lundi 16 septembre 2013

Sortie de la crise ou sortie de l'euro ?

La crise de 2008 a bon dos pour justifier les faibles performances de la zone euro dans l’économie mondiale. De 2000 à 2007 les pays de la zone euro ont globalement eu des croissances plus faibles que les pays hors zone euro ou d’Amérique du Nord, comme le montre le document ci-dessous.

Taux de croissance des pays de la zone Euro comparés avec les pays extérieurs à la zone (%)
                                             1986/2012                           1986/1999                       2000/2007
Canada                                     2,48                                     2,75                                     2,84
France                                      1,81                                     2,30                                     2,06
Allemagne                                1,86                                     2,36                                     1,67
Italie                                          1,24                                     2,00                                     1,56
Japon                                        1,70                                     2,44                                     1,52
Grande-Bretagne                      2,45                                     3,07                                     3,16
États-Unis                                 2,59                                     3,30                                     2,59
Suède                                       2,31                                     2,21                                     3,23

Source : FMI, Outlook Database, Avril 2013

Si l’Allemagne s’en tire désormais nettement mieux c’est qu’elle a mené un politique non coopérative et de déflation salariale qui a augmenté sa compétitivité, ses exportations. Ceci étant, elle a généré du chômage chez les autres membres de la zone euro moins exportateurs ou chez ceux qu’elle n’a pas pris comme sous-traitants. La Finlande, pourtant l’un des derniers pays à être affublé du triple A, vient d’annoncer que sa dette dépassera en 2014 les 60% du PIB voulus par Maastricht et dépassera les 62% en 2015. La Grèce n’échappera pas à une nouvelle aide avant la fin de l’année. Le Portugal s’y prépare. Seule bonne nouvelle l’Espagne n’augmente plus son chômage mais il est déjà à plus de 25%. Par contre l’Italie, troisième économie européenne, montre des signes inquiétants. Sa balance commerciale ne s’améliore que par une baisse des importations, son taux d’utilisation des capacités productives est aussi en baisse et les impayés dans le bilan des banques ne cessent de grossir. 

Si la crise européenne semble marquer une pause, on est très loin d’une sortie de crise malgré toutes les annonces faites par le gouvernement et les médias français. Notre méthode Coué a des limites. Elle empêche de prendre les difficultés dans leur réalité et de mettre en œuvre les bonnes mesures préventives et curatives. Le discours est différent en Allemagne, en Italie et en Espagne. 2014 ne verra pas une embellie significative et la zone euro restera à la traîne de la croissance. Les dettes souveraines vont se creuser et l’Allemagne va voir son économie pénalisée par les difficultés des pays du sud qui importeront moins de ses produits. 

On reste confondu devant l’argumentation des politiques défenseurs de l’euro qui martèlent le mot « catastrophe » à la moindre évocation d’une mise en doute de l’efficacité de l’euro. La catastrophe n’est jamais argumentée sérieusement. Sont-ils incapables de le faire ? Tout débat sur ce sujet tourne court et les missiles de peur qu’ils envoient régulièrement font fuir les auditeurs ou les lecteurs moutonniers. Pourtant rien ne permet de dire que les pays de la zone euro se portent mieux que les autres, bien au contraire. Si l’euro fait mieux que les autres monnaies qu’ils le prouvent ! 

C’est ce blocage « idéologique » qui paralyse notre pays. Le dogme est transformé en postulat, c’est-à-dire qu’il n’a pas à être démontré. Les deux principaux partis de gouvernement s’accrochent à l’euro comme la misère au pauvre monde. Sans doute y va-t-il de leur crédibilité depuis trente ans où ils nous poussent vers une Europe fédérale et une monnaie unique avec les résultats que nous constatons aujourd’hui ? 

Obscurantisme politique ou raisons cachées ? 

Europe  à fédéraliser ou pilotage transatlantique ? 

Asservissement des peuples ou enrichissement des lobbies ? 

Les deux mon Général ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon