jeudi 12 septembre 2013

Écologie durable ou écologie déraisonnable ?

J’ai eu l’occasion récemment d’exprimer mon opinion sur les choix énergétiques de la France où tout est mis sur les ressources illimitées du vent et du soleil au nom de l’écologie tous azimuts, écologie qui tourne à l’idéologie. Cette obstination à imposer les énergies vertes, si je puis dire contre vents et marées et quoiqu’il en coûte, fait prendre des décisions qui oublient le bien commun.

Allergique au gaz de schiste, et même aux recherches de localisation, par principe de précaution, allergique au nucléaire pour la même raison même si rien en France ne vient conforter une peur viscérale, la France tend les bras au développement durable des énergies vertes. Protection de la nature et de l’homme sont les raisons incontournables de la communication verte et personne ne doit y résister, pas plus que de préférer être riche et en bonne santé plutôt que pauvre et malade. Nous voilà donc partis pour développer éoliennes et panneaux solaires, sensés de plus donner du travail à des milliers de personnes en France. Comment ne pas se réjouir d’une telle décision ? 

La plus grosse part de la production électrique, soit 74,8% en 2012, de l’énergie produite l’est par les centrales nucléaires et la puissance installée était de 128.680 MW. Leur disponibilité (facteur de charge) est de 73% alors que pour les éoliennes il est de 24% et de 13,3% pour le photovoltaïque. Ceci veut dire qu’une éolienne de puissance de 1MW ne produit en moyenne sur l’année que 0,24MW, à peine un quart de la puissance installée. Au passage notons qu’avec 49% de la puissance totale installée, toutes sources confondues, le nucléaire fournit 74,8% de la production totale. 

En dehors de toute autre considération, le nucléaire assure une production quasi constante en permanence. Son défaut est de ne pas être modulable à volonté. Elle ne peut donc encaisser les variations journalières. C’est le rôle des centrales thermiques classiques à fuel ou charbon qui se démarrent ou s’arrêtent à volonté. Ce couple répond donc aux besoins avec la production minimale nécessaire en permanence assurée par le nucléaire et le reste par le thermique. Malgré tous les surcoûts qui lui sont attribués pour raison de sécurité, en particulier après Fukushima, le nucléaire reste moins cher que toutes les autres énergies mis à part l’hydraulique. 

Nous avons lancé le pari des énergies renouvelables, pari justifié si l’on parle d’indépendance énergétique (même si les mines d’uranium sont largement réparties sur tout le globe et dans de nombreux pays sûrs) et sur le plan de la sécurité. Il l’est beaucoup moins en matière de coût car non seulement les coûts sont plus élevés mais il faut y adjoindre la surcharge de la facture du consommateur (CSPE) mais aussi tout ce qui est à charge de l’EDF par le prix de rachat très attractif consenti ainsi que toutes les charges publiques dues au cumul des avantages fiscaux. Selon la Cour des Comptes la CSPE ne couvrait plus les surcoûts imposés à l’Edf en 2012.

Mais la France est un pays exportateur et la balance commerciale sur les énergies renouvelables était déficitaire de 800M€ en 2009. Il est important de comprendre pourquoi. La vente des énergies renouvelables est prioritaire dans les échanges commerciaux. Quand un quota de Mwh, non consommé en France, est disponible et à vendre, cela ne coïncide pas forcément avec les besoins des pays limitrophes. Il arrive que l’on vende même à prix négatif car il faut se débarrasser de cette énergie non stockable. Le vent est capricieux et le soleil aussi en plus du cycle jour-nuit. 

Quand on sait que, lorsque les énergies renouvelables ne fournissent pas à contrario la puissance nécessaire, il faut démarrer des centrales thermiques polluantes et productrices de CO2, on mesure l’aberration de continuer à promouvoir les énergies renouvelables plus coûteuses et pouvant indirectement devenir polluantes. L’idéologie verte se fiche éperdument des problèmes économiques, c’est là le drame. Malheur supplémentaire c’est que l’on ferme les centrales à gaz qui sont le poumon régulateur d’autant plus indispensable qu’aux variations de la consommation électrique il faut ajouter les caprices de production des énergies renouvelables. Enfin une voix s’élève et pas n’importe laquelle, celle du patron de Gdf Suez. 

Dans une intervention au congrès annuel de l'Association française du gaz, le patron de l'énergéticien français a regretté que le secteur ait fermé ou mis à l'arrêt ces dernières années "30 à 40 gigawatts" (GW) de centrales électriques à gaz, dont 10 GW pour son groupe, soit "30 fois" la puissance de la centrale nucléaire française de Fessenheim, sans que les autorités ne s'en inquiètent. 

"On ne peut pas laisser notre industrie énergétique européenne se détruire en partie, dans le silence et dans l'indifférence", ne serait-ce parce que "les centrales à gaz sont extrêmement utiles pour servir de back-up (renfort en cas de pics de consommation électrique, ndlr) et feront défaut si on les laisse se fermer", a plaidé M. Mestrallet. 

Pourfendant l'"instabilité des règles européennes" et la "balkanisation des politiques énergétiques" des différents Etats membres, M. Mestrallet a de nouveau appelé l'Union européenne à freiner le développement des énergies renouvelables, qui revient selon lui à ajouter des surcapacités à un marché déjà surchargé. 

"Dans le secteur énergétique, depuis 5 ou 6 ans, on a massivement subventionné des créations de capacités additionnelles (énergies renouvelables), ces surcapacités-là s'ajoutant aux surcapacités existantes, et les entreprises sont le dos au mur, contraintes de faire un travail d'élimination et de fermeture" de leurs installations les moins rentables comme les centrales à gaz. 

Au contraire, "il faut d'abord sauver les centrales à cycle combiné à gaz, avant de subventionner l'installation de capacités supplémentaires, en mettant en place des paiements de capacités", a plaidé le patron de GDF Suez. 

Même si ce discours n’est pas dénué du souci de faire marcher son entreprise, il est parfaitement réaliste face à une idéologie qui perd le sens du bien commun. 

Idéologie et politique mènent notre pays 

En occultant la réalité du bien commun 

Au secours la raison nous quitte ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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