lundi 14 avril 2014

Devons-nous payer pour les énergies renouvelables ?



Vous avez peut-être mis des panneaux solaires sur votre toit ou vous avez donné votre accord dans une enquête publique pour implanter des éoliennes dans votre commune. Sur le plan économique vous avez sans doute bien fait encore que.... Vos panneaux solaires sont subventionnés à l’investissement et votre production électrique est achetée au prix fort par l’EDF. Votre investissement étant fait, ce gain est engrangé. Par contre l’État peut à tout moment réduire le prix d’achat de votre électricité et la rentabilité de votre investissement peut en être affectée d’autant que les panneaux solaires ont aussi une durée de vie.

Pour ce qui concerne les éoliennes, le raisonnement est le même et votre commune engrange des royalties qui devraient normalement faire baisser vos impôts locaux… jusqu’à ce que l’aide de l’Etat par la CSPE (donc de vous) s’éteigne…C’est cet intérêt du particulier qui soutient le développement des énergies renouvelables car si l‘on se place au niveau de l’Etat le raisonnement n’est pas le même. Les kWh produits par ces énergies doivent être intégralement compensés financièrement par la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE), taxe que vous constatez sur votre facture. Donc plus les énergies renouvelables produisent d’électricité, plus le coût du kWh augmente par l’augmentation du pourcentage de la CSPE. 

C’est ainsi que le gouvernement allemand veut freiner le subventionnement des énergies renouvelables et enrayer la hausse des prix de l'électricité pour préserver la compétitivité de son industrie, mais met ainsi en péril, aux yeux de beaucoup, la transition énergétique du pays. En Espagne également en adoptant, à la mi-juillet, une vaste réforme du secteur de l'énergie, le gouvernement de Mariano Rajoy a effectué une volte-face sur la promotion des énergies renouvelables, alors que l'Espagne était souvent citée comme un modèle en la matière. Le ministère de l'industrie a décrété une baisse drastique des subventions octroyées à la production d'électricité d'origines solaire et éolienne, plus coûteuse que celle issue des centrales à charbon ou du nucléaire. 

Les énergies éoliennes et solaires sont intermittentes et nécessitent le démarrage de centrales à énergies fossiles polluantes pour suivre les fluctuations de la consommation. De plus la taille des centrales éoliennes et solaires s'approche de plus en plus de celle des grandes centrales thermiques pour des raisons d’optimisation des coûts. Elles exigent la construction de lignes à haute tension pour le transport de leur production vers les centres de consommation et l'exportation de leurs excédents. Les terres rares utilisées pour la fabrication des éoliennes (néodyme et dysprosium pour les alternateurs) et des cellules photovoltaïques (gallium, indium, etc.) sont sources de pollutions très importantes au niveau de leur extraction ; de plus, leurs réserves limitées laissent prévoir des conflits pour l'accès aux ressources en particulier avec la Chine, principal fournisseur. 

En plus des problèmes de variabilité et d'intermittence évoqués plus haut, le potentiel éolien de la France est lui aussi limité. Ainsi, en installant une éolienne de 100m de diamètre et 80m de hauteur tous les 450m (!) sur terre et une éolienne de 120m de diamètre 80m de hauteur tous les 840m, la production ne serait encore que de 200TWh par an pour 550 produits en 2013 et pour trois quarts d'origine offshore. Or le prix du kWh en offshore est loin d’être concurrentiel de l’énergie nucléaire pour le projet en cours au Maroc. 

D’après une étude publiée par le CNRS qui fait référence aux chiffres publiés par l’Union Internationale des Producteurs et Distributeurs d’Electricité et l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, les coûts du kWh en cents d’euro seraient les suivants : Nucléaire (3,06), Charbon (3.59), Gaz (3,57), Éolien (5 à 13), Photovoltaïque (25 à 125). Évidemment tout peut être contesté mais on ne peut nier que les énergies renouvelables ont encore loin de concurrencer le nucléaire sur le coût. 

Le graphique ci-joint est d’ailleurs sans contestation car issu des données du Réseau de distribution électrique français en 2013. Il montre clairement que le nucléaire offre une disponibilité plus de trois fois supérieure à l’éolien et 7 fois supérieure au photovoltaïque. Alors qu’il ne représente que 50% de la puissance totale installée, toutes énergies inclues, il produit 73% de la production électrique. 

Il est donc assez scandaleux de devoir payer les énergies renouvelables par la CSPE sur notre facture d’électricité sous le prétexte de non-pollution parce qu’elles sont non rentables et alors que la nécessaire mise en œuvre des centrales thermiques pour pallier à leur intermittence est une source de pollution. Cela l’est d’autant plus que la facture électrique ne pourra que croître au fur et à mesure du développement de ces énergies. 

Quand la Chine lance et le Japon relance ses centrales nucléaires 

Quand l’Allemagne et l’Espagne freinent leurs subventions 

Pour la transition énergétique il est urgent d’attendre ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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