jeudi 10 juillet 2014

La Suisse en tête de l’Europe… un hasard ?

On se rappelle que, voici un mois, Nicolas Sarkozy, invité au « Swiss Economic Forum » d'Interlaken, avait eu le culot d'aller dire à nos amis suisses que leur système politique est « inefficace, désuet » et qu'ils devraient adhérer dare-dare à l'Union européenne. Ce qui lui avait valu de se faire vertement remettre à sa place par Adolf Ogi, ancien président de la Confédération helvétique. Les graphiques ci-contre montrent clairement que la Suisse est en tête dans les trois domaines de réussite les plus importants, la croissance, le chômage et le pouvoir d’achat. Il ne faut pas manquer d’impudence pour oser ces propos quand on a augmenté la dette de 600 milliards d’euros et le chômage de 8% à 9,4% durant son mandat ! 

Il serait peut-être temps de se poser la question du pourquoi de ce constat. La comparaison avec la France, Outremer compris, n’est pas plus flatteuse pour nous avec un pouvoir d’achat de 65% inférieur et un chômage de près de quatre fois supérieur. Nos propos jaloux et condescendants sur ces malades de la votation d’un pays où la vie est chère ne changent rien à l’affaire. La Suisse va de l’avant, les investissements étrangers y progressent plus qu’ailleurs et le chômage vient d’y tomber à 2,9% en mars 2014. C’est le record d’Europe. Pourquoi la Suisse adhèrerait-elle à l’UE de son plein gré ? 

La carte du taux de chômage dans l’UE ci-dessous est de plus très explicite. Vu sa situation géographique, la Suisse devrait faire partie de l’Europe malade, comme l’Italie et nous. Alors ? Certains osent avancer l’argument de la petitesse du pays. Comme s’il suffisait d’être petit pour réussir. Pas de chance pour la Chine qui a une croissance de 7,7% et un chômage de 4,1%. Le pouvoir d’achat y est encore bas mais comparable à celui des régions du nord de la Bulgarie. Les chinoises se pressent de plus en plus dans la boutique parisienne d’Hermès et une classe moyenne se développe dans les villes. 

Pourtant de nombreux pays relativement petits ou peu peuplés réussissent, discrètement et efficacement. C’est le cas de la Norvège qui a aussi un haut pouvoir d’achat comme la Suisse, et même de l’Islande. En Asie on peut citer la Corée du Sud et Singapour. La petite taille d’un pays a tout-de-même un atout, c’est de rapprocher les citoyens des centres de pouvoir. La Suisse qui pratique un stade avancé de la démocratie participative réussit à réaliser la proximité des citoyens et du pouvoir, malgré une population parlant quatre langues différentes. On peut remarquer aussi que son territoire est bien délimité par des frontières naturelles qui lui ont permis de traverser l’histoire récente en gardant son unité. 

La Suisse prouve qu’il n’est pas nécessaire de faire partie d’un grand ensemble comme l’UE pour réussir mais que la démocratie et le respect de frontières naturelles sont des facteurs de cohésion et de dynamisme. Toutes choses qui sont à l’inverse de l’expansion de l’UE vers l’Europe de l’est et même l’Asie (Turquie) d’une part et l’engloutissement dans un grand marché transatlantique. L’Allemagne domine l’Europe mais l’appauvrissement des pays autour d’elle commence à réduire son expansion économique. En dehors d’elle les pays qui réussissent le mieux sont ceux qui n’ont pas pris l’euro (Suède, Danemark, Royaume-Uni… voir les graphiques montrant que la zone euro a de moins bons résultats que l’UE) et surtout ceux qui ne sont pas dans l’UE (Norvège et Suisse). 

Alors la France considère-t-elle la zone euro comme une bouée de sauvetage ou va-t-elle enfin se décider à faire respecter ses frontières, à pratiquer une vraie démocratie et à garder la maîtrise de sa monnaie pour redevenir une puissance indépendante, forte et respectée ? Va-t-elle enfin changer les dirigeants qui la mènent à reculons depuis quarante ans ? Va-t-elle avoir le courage de renier la vassalité à Washington et à Berlin ? La pensée unique va-t-elle enfin mettre une sourdine ? C’est autant de questions auxquelles le temps donne chaque jour plus d’acuité. La route prise ne conduit en effet qu’à l’impasse, au démembrement du pays avec le risque d’une explosion sociale de lutte des classes, avant celle culturelle, et à l’asservissement et l’appauvrissement de notre peuple. 

On ne peut être heureux longtemps en refusant de voir 

La réalité des dégâts dus à des mauvais choix. 

Il ne suffit pas d’œillères mises au peuple 

Pour lui masquer les obstacles. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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