lundi 23 décembre 2013

Faut-il sortir de la zone euro ou de l’UE ? (1ère partie)

Il est temps de commencer des réflexions sur la présence de la France dans des traités qu’elle ne signerait certainement pas aujourd’hui car les 54% pour le « OUI » à Maastricht basculeraient sur le « NON » avec ce pourcentage au minimum. L’avis des électeurs avait enfin été sollicité alors que cette affaire était connue depuis longtemps des partis politiques qui n’en avaient pas fait leur cheval de bataille préférant contribuer tranquillement à l’élaboration du texte du traité. 

Il est inutile de redire ce qu’a été le déni de démocratie du traité de Lisbonne, voté par voie parlementaire alors qu’il n’était que la copie quasi-conforme de la Constitution Européenne que les citoyens français avaient refusé comme les Irlandais. D’ailleurs l’Irlande a dû accepter de refaire voter ses électeurs, dans un grand souci de démocratie de l’UE, pour finalement adopter le traité. « Depuis l’antiquité grecque, la démocratie est censée s’articuler sur trois composantes. La sphère du privé (Oikos), la sphère citoyenne (Agora) et la sphère publique et administrative (Ecclesia), que l’on peut aussi définir comme l’expression explicite du pouvoir » (Agoravox). Lorsque cette triple articulation n’existe pas, le processus démocratique n’existe pas non plus. Un pouvoir totalitaire ou tyrannique s’empare des trois composantes, intervenant sur la sphère du privé et supprimant celle de l’expression citoyenne. 

C’est le premier et le plus grave problème que pose l’Union Européenne. Cette Europe est mercantile aux mains des multinationales et des banquiers qui confisquent la démocratie par politiques et technocrates interposés. Le dernier sommet sur l’Union bancaire, qui a accouché d’une souris, hormis le fait qu’en cas de faillite bancaire, ce sont les actionnaires et les créanciers qui seront touchés d’abord. Toutefois les épargnants passeront à l’écrémeuse à partir de 100.000 euros. Que l’épargnant ne pense pas qu’il lui suffit de répartir son argent sur plusieurs banques. Le fonds commun de garantie (l’Allemagne refuse déjà de payer pour une banque non allemande) est ridiculement faible avec 50 milliards constitués sur 10 ans à partir de 2015. Il n’empêchera donc pas le risque systémique car toutes les banques sont interdépendantes. 

Cet accord n’a rien d’historique car c’est seulement une victoire de plus d’Angela Merkel qui protège ses caisses d’épargne régionales en obtenant un plafond d’application des actifs suffisamment haut pour les exclure de l’accord. Elle revient de plus sur le Mécanisme Européen de Stabilité qui instituait une communauté de l’aide et non une sorte de droit de tirage par pays. Si l’on ajoute que la BCE peut toujours prêter aux banques en difficulté et que la politique d’austérité soutenue par l’Allemagne est réaffirmée, c’est une victoire allemande sur toute la ligne. 

L’Europe de la défense n’existe toujours pas même si des accords sur les productions militaires peuvent être trouvés comme pour l’aviation civile. Déjà seuls le Royaume-Uni et la France disposent de l’arme nucléaire et ne sont pas disposés pour l’instant à les mettre partiellement sous contrôle européen. Par ailleurs nos expéditions africaines montrent rapidement les limites de la coopération européenne. Les politiques étrangères sont d’ailleurs différentes entre l’Europe du Nord et celles du Sud, ne serait-ce qu’en ce qui concerne les pays donnant sur la Méditerranée sans parler des liens transatlantiques du Royaume-Uni. La seule politique de défense commune c’est l’adhésion à l’OTAN ! 

L’Europe sociale n’existe pas plus. Non seulement les disparités sont grandes mais certains pays comme l’Allemagne en jouent pour obtenir des coûts de main-d’œuvre plus bas en important des sous-ensembles fabriquées dans les pays de l’Est. L’Europe économique est non seulement loin de marcher d’un même pas mais surtout règne le chacun pour soi et une pression allemande sur les pays cigales que retransmet Bruxelles. Le futur accord transatlantique n’est qu’un accord commercial destiné à renforcer le flux d’importations et d’exportations. C’est un lien de plus avec les États-Unis qui ont déjà la mainmise sur une Europe qu’ils ont poussé à naître selon leurs convenances.

Enfin la citoyenneté européenne n’est pas véritablement née, mis à part le sentiment de partager la même monnaie dans la zone euro. L’Estonien et le Portugais s’ignorent et la connaissance historique, géographique et culturelle des pays entre eux n’a pas beaucoup progressé. La barrière de la langue et la distance restent des obstacles après 13 ans de destins liés. Rien de tangible n’a vraiment évolué et les réflexes nationalistes sont de retour. L’affrontement depuis la fin du XIXème siècle entre la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France  a juste mis de côté la guerre militaire pour la guerre économique. 

On en reste aux liens naturels et historiques. Les échanges d’étudiants ont toujours existé, les chercheurs ont toujours créés des liens, les marchands n’ont cessé de vendre et d’acheter au-delà des frontières et pour les gouvernants les « camps du Drap d’Or » n’ont jamais cessé. Ce qui est nouveau sur ce continent presque en entier, c’est l’hégémonie d’un pays d’un autre continent avec une pression monétaire, financière, économique autour d’un lien militaire maîtrisé de plus par la même nation.

Alors, en dehors de l’intérêt des multinationales et des banquiers, que reste-t-il de l’espoir européen qui a transcendé un moment la jeunesse de ce pays ? Le chômage, la peur de l’avenir avec le poids des retraites à assumer, la perte de démocratie, l’ouverture à une culture et un culte envahissants, le sentiment de ne plus rien maîtriser et de perdre notre identité sans savoir vers où nous mènent quelques centaines d’individus aux commandes économiques, financières, technocratiques et politiques, nous fait entrevoir que l’UE n’avance pas vers le bonheur des peuples mais vers la puissance de ceux qui en ont maquillé leurs véritables objectifs personnels. 

Nous examinerons ce que disent les partis français, le bilan et les perspectives de l’UE dans un prochain article pour entrevoir ceux, bloqués dans la pensée unique, qui n’ont rien envie de changer, ceux qui font croire qu’ils vont pouvoir changer, ceux qui proposent des cheminements irréalistes et ceux qui essaient d’apercevoir combien il faudra de sincérité, de volonté, d’abnégation et de courage pour tracer une autre route démocratique et qui auront besoin de français informés, réfléchis et inébranlables pour prévoir l’avenir et vaincre l’adversité. 

« Rien n’est plus nécessaire au gouvernement d’un État que la prévoyance, puisque par son moyen, on peut aisément prévenir beaucoup de maux, qui ne se peuvent guérir qu’avec de grandes difficultés quand ils sont arrivés. »
Testament politique d’Armand Jean Du Plessis Richelieu 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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