jeudi 26 décembre 2013

Faut-il sortir de la zone euro ou de l’UE ? (3ème partie)

Avant d’en venir à l’examen des positions des partis de droite, il faut parler du Parti de Jean-Pierre Chevènement qui est un cas à part. Il n’y a pas de meilleur chantre de la sortie de l’euro pour l’adoption d’une monnaie commune et son dernier livre est très explicite sur ce point. Il préconise l’abandon de l’euro pour une monnaie commune, bâtie sur un panier de monnaies européennes, servant de monnaie commerciale et financière pour les monnaies nationales. Elle permettrait de dévaluer le franc par rapport au mark qui avait une parité de 1 pour 1 avec l’euro à sa naissance. Par ailleurs sa vue géopolitique s’étend de liens renforcés avec la Russie à ceux avec la zone méditerranéenne. Sa position sur l’immigration se confond avec celle du parti socialiste mais il s’en éloigne pour ce qui concerne l’Education Nationale et la formation. Il préconise de s’affranchir de la tutelle des États-Unis et reconnait que l’Europe est mercantile et à la botte des multinationales et des banquiers.

L’UMP s’éloigne définitivement de la politique gaulliste depuis notre adhésion plénière à l’OTAN sous Sarkozy. La vassalisation aux États-Unis explique notre présence en Afghanistan, l’expédition libyenne et nos menaces sur la Syrie. Elle se manifeste aussi en Afrique occidentale, terrain de chasse que les USA nous laissent car leur attention et ses forces navales en particulier sont désormais sur la zone pacifique. Étant donné que la Chine et la Russie n’ont aucun intérêt à s’opposer à des opérations dites humanitaires dans une zone non stratégique, l’approbation de l’ONU nous est acquise d’avance surtout quand nous fournissons les hommes et le matériel à nos frais. Par ailleurs l’UMP n’a plus de véritable vision géopolitique sinon de ne pas perdre pied dans nos anciennes colonies et de se faire accepter comme gendarme de l’Afrique, position commune avec les socialistes. 

Sur le plan économique, l’UMP réclame moins d’impôts mais en a créé plus que le PS durant l’ère Sarkozy. Il réclame moins de dépenses publiques mais il n’a pas réussi à les diminuer. On peut penser que certaines mesures comme la non-taxation des heures supplémentaires ou le retour aux 35 heures seraient de nature à le différencier du PS mais on ne voit pour l’instant aucun plan d’ensemble capable d’inverser la tendance. La sortie de l’euro est toujours annoncée comme catastrophique par Alain Juppé sans autre forme de démonstration. La position sur les problèmes de société comme le mariage pour tous et l’immigration montrent des clivages au sein du parti et des positions fluctuantes et alambiquées. La non-performance de l’Éducation Nationale ne suscite pas de véritable mobilisation pour une autre vision de l’enseignement et de la formation en dehors de la critique par ce parti d’opposition. On peut dire qu’en gros UMP et PS c’est bonnet blanc et blanc bonnet. De Gaulle est bien mort même s’il survit chez quelques politiques de ce parti. 

Au-delà de l’UMP et en son sein même il y a des groupuscules, des mini-partis, qui tentent de faire entendre des voix différentes, différentes sur l’UE ou l’euro, différentes sur l’immigration, différentes sur les problèmes de société, différentes sur l’éducation, différentes sur la formation et la recherche, différentes de la pensée unique qui règne depuis trente ou quarante ans sur notre pays. Parmi les hommes politiques dont on parle peu mais qui font partie de cette pensée différente, on peut citer Jacques Myard, encore UMP, Christian Vanneste, ex-UMP, et le parti de Jérôme Asselineau, le plus en pointe sur la sortie de l’UE mais peu concerné par l’immigration. C’est Dupont-Aignan qui est le plus actif dans les médias depuis que Philippe De Villiers a pris du recul. 

Sur l’Europe sa position est assez proche de celle de JP Chevènement. Ils prônent tous les deux la monnaie  commune et non unique et une démocratie plus proche des peuples avec une Europe des nations. Il mène un harcèlement médiatique de l’UMP qui ne donne pas beaucoup de résultats et DLR ne rassemble pas, faute de préconiser un rassemblement des autres forces de droite en dehors du FN et de l’UMP sans afficher son leadership. La vision d’un rassemblement allant de Chevènement à Marine Le Pen n’a aucune chance d’aboutir. Par ailleurs la position sur l’immigration, en particulier musulmane, est assez floue même si elle s’est manifestée sur le voile. L’ancrage se veut et se proclame gaulliste mais l’homme est mort et la France a changé. Par contre ce sont ses idées qu’il faut mettre à l’ordre du jour. 

Ce tour d’horizon se veut sans complaisance mais dans le respect de la diversité des opinions, exercice difficile mais nécessaire avant d’en tirer des vues politiques et géopolitiques réalistes et prospectives. C’est ce que j’essaierai d’éclairer pour notre réflexion dans le prochain et dernier (provisoirement) article sur ce sujet qui traitera aussi du FN. Le MPF se veut porteur d’idées sous l’influence de ce visionnaire qu’est Philippe De Villiers qui a pensé avant beaucoup d’autres que, parmi les multiples sujets politiques d’importance, deux avaient une importance majeure, l’Europe et l’immigration. Tous les autres s'y rattachent. 

Il y a deux solutions pour sauver un pays, 

Soit un homme charismatique et visionnaire entraîne le peuple, 

Soit le peuple, fort de son identité, reprend son destin en main 

Et le confie au plus capable de faire passer l’État avant lui-même, 

Sauf si l’étranger pourrit la démocratie et les hommes de pouvoir. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon