samedi 23 décembre 2017

Les aspects ravageurs du dogmatisme



"Ce n'est pas seulement l'intérêt qui fait s'entre-tuer les hommes. C'est aussi le dogmatisme. Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir raison." (François Jacob - Le jeu des possibles). Nous sommes dès notre jeunesse tous campés sur des certitudes parce qu’elles ont le mérite de donner de la stabilité à notre vie, de fournir des principes de vie simples et solides. Puis nous vieillissons et l’expérience de vie soit nous conforte dans ces certitudes soit les remet en cause. Le dogmatisme est le caractère de doctrines qui présentent leurs affirmations comme des vérités fondamentales, incontestables et intangibles, sans esprit critique. Le plus souvent dans le domaine politique ou religieux (dogmes), ces doctrines peuvent, dans certains cas, être imposées par la force. Par ses certitudes, ses vérités, le dogmatisme s’oppose au scepticisme. Toute l’histoire de l’humanité est traversée par des oppositions de certitudes en particulier dans le domaine religieux. Nous le vivons actuellement avec la religion musulmane, à cause de ses fidèles radicalisés qui servent de soldats et d’assassins.

Les morts violentes dues au dogmatisme sont innombrables mais les morts psychiques sont encore plus nombreuses. Le sort de Galilée parjure en un exemple allégorique. Par définition le dogmatisme s’oppose au scepticisme donc à la science. Le scientifique est toujours à la recherche de certitudes parce qu’il doute toujours et quand il ne doute plus il devient un poids au progrès, un despote qui freine le foisonnement des idées neuves comme l’est devenu Lavoisier en physique. « Sortir du nucléaire » en est une démonstration. Le dogmatisme fleurit en politique car l’objectif est de convaincre qu’il n’y a pas d’autre choix possible que la vérité assénée. C’est bien là l’aspect dévastateur des pensées incontestables. « La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être » (Henri Poincaré). 

Henri Poincaré était aussi un scientifique et il savait que le doute doit toujours être présent dans la recherche scientifique et qu’aucune hypothèse ne peut être retenue tant qu’elle ne s’est pas confrontée à la réalité. Le monde scientifique porte en lui une auto-vérification permanente, car toute avancée renverse des idées préconçues et entraîne une controverse salutaire.

Mais quand la pensée scientifique est mise en cage dans un organisme dit scientifique, comme le GIEC pour le réchauffement climatique, dont les rapports ne sont pas transmis aux États mais « traduits » par des représentants de chaque pays, la pensée devient unique et déformée. Son poids sensé représenter l’état consensuel de la science climatique prévaut contre les voix contradictoires isolées aussi nombreuses qu’elles soient. Mêmes les doutes du groupe scientifique du GIEC (par exemple sur l’évolution des évènements climatiques comme les ouragans) sont transformés en vérités inattaquables dans les discours politiques et même dans ceux du soi-disant représentant du GIEC, qui n’est pas le rapporteur du petit groupe scientifique en son sein. C’est ainsi que se construit et se développe un dogme écologique dont les causes et les effets sont devenus incontrôlables par la communauté scientifique[U1]  et peuvent être dévastateurs[U2] . Il va conduire la France dans une impasse énergétique et un gouffre financier.

Le dogmatisme poursuit de sa vindicte tout contradicteur et n’hésite devant aucun moyen pour faire taire les contrevenants. Car les dogmes font désormais l’objet d’attaques anti-dogmes – telles celles des hackers informatiques -, par des hérétiques, des déviants qui contaminent par leurs mauvaises pensées les peuples et dont le nombre ne cesse de croitre de façon exponentielle. Aujourd’hui, le champ des relations internationales est soumis par certains esprits critiques à un questionnement sans précédent. Après le temps des certitudes assénées et des vérités révélées vient celui des interrogations légitimes et des doutes sérieux sur l’intangibilité des dogmes. Même si la liste est loin d’être exhaustive, cinq exemples récents (libre-échange et mondialisation ; hyperpuissance américaine ; effacement russe ; pérennité de l’Union européenne ; omnipotence de l’OTAN) éclairent notre propos et montrent que la confrontation de la théorie à la pratique est en route. 

