mercredi 29 novembre 2017

L’impossible plan énergétique… même en Belgique



La COP23 vient de s’achever tristement sur un échec à Bonn, à défaut des îles Fidji, qui n’avaient pas les infrastructures nécessaires pour accueillir tout ce beau monde et non parce que la montée des eaux les avait transformés en arche de Noé. D’ailleurs au passage rappelons qu’il y a 5000 ans le niveau des mers était 3 mètres au-dessus des valeurs actuelles … sans CO2 anthropique et de nos jours on pense que l’on va dompter la nature avec des mers qui montent lentement de 2 mm/an depuis deux siècles où nous évaluons difficilement leur niveau, niveau qui curieusement ne monte plus depuis deux ans selon la NASA après une accélération à 3mm/an de 1994 à 2014. Curieusement les températures du globe ne montent plus depuis 20 ans (https://climate.nasa.gov/vital-signs/sea-level/) alors que l’affreux CO2 anthropique augmente, un simple « hiatus » selon certains dans les prévisions. Cherchez l’erreur. Ceci pour simplement introduire la grande peur climatique qui sous-tend la transition énergétique avec l’ennemi désigné, le CO2.

La Belgique a comme la France donné crédit aux prévisions données par les représentants des Etats auprès du GIEC comme des certitudes sur le réchauffement climatique inexorable si on ne diminue pas les émissions anthropiques de CO2. Notre petite sœur, comme la France, a son plan de transition énergétique. Elle veut aussi se débarrasser du nucléaire et vient de fermer sa dernière centrale à charbon début 2016. La Belgique est intéressante à regarder car elle pratique un mix énergétique thermique-nucléaire avec une politique de développement des énergies renouvelables (EnRia). L’ensemble de la puissance installée des énergies vertes (solaire, éolien, biomasse) représente 33% de la puissance totale, pour 15,5% en France. Mais la puissance de l’énergie thermique belge avec 37,1% dépasse largement celle de la France à 16,7%. Elle pollue donc plus de deux fois plus que la nôtre en CO2. Mais la puissance nucléaire installée est importante avec 28,1% et fait de la Belgique un pays historiquement engagé dans le nucléaire. Puissance installée et production d’électricité sont deux choses différentes et le taux de disponibilité de chaque type d’énergie est différent d’où les graphiques ci-dessous :



On constate que le mix thermique-nucléaire produit 80% de la production totale et cela aussi bien en 2015 qu’en 2016. On note que la baisse de la production nucléaire est strictement compensée par l’énergie thermique et la baisse de l’énergie éolienne l’est par l’augmentation de l’énergie biomasse, énergie pilotable. Alors que la puissance installée des énergies vertes, biomasse comprise, représente 33% de la puissance installée, elle ne donne qu’à peine 20% de la production totale. La continuation du plan énergétique est en grande discussion en Belgique. La décision de poursuivre l’augmentation des EnRia se fait attendre. Quatre ministères de l’énergie s’opposent entre la Wallonie, les Flandres, Bruxelles et le ministre fédéral. En fait, comme en France, le plan de transition énergétique est mis devant les réalités. Comme en Allemagne, et partiellement en France, la diminution d’émission du CO2 a été réalisée grâce au remplacement des centrales au charbon par des centrales au gaz qui polluent deux fois moins. Un pas supplémentaire peut être fait en prenant du gaz de premier choix, moins polluant, mais ceci ne fait que renforcer la dépendance de la Belgique à un seul type de source d’approvisionnement étranger. La dépendance au gaz et à son prix s’accroît. 

Mais la réalité est la nécessité de disposer d’énergie pilotables pour pouvoir compléter les EnRia. Parmi celles-ci l’énergie biomasse est polluante comme l’énergique thermique, et l’énergie hydraulique marginale. Il reste l’énergie nucléaire, excellente énergie non polluante pour les grandes transitions saisonnières mais mal adaptée aux fluctuations immédiates. La Belgique est très importatrice d’électricité, en particulier de France. Elle souhaite augmenter sa production mais force lui est de constater que le développement des EnRia ne permet pas d’arrêter conjointement le nucléaire et les centrales thermiques… comme en France. L’augmentation des EnRia demande celle de l’énergie pilotable des centrales thermiques et de la biomasse toutes deux polluantes. Selon les chiffres fournis par la Belgique sur ses émissions de CO2 par filière, ramenés à la part de la filière dans la production, et représentés sur le graphique ci-contre, on fait les constats suivants :
 
. L’énergie thermique s’avère de loin la plus polluante
. La Biomasse est plus de fois moins polluante que l’énergie thermique mais arrive au 2ème rang.
. L’énergie solaire est dix fois moins polluante que l’énergie thermique mais six fois plus que l’éolien et le nucléaire. 

Ces chiffres sont difficiles à obtenir en France. L’énergie solaire est donc aussi directement polluante par sa mise en œuvre en plus de l’être indirectement par la nécessité d’énergies pilotables polluantes en CO2, non nuisibles à la santé mais émettant d’autres polluants toxiques. Comme en Allemagne et en France, la réalité de la nécessité d’un équilibrage entre les énergies pilotables et les EnRia s’impose désormais dans tous les pays où le pourcentage de production des EnRia atteint ou dépasse les 15%. Ce dernier chiffre est aussi important que celui de 1 kWh d’énergie thermique nécessaire pour 1 kWh d’EnRia. L’énergie nucléaire peut s’effacer devant l’énergie thermique, ce que l’on a vu sur les productions belges entre 2015 et 2016 moyennant une surproduction de CO2, mais ni l’énergie nucléaire, ni l’énergie thermique ne peuvent s’effacer devant les EnRia au-delà d’environ 15% de celles-ci. Les chiffres sont les suivants sur la production des EnRia en 2016 : Espagne (25% 2014), Danemark (24%), Allemagne (17,8%), Belgique (15%), Royaume-Uni (14%), France (5,5%). Il faut noter que les pays qui développent les EnRia et ne freinent pas l’utilisation de l’énergie thermique deviennent des pays exportateurs d’électricité EnRia, comme l’Allemagne. La généralisation de cette politique conduit à des surproductions que les moyens de stockage actuel ne permettent pas de prendre en compte. Mais la disparition brutale de ces énergies, par grand froid généralisé sur l’Europe et manque de vent, peut augmenter la probabilité de black-out généralisé.

Il est grand temps de se reposer la question des EnRia même dans un pays comme la France dont les réserves stratégiques en disponibilité électrique sont jugées préoccupantes. La poursuite de l’implantation des EnRia n’est déjà plus compatible avec l’arrêt conjoint des centrales nucléaires et thermiques. Mais cette question va désormais se poser pour tous les pays européens lancés dans cette aventure d’autant plus que la voiture électrique se développera vite.

Le rêve écologique va se heurter à la réalité. 

Les EnRia restent des énergies coûteuses,

Leur mariage aux énergies pilotables 

Les rend polluantes et leur surplus

Va risquer de devenir ingérable 

Sans l’arrivée d’un stockage

Nouveau et à faible coût !

Claude Trouvé 
29/11/17

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