lundi 9 septembre 2013

Fausse monnaie, fausse croissance… mais vrai chômage !

La BCE, et surtout la Fed aux USA et la Banque du Japon, inondent l’économie mondiale de fausse monnaie. La croissance occidentale reste pourtant famélique et le chômage ne montre pas de signes convaincants de réduction en Europe et aux États-Unis. Cette situation particulièrement périlleuse et instable ne tient que par des trucages d’indice incessants, des informations tronquées pour maintenir des indicateurs au plus haut dans les différentes bourses. 

Pourtant les États-Unis, qui influent sur toutes les bourses, ne sont pas dans une situation qui mérite ce regain d’optimisme comme le révèle le marché de l’emploi en baisse (on met l’accent sur une baisse légère du chômage mais le taux d’emploi baisse) et un déficit commercial en augmentation. L’enquête de Challenger aux États-Unis met en évidence une hausse de 34% des licenciements au moins d’août 2013 et une envolée de 57% sur les 12 derniers mois ! 

Néanmoins journalistes et politiques se relaient pour maintenir un vent d’optimisme. Il faut savoir que les bourses sont actionnées très majoritairement par des robots qui interprètent les variations des actions et interviennent à la vitesse de la lumière. S’ils reçoivent un signe programmé comme négatif, ils réagissent tous instantanément dans le même sens à la baisse. Ils peuvent alors provoquer un krach et propager la panique avant toute correction. Tout doit donc être fait pour « aveugler » ces robots-traders. 

La croissance mondiale est tirée actuellement par les pays émergents, qui absorbent 35% des exportations des pays occidentaux, et les liquidités déversées par les banques centrales. En 2013 la croissance mondiale est prévue à 2,4% mais l’Europe n’y participe que pour 0,3%. L’occident ne voit pas réellement décoller sa croissance et en Europe la BCE vient de réajuster à la baisse sa prévision de croissance pour 2014. 

Nous vivons donc dans un monde de l’illusion, qui maintient une demande acheteuse, à crédit encouragé, et dans un monde à risque où tout peut basculer d’un jour à l’autre. Quand ? Nul ne le sait car un équilibre instable peut durer éternellement mais un souffle peut le déstabiliser. Or la probabilité d’arrivée d’un souffle est loin d’être nulle, elle augmente même chaque jour.

La planche à billets ne peut pas s’arrêter sans créer le choc qui fera basculer la tour infernale de l’économie mondiale actuelle, nous sommes donc condamnés à une fuite en avant. Tout est basé sur la confiance générale, confiance que tous s’ingénient à maintenir mais qui nous maintient dans l’illusion. On peut empiler des « Legos » pour construire une tour. Un Lego de plus par jour permet d’en augmenter la hauteur et généralement rien d’autre ne se passe. Puis un jour ce Lego de plus fait s’écrouler l’ensemble. 

La moyenne des croissances des pays du monde ne peut être supérieure à ce que la recherche, l’innovation, la créativité et la productivité peuvent permettre. Si cette moyenne est plus haute, c’est qu’elle est poussée artificiellement. Or le chiffre de 2,4% est poussé par la fausse monnaie et on peut penser que la moyenne en ce début de siècle devrait être de 1,5%. Ce chiffre est avancé comme celui permettant de ne pas augmenter le chômage. 

Si tous les pays s’en tenaient à ce chiffre, l’économie ne serait pas en surchauffe et aucun ne serait en difficulté. C’est évidemment de l’utopie mais c’est ce vers quoi on devrait tendre. Mais la folie des hommes veut que l’appât du gain pousse à la surchauffe et au déséquilibre de la machine économique par une création supplémentaire de monnaie. Une machine en surchauffe ne peut pas durer longtemps, un jour elle explose. 

La France dans tout cela ferme les yeux sur le régime de la fourmi économe, tire des plans mirifiques sur l’avenir, comme Perrette et le pot au lait, abandonne le levier régulateur de sa monnaie, se gargarise de bonnes nouvelles, jugule le chômage par des emplois plus ou moins fictifs et laisse filer sa dette. Le « demain on rase gratis » devient son crédo mais, ce faisant elle ne se prépare nullement à des lendemains qui déchantent. La chute, non amortie, n’en sera que plus dure. Sa dette deviendra son talon d’Achille si la confiance en sa capacité à résister est mise en doute. Comme les pays du sud, ses taux d’emprunt dépasseront alors les limites tolérables et nous devrons renflouer l’État… ou faire faillite et se vendre à la troïka UE-BCE-FMI. 

Un Etat cigale ne prépare pas son avenir 

Il repousse devant lui les difficultés 

Le jour où elles le rattrapent 

Elles le tuent ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon