vendredi 20 décembre 2013

Les Mirages volent en Rafales !

L’inversion du chômage est confirmée par le chef de l’État. Dormez bonnes gens, je m’occupe de vous, par ici la bonne soupe… populaire. L’État était en faillite en 2002 selon François Fillon mais depuis tout va forcément mieux, le socialisme a les bonnes recettes. Si, si, Moscovici, Cazeneuve et Sapin ne cessent de le répéter et s’apitoient sur notre fardeau fiscal qui sera allégé dès la dernière côte franchie. Ces faire-valoir du maître de l’enfumage ont bien du mérite quand on a que « l’impôt à donner en partage »… mais les mirages volent en rafales !
 

Entre le pouvoir et nous il ne faut pas trop de chiffres, on n’est pas assez formés à la politique pour comprendre. D’ailleurs le Président inversera la courbe du chômage malgré les chiffres de l’INSEE qui lui ne voit qu’un plateau à 10,5% et une croissance insuffisante pour inverser la tendance. Les chiffres sont perturbants et incompréhensibles pour les cerveaux du peuple, il faut les fondre dans les discours où l’esquive est l’art du politique. Alors je vous propose de faire un voyage dans les chiffres, histoire de soulever le voile de la désinformation économique.

Commençons par ce sigle souvent évoqué, le PIB, Produit Intérieur Brut au prix du marché (le GDB pour les anglo-saxons, Gross Domestic Product). On l’évoque quand on nous parle de croissance, vous savez celle qui est toujours presque arrivée et qui augmentera demain. La croissance c’est l’évolution du PIB qui mesure l’enrichissement (ou l’appauvrissement) de la nation. Le PIB c’est 2012 Mds€ en 2012 et du même ordre en 2013. Le PIB est l’addition de trois grands secteurs :
-l’activité des agents économiques privés
-L’activité des administrations
-Le solde du commerce extérieur.

Nous avons ensuite le budget de l’Etat qui retrace les seules opérations de recettes et dépenses de l’Etat central pour un total de 373,5Mds€. Du côté recettes, fiscales surtout, on a 287,8Mds€ d’où un déficit de 71,9Mds€ soit 25% des recettes ! Le budget de l’Etat n’est qu’une composante de la dépense publique, dont il ne représente que moins d’un tiers. Il permet d’assurer le coût de ses missions régaliennes (enseignement, sécurité, défense, justice etc…).
 
Le véritable indicateur des capacités de dépense d’un pays c’est l’écart entre les recettes et la dépense des administrations publiques (ou dépenses publiques). Elle rassemble les dépenses de l’État et de ses satellites, des collectivités territoriales (235 Mds) et surtout des administrations de sécurité sociale (540 Mds) dont les besoins constituent environ la moitié de l’ensemble. Rapportée au PIB, la dépense des administrations publiques, d’un montant de 1120 milliards d’euros en 2013 (702 milliards en 2000-1151Mds€ en 2012), atteint 56% de celui-ci (48,8% en 2000). La France doit affronter le problème pour l’instant sans solution d’une croissance de ses dépenses publiques bien supérieure à celle de son PIB. Distribuer plus que l’on ne dispose traduit un appauvrissement de fait.
 
Côté recettes nous avons les prélèvements obligatoires. On entend sous ce terme les impôts, cotisations et taxes de toutes natures (environ 200 en tout) affectés au financement de la dépense publique. Ils mesurent l’ensemble des prélèvements sur les ménages et les entreprises effectués par les administrations de sécurité sociale, l’Etat et les collectivités locales. Ceux-ci sont de l’ordre en 2013 de 1020 milliards, soit 46% du PIB. Dans cette dépense interviennent toutes les prestations sociales cumulées distribuées à tous les niveaux pour environ 600 milliards soit 60% des dépenses publiques.
 
On constate que le solde des administrations est négatif de 100 milliards auxquels il faut ajouter les emprunts des collectivités locales et des entreprises publiques. Il met en évidence un besoin de financement que l’on va devoir combler par l’emprunt qui est de l’ordre de 120 milliards. C’est ce que l’on appelle les déficits publics. L’ensemble des besoins de financement cumulés constitue la dette publique, actuellement de 1930 milliards mais qui augmente chaque jour (actuellement 5000 euros par seconde) et atteindra dans les prochains mois le chiffre symbolique de 2000 milliards.
 
Le constat euphorique de nos gouvernants se traduit en fait par le fonctionnement d’un Etat qui, à lui seul, dépense aujourd’hui environ 30 % de plus (100 milliards) que l’ensemble de ses recettes (370 Mds). Revenir à l’équilibre à dépenses constantes supposerait de multiplier par 3 l’impôt sur le revenu ou d’augmenter les taux de TVA de 65%. On est donc loin du compte et le mirage du 3% de déficit public par rapport au PIB en 2015 prend l’allure d’un autre défi exposé ainsi.
 
Nous oscillons entre un besoin d’emprunt de 120 à 160 milliards et la dette publique, cumul des déficits, ne cesse de croître. Il est vain et passablement mensonger d’invoquer une reprise de la croissance pour résoudre ces difficultés. Seule une croissance du PIB supérieure à 5% permettrait d’augmenter les recettes fiscales et sociales à la mesure des besoins courants, perspective fort improbable et pour longtemps. Par ailleurs nous ne remboursons que les intérêts d’emprunt dans lesquels disparait la majeure partie des impôts sur le revenu.
 
Enfin il faut noter que les taux bas d’emprunt ne sont pas garantis. L’abaissement de la note de l’UE par l’agence de notation Standard & Poors de AAA à AA+ montre que la confiance dans l’Europe s’érode et la France peut se trouver visée particulièrement après les critiques sur son budget 2014. Passer de 2 à 3% le taux d’emprunt c’est 30 milliards de plus de dépenses ! Tous les beaux discours ne sont que des mirages destinés à gagner du temps et plus ils arrivent en rafales plus c’est mauvais signe.
 
Le chemin à suivre n’est qu’une voie étroite pour un Etat qui attend la croissance, ne maintient l’emploi que par des aides sociales, ne peut assumer la compétitivité de ses entreprises, maintient des prestations sociales plus coûteuses que dans les autres pays, et atteint le seuil de tolérance et de rendement de l’impôt. Avec un euro trop fort qui convient à l’Allemagne, il n’y a aucune chance de peser suffisamment pour faire prendre des mesures à la BCE dans le sens de l’affaiblissement de l’euro (ce qui n’est d’ailleurs pas dans ses statuts) comme le font les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et le Japon. Toutes les actuelles incantations publiques ne sont que miroir aux alouettes qui font appel à la crédulité des citoyens. Le courage, c’est la sortie de l’euro mais là… il faut encore que le citoyen le croie et qu’il l’impose !
 
Quand on dépense plus que ce que l’on reçoit, on fait un pari sur l’avenir.
 
Ce que l’on fait pour les retraites en est une symbolique.
 
Imprévoyance, enfumage et solutions de facilité  

Sont mères des tourments futurs !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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