vendredi 25 juillet 2014

La France va droit dans le mur ! (5ème partie)

Les articles précédents ont mis à jour nos connaissances sur les positions relatives des pays de l’Europe. Nous avons constaté que :

  • L’Allemagne vit aux dépends de ses voisins,
  • L’appartenance à l’UE profite essentiellement aux pays émergents de l’économie communiste, émergence qui profite aussi bien aux pays parmi ceux-ci qui n’ont pas encore rejoint l’UE.
  • L’appartenance à l’euro-zone signifie perte de compétitivité pour tous les pays du sud, accompagnés de l’Irlande, de la Belgique et des Pays-Bas
  • La France fait partie non seulement géographiquement des pays du sud mais aussi économiquement et peut dire qu’elle marche encore moins mal que la plupart d’entre eux
  • La politique économique française, issue des traités sur l’austérité et la convergence vers les 3% de déficit du PIB, l’éloigne de plus en plus de sa voisine allemande. Contrairement à la période 2010-2011 (période Sarkozy), son PIB/habitant a reculé par rapport à l’ensemble de l’Union Européenne sur 2012-2013.

La question à laquelle cet article va essayer de répondre est celle du rôle de l’endettement dans la politique économique des pays européens et le bénéfice ou non qui en est retiré pour le PIB/Habitant lequel représente en gros le niveau de vie espéré des habitants d’un pays. Il est évident que creuser la dette est plus facile que de diminuer les dépenses, mais cet endettement a-t-il été bien ou mal utilisé en 2012-2013 ?

  • Seuls 13 pays respectent le critère des 60% du PIB, critère d’adhésion à l’UE selon le traité de Maastricht.
  • 7 pays sont en-dessous des 80% : Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Malte, Hongrie, Croatie et Slovénie.
  • 5 pays sont en-dessous des 120% : Belgique, France, Espagne, Chypre, Royaume-Uni
  • 4 pays sont au-dessus des 120% : Irlande, Grèce, Italie, Portugal



Le graphique ci-contre représente, sur 2012-2013, les évolutions de la dette et du PIB/Habitant. A part trois pays, Chypre, Slovénie et Croatie qui sortent du nuage, il apparait une corrélation forte entre l’évolution de la dette et celle du PIB/Habitant. On peut même voir qu’à dette nulle, l’évolution du PIB/Habitant est d’environ +3,8% et que lorsque la dette augmente de 4% l’évolution du PIB/Habitant est nulle. En gros à une diminution de la dette de 1% correspond un accroissement de 1% du PIB/Habitant.

Autrement dit un déficit public supérieur à 2% par an est corrélé à une baisse du PIB/Habitant. Ceci est une remarque qui nous intéresse particulièrement puisque nous allons vers un déficit supérieur à 4% en 2014. En fait il y a dette et dette. Si la dette est associée à une politique d’investissement public sur l’innovation ou les infrastructures, et de chasse aux gaspillages, elle peut être productrice de croissance. Donc par rapport à cette règle générale, la politique économique de chaque pays prend toute son importance.


Parmi nos pays voisins, l’Italie a suivi une trajectoire désastreuse en 2012-2013. Elle est endettée à 129% en 2011 et a continué à creuser la dette de 4% tout en reculant de 3% sur le PIB/H. L’Espagne moins endettée à 85%, a creusé la dette de 9% sans éviter un recul du PIB/H de 1%. La France et la Belgique ont également subi un recul de l’ordre de 1% mais, à la différence de la France, la Belgique n’a pas creusé la dette !



Le Royaume-Uni, endetté à 89% en 2011, a réussi à augmenter son PIB/H de 1% au prix d’un endettement de moins de 2%, c’est un peu cher payé mais cela va néanmoins encore dans le bon sens. Cela prouve aussi que la zone euro n’est pas nécessaire pour réussir. L’Allemagne, endettée seulement à 82%, a néanmoins réussi à diminuer sa dette de 3% avec une augmentation un peu inférieure à 1% du PIB/Habitant. Néanmoins un tel désendettement aurait dû générer une croissance plus importante. Sa politique n’est peut-être pas optimale au regard de l’ensemble des nations européennes. Nous n’avons évidemment pas de leçons à donner. Elle se désendette parce qu’elle a un commerce extérieur très bénéficiaire, ce qui n’est pas notre cas.



On peut conclure que la France va dans le mur parce qu’elle s’endette toujours sans réussir à faire revenir la croissance qui pointe pourtant son nez dans l’ensemble de l’Europe. La sanction, le résultat inéluctable, c’est la dégradation du tissu industriel des TPE, PME, PMI, le licenciement et la délocalisation des multinationales, la fuite des cerveaux et l’augmentation du chômage. La faillite est là en sourdine, et se traduit par une lente dévaluation interne qui ne peut qu’aggraver la précarité, le niveau de vie sans permettre de retrouver la compétitivité nécessaire, contrairement à une dévaluation extérieure par la monnaie. Son immigration subie, sa mutation civilisationnelle avec une population à forte fécondité de moins en moins assimilable, place la France dans une situation périlleuse, source de conflits dans une spirale d’appauvrissement.



La France a tous les atouts pour s’en sortir



Sauf les hommes dignes de le faire !



Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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