dimanche 20 avril 2014

La France ? Un libéralisme empêtré de socialisme ou l’inverse !



La France a plus de 500 000 travailleurs "low cost" et plus de cinq millions de chômeurs. Le gouvernement veut mettre à mal la politique familiale, réduire les retraites, légaliser le dumping social dans un pays qui n'a plus que des CDD et où la liberté d'entreprendre est comme un malade au stade final auquel on demanderait de faire un jogging. 

Le mariage du libéralisme et du socialisme ne peut enfanter qu’un être handicapé. A un problème d’une Europe construite sur de mauvaises bases et d’une zone euro qui s’est donné une monnaie unique, dite euro-mark, on applique une politique keynésienne, de plus jugulée sur les déficits budgétaires mais laxiste sur les dépenses publiques. Autrement dit, on coupe toute possibilité de déficits budgétaires pour relancer l’économie, les investissements structurels sans faire une coupe sombre sur les dépenses publiques. D’ailleurs il faut noter que la croissance du PIB inclut les dépenses publiques. Paradoxalement, plus l’on dépense, plus le PIB augmente et donc plus le pourcentage de déficit par rapport au  PIB diminue à déficit constant !  

Mais qu’est-ce qu’une politique keynésienne ? Elle tient à deux principes, je devrais dire à deux postulats. Le premier c’est l’accroissement des dépenses de l’État (indépendamment du déficit budgétaire), donc l’accroissement du poids de l’État dans l’économie. L’injection d’argent est destinée à relancer la consommation, prônée depuis quarante ans avec le succès que nous mesurons aujourd’hui. Le second c’est le maintien de taux d’intérêt anormalement bas. Le taux réel peut même devenir négatif si l’on tient compte de l’inflation, c’est le cas des prêts consentis aux banques par la BCE. L’idée est alors de vider les bas de laine des rentiers qui sont poussés à consommer, plutôt que d’épargner, et même à emprunter pour consommer encore plus. 

Seulement, maintenir des taux réels négatifs, c’est subventionner les hommes politiques pour qu’ils dépensent de l’argent, ce qui revient à donner les clés de sa cave à vins à un sommelier alcoolique.  Comme le souligne l’économiste Charles Gave, « La seule façon d’empêcher la croissance de l’Etat, c’est que l’argent  emprunté par l’État le soit à son vrai prix, ce qui s’est passé de façon ininterrompue aux USA de 1980 à 2000 et c’est ce qui permit à la croissance  outre-Atlantique de redevenir normale ». A cette période a succédé aux États-Unis une période keynésienne jusqu’à nos jours qui voit la dette augmenter, la croissance et le chômage stagner, les disparités de revenus augmenter. 

Le Royaume-Uni a tourné le dos à cette politique. La dépense publique étant fortement alimentée par les emplois publics, le gouvernement conservateur, en charge depuis 2009, a supprimé 600.000 emplois publics et que croyez-vous qu’il arriva ? Le chômage a reculé et la croissance est repartie car il s’est créé 2 millions d’emplois dans le privé. Sur le graphique joint on voit le contraste d’évolution des emplois publics et privés de 2009 à 2013. Les emplois privés sont représentés en noir avec une échelle à gauche et les emplois publics en rouge avec une échelle à droite. En gros la disparition d’un emploi public génère trois emplois privés ! 

La principale réduction des dépenses publiques tient dans cette volonté de remettre la charge des emplois publics au niveau de celle de pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Si l’on associe à cela la possibilité de jouer sur la monnaie, outil qui a été retiré à notre pays, comme la Suède, comme le Royaume-Uni, la France retrouverait d’ici 2017 le chemin de la prospérité. 

Hélas la politique keynésienne n’est pas perdue pour tout le monde. Le Keynésianisme est imbattable, puisqu’il permet aux politiques de se constituer des cohortes entières de supporters qui seront forcés de voter pour eux à chaque élection. Donc, quand quelqu’un dit que le Keynésianisme a toujours échoué, Charles Gave répond : « Ça dépend pour qui. En tout cas, pas pour ceux qui l’ont mis en place à leur profit, bien au contraire. » Ils savent bien qu’ils ne doivent leur prospérité et leur prééminence qu’au rôle accru de l’État. Mais plus grave encore,  ils savent qu’il faut empêcher que quelqu’un ne dise que le Roi est nu, d’où le contrôle de fer exercé sur les Media, les Universités ou le système Judiciaire … 

Voilà pourquoi la France est malade. La Gauche est empêtrée dans une idéologie qui veut ignorer les lois de l’économie, et croit que seul l’État est en mesure de savoir ce qu’il faut faire dans ce domaine, qu’il doit grossir et ne pas se limiter aux taches régaliennes. Elle est affublée d’une Droite qui balbutie son libéralisme sans avoir le courage de remettre en cause la monnaie, de trancher dans le vif des dépenses publiques, d’engager d’urgence des réformes structurelles même au prix d’une aggravation temporaire du déficit public comme l’a fait le Royaume-Uni et comme l’Italie s’apprête à le faire. 

Quel homme politique aura le courage de le faire et risquer de ne pas être réélu ? 

Mais c’est le prix à payer pour sauver la France ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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