dimanche 6 avril 2014

Géopolitique transatlantique à odeur de poudre !



La politique intérieure française a fait oublier la tension qu’ont provoquée les manifestations en Ukraine entre le monde occidental et la Russie. C’est pourtant un sujet de préoccupation d’une importance qui rejette bien loin la nomination d’un Valls qu’Hollande ne voulait pas pour un programme politique sans changement. On ne joue pas impunément avec une nation comme la Russie. Cette nation se tourne naturellement vers l’Europe et contient à l’est une Chine dans une cohabitation issue d’un communisme en lambeaux. La Russie ne traite avec la Chine que comme un partenaire voisin et dans le même temps un adversaire potentiellement dangereux.

La politique hégémonique américaine, administrée à l’Europe, tend à affaiblir ce pays. Ce grand pays a un instinct de survie que l’histoire a montré et elle ne reculera devant aucun sacrifice, même pas la guerre. La destitution du président ukrainien, en dehors de tout respect de la Constitution ukrainienne pour n’avoir pas accepté l’Union Européenne pour son devenir, a permis à Poutine de mettre la main sur la Crimée et de sauver les bases de sa flotte de la Mer Noire en même temps qu’un peuple attaché à son appartenance russe. 

La partie orientale, la plus peuplée et la plus industrieuse, parle le russe dans sa majorité même si l’ukrainien est imposé par l’Etat. Ses yeux et ses relations commerciales sont tournées vers la Russie. Elle n’adhère pas au vœu de rattachement à l’UE voulu par la partie occidentale et voit d’un mauvais œil la destitution du Président et la prise en main de l’Etat par les pro-européens. De toute évidence l’économie ukrainienne est beaucoup plus tournée vers la Russie que vers l’Europe. La force de l’Ukraine est d’être une grande zone de transit du gaz russe mais sa grande faiblesse est une économie exsangue. 

Les États-Unis engagent l’Union Européenne, dont la France en première ligne, dans un conflit contraire à ses intérêts historiques et crée une situation dangereuse envers la Russie qui se tourne naturellement vers l’Europe. En la bloquant contre la Chine par une poussée de l’UE pour englober l’Ukraine, on pousse l’OTAN aux frontières de ce pays. La partie russophone de l’Ukraine ne souhaite pas la domination européenne, donc désormais de Kiev. 

Notre Président ferait bien de relire les propos de De Gaulle au lieu de suivre la politique d’Obama : 

« Un jour viendra où la Russie sera à notre côté contre les chinois. Quand la Chine menacera les frontières orientales de la Russie, il faudra être à ses côtés. Il faut montrer aux russes que la création d’une Union Européenne Occidentale n’est pas dirigée contre eux.» 

L‘Ukraine est donc un carrefour stratégique. Il l’est à double titre pour la Russie, sur le plan de la Défense Nationale avec l’accès à la Mer Noire et à la Méditerranée et sur le plan économique avec le passage des gazoducs. L’accès menacé à la Mer Noire a été rétabli avec l’autodétermination de la Crimée pour un rattachement à la Russie. La guerre économique avec l’Ukraine soutenue par l’Europe est engagée et nul n’en connaît l’issue, car les enchères montent. La Russie déclare que les accords de fourniture de gaz à bas prix de tiennent plus et fait passer le prix de 280$ à 485$ pour 1000m3. 

De son côté l’Ukraine veut augmenter les droits de passage du gaz vers l’Europe, jeu dangereux car cela ferait encore augmenter le prix du gaz en Allemagne en particulier. La Russie déclare que la location d’implantation des bases militaires en Crimée n’a plus lieu d’être. Au total, Moscou chiffre à 11 milliards de dollars les créances de l’Ukraine envers le budget russe. La guerre économique bat son plein et Kiev se tourne autant vers l’Europe que vers les Etats-Unis pour demander de l’aide financière et diplomatique. L’Union européenne, dont huit pays membres dépendent du gaz russe à plus de 80%, se sent à nouveau vulnérable face au conflit russo-ukrainien. 

De son côté la Russie finalise un contrat d’achat de pétrole avec l’Iran en échanges d’équipements russes pour un montant de 20Mds$. L’Iran dont les exportations ont baissé de 10% y trouverait un complément de débouché. La Russie compte alimenter sa demande intérieure avec des prix au rabais et revendre plus cher le pétrole extrait sur son sol. 

Ce grand jeu diplomatique et économique ne se déroule pas sans des intimidations militaires car l’enjeu est considérable dans la confrontation États-Unis – Chine qui va occuper les années qui viennent. Les USA veulent garder l’Europe occidentale à leurs côtés en vassal complaisant et sans poids militaire comparable, ce qui ne serait pas le cas si elle s’ajoutait celui de la Russie. L’affaiblissement de la Russie et son détachement de l’Europe laisserait les mains libres à l’hégémonie américaine… On est loin de la défense de la démocratie ukrainienne et de son peuple en partie manipulé par des puissances étrangères mais la guerre économique s’appuie toujours sur la puissance militaire et parfois elle se mue en guerre militaire comme en 14-18 et 39-45 ! 

Les peuples ont le droit du choix de leurs alliances 

A l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. 

Ne pas l’exprimer peut les entraîner 

Dans la guerre malgré eux ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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