jeudi 5 décembre 2013

Chine-Russie et USA : deux mondes qui s’affrontent



Que ce soit en Syrie, en Iran ou en Ukraine nous assistons à un combat hégémonique sur fond de guerre économique. La deuxième place que vient de prendre le yuan dans les transactions financières mondiales passant devant l’euro en est une autre facette. Son bon est spectaculaire puisque de 1,89% en 2012, il est passé à 8,6% en octobre 2013 alors que l’euro est passé de 7,87% à 6,64%. Ceci illustre bien le déclin de l’Europe et la montée de la Chine.

Pendant ce temps l’UE, poussée par les Etats-Unis, tend la main à l’Ukraine sans en discuter avec la Russie, pays toujours considéré comme infréquentable. La raison est claire, c’est de non seulement isoler ce grand pays qui s’est toujours opposé à la mainmise des alliances occidentales sur son économie et de créer une union douanière avec l’Ukraine. Ce dernier faisant partie d’une zone de libre-échange avec la Russie, cela permet aux économies occidentales d’entrer sur le marché russe. On comprend que Poutine ne soit pas dupe de cette grosse ficelle et tienne à garder un pays agricole riche dans son orbite commerciale et dans un glacis de protection comme il le fait pour la Syrie.

Tous les moyens sont bons pour faire plier l’Ukraine dans le giron transatlantique. Le sauvetage de la démocratie est savamment orchestré par l’UE et relayé par les médias. Des djihadistes venus de Crimée et de Syrie, ces derniers convoyés vers l’Ukraine par la Turquie, encadrent les manifestants à Kiev et sont prêts à affronter manu militari les forces gouvernementales. On a vu leurs drapeaux dans la manifestation. Tout cela sent le coup d’État mené de l’extérieur en s’appuyant sur l’opposition politique du pays avec son égérie emprisonnée.



Le gouvernement ukrainien est poussé dans ses retranchements avec la prise de contrôle de la mairie de Kiev. Le but est de le pousser à bout et de le faire maîtriser ce « pogrom » par la force. On pourrait alors crier à notre droit d’ingérence occidentale pour faire triompher la démocratie… comme d’habitude. C’est l’application systématique de la théorie du chaos dont j’ai déjà parlé. Faire basculer l’Ukraine est beaucoup plus important que de récupérer la Moldavie qui a d’ailleurs donné son accord car c’est le pays le plus pauvre de l’Europe.

L’opération de déstabilisation de la Syrie se heurte à la Russie aidée par la Chine mais l’Arabie Saoudite et le Qatar, avec l’accord des USA (et de la France), continuent de déverser hommes, armes et argent sur les « forces libres » de ce pays dont la mise au pas peut se faire par un chaos économique créé par une guerre civile prolongée. C’est aussi par l’argent et (ou) la guerre que le bloc transatlantique tisse une toile sur l’Afrique où la Chine cherche des ressources minières, s’investit dans l’économie, mais aussi autour du pôle Chine-Russie en s’approchant à l’ouest de la Chine via le Pakistan, l’Afghanistan et désormais l’Iran.


Le blocus de l’Iran pousse ce pays à négocier, le but a été atteint sous couvert de la stigmatisation de ce pays sur son accès possible au nucléaire militaire. Nul ne se pose la question de savoir pourquoi le Pakistan peut faire ce que l’on refuse à l’Iran, le Pakistan pouvant tout aussi bien menacer Israël que l’Iran. Tout ceci n’est qu’une stratégie géopolitique qui voit s’affronter deux blocs dans une guerre économique mondiale de captation des marchés, des ressources du sol, des trajets de gazoducs, des accès et passages maritimes, de l’espace.

La puissance économique et militaire des États-Unis, la puissance financière anglo-saxonne de la City lui permettent encore d’imposer ses dictats à l’Europe, de nous mettre en première ligne diplomatique au sein du Conseil de Sécurité, de nous donner des terrains d’action pour nos forces d’intervention en Afghanistan, en Libye, en Afrique et indirectement en Syrie. L’Europe est pieds et mains liés dans une union transatlantique économique alors qu’elle ne dispose plus d’une force militaire suffisante pour se passer de l’OTAN. Elle est d’ailleurs en train de perdre pied économiquement, ce qui permettra d’en mieux guider sa destinée. 

Nous voyons donc se dérouler sous nos yeux une gigantesque guerre économique qui ne recule devant aucun moyen pour arriver à ses fins en prenant les peuples en otage avec la complicité de l’élite des nations représentée en France pour une « ENArchie » qui vit au crochet d’un peuple qu’elle appauvrit au profit de puissances économiques, financières et bancaires. Il appartient aux peuples d’Europe d’en être conscients et de refuser l’hégémonie qui va les détruire quand on leur fait croire, comme pour les juifs au Vel d’Hiv, que dans l’UE réside leur salut. A de Gaulle qui lançait : « Vive le Québec libre », il faut répondre en écho « Vive la France libre ». 

Un pays aveuglé ne discerne plus ni le danger, ni l’horizon. 

Il regarde ses pieds pendant que d’autres visent l’étoile 

Qui guidera le troupeau de moutons vers la tonte, 

Et l’abattoir !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Manguedoc-Roussillon 

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