustrialisassions du pays, un soutien à la consommation intérieure, une politique d’investissement dans l’excellence de l’éducation et de la recherche, et dans des travaux d’infrastructures.

Encore faut-il que nous abandonnions d’une part nos chimères de l’Europe protectrice et mondialiste, ce qui est profondément antinomique, et d’autre part nos craintes, si profondément ancrées par le politiquement correct, que « En dehors de l’euro, point de salut ». Seule la pression populaire peut encore arrêter la course du navire France avant qu’il n’entre dans le tombeau maritime de la Grèce. Le MPF de Philippe De Villiers, avec d’autres, vous aura prévenu.

Ne vous laissez plus impressionner par les « ayatollahs de la pensée unique » que ce soit pour « l’immigration nécessaire » ou « l’euro protecteur ». Depuis trop longtemps ils ont bloqué la liberté de pensée et de jugement.

Claude Trouvé