Le libéralisme est une doctrine qui forme un système intellectuel que l'on associe à un penseur (ex: la doctrine de Marx), à un mouvement de pensée (ex : la doctrine libérale). Le principe fondamental du libéralisme est qu'il existe un ordre naturel qui tend à conduire le système économique vers l'équilibre. La loi de l'offre et de la demande, par exemple, conduit à l'équilibre entre la production et la consommation sous réserve de liberté des marchés et de libre concurrence, seules censées garantir l'ajustement optimum des ressources disponibles (offre) à la demande. Il présuppose que les intérêts de l'individu et de la société sont alors convergents. Il s'oppose au contrôle par l'Etat des moyens de production et à l'intervention de celui-ci dans l'économie, si ce n'est pour coordonner les entreprises ou garantir un marché équitable.

Mais le libéralisme a été repris par le capitalisme dont le but n’est plus la convergence d’intérêt de l’individu et de la société, car cette société ne représente plus que les dirigeants des moyens de production et de spéculation. Soit l’Etat intervient comme facilitateur (cf. Macron), soit l’État Nation devient de plus une entrave à un marché mondial dont les moyens sont le libre-échange mondial généralisé aux capitaux, aux hommes, aux productions, aux services, sous la suprématie de l’économie. Cette dernière implique la mise en concurrence des travailleurs et le nivellement par le bas des salaires et des droits sociaux. Sur ce dernier point la diffusion en est soigneusement évitée et cette évolution dévoyée du libéralisme devient un dogme que chérissent toutes les forces économiques et financières à Davos. Sauf que la réalité finit toujours par révéler les failles du dogme. 

Les peuples voient les disparités de revenus et la pauvreté augmenter. La plupart des citoyens font confiance aux gouvernements parce qu’il n’appréhende pas immédiatement tout ce qui se cache derrière les discours du dogme du mondialisme. Mais il arrive un moment où le dogme doit s’imposer par la force car le peuple ne croit plus à ses vertus. Pour le contenir le plus longtemps possible la machine médiatique fait la cour au pouvoir, en vante les mérites et celui-ci prend des dates de contrôle en fin de mandat sans chiffrage pour éviter de donner prise à la réalité. C’est ce qui se passe en France avec la Loi Travail, copie des directives économiques de l’UE et censée relancer l’économie, alors qu’elle ne peut apporter un plus que pour les grandes multinationales ou les sociétés très exportatrices œuvrant donc sur un marché beaucoup plus vaste que la consommation intérieure. Sur le marché intérieur le fait de pouvoir licencier à moindre coût, de pouvoir mieux discuter au sein de l’entreprise avec les salariés, d’avoir un peu moins d’impôts, ne suffira pas à faire venir des acheteurs qui eux auront moins de pouvoir d’achat selon l’INSEE. C’est ce que Trump a compris, pas Macron.

Mais Macron suit un autre dogme c’est celui de « hors de l’UE, point de salut ». C’est une vérité assénée en permanence par tous les moyens de persuasion possible mais dont le plus efficace est le catastrophisme. Sortir de l’UE c’est comme se jeter du haut d’une falaise de 200m de haut avec aucun espoir de rester vivant. Mais la France ne respecte aucun des critères du Pacte budgétaire européen et encore moins la « règle d’or ». On fait valoir que sortir de l’euro, c’est renoncer à tous les petits avantages de la monnaie qui passe les frontières, point concret et ennuyeux pour certains d’entre nous, en oubliant que l’important est que l’euro est de 15% à 20% trop élevé pour notre économie.

En fait l’UE nous protège parce qu’en sortir serait suicidaire. Curieuse démonstration, car derrière ça l’argumentation est soit indigeste pour les non spécialistes soit d’un mutisme révélateur. Il n’est pas question de comparer les résultats obtenus par les différents pays, et en particulier de se demander pourquoi l’Italie souffre, la Grèce dépérit, la France s’enlise, quand l’Allemagne et ses satellites s’engraissent. Il n’est pas question de se demander pourquoi la politique d’austérité affaiblit au Sud et renforce au Nord de l’UE. On nous fait passer le message que si l’UE ne va pas bien, c’est qu’il n’y a pas assez d’UE, elle doit se fédéraliser, et que si la France est à la traîne, c’est qu’il n’y a pas assez d’austérité. Ces dogmes ne continuent d’exister que par le gavage de vérités assénées et la force des lois votées par une majorité aux ordres à Paris et à Strasbourg.

Le dogmatisme politique revient à un déni de démocratie. 

Il ne cherche plus à persuader mais à stigmatiser

Toutes les forces d’opposition aux dogmes 

Et à utiliser une propagande incessante

De promesses et d’actions mirifiques 

Et non vérifiables à court-terme,

Qu’un peuple apathique 

Digère sans y croire.
 
Claude Trouvé 
23/12/17

 [U1]
 [U2]

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