jeudi 5 septembre 2013

Alors, on met le champagne au frais ?

Les bonnes nouvelles se succèdent à un rythme sans précédent et la question se pose désormais sur l’éventualité de fêter cette envolée d’espoir. L’OCDE vient de prédire une hausse de +0,3% du PIB pour 2013, croissance bien au-dessus de la fourchette de prévision du Ministre des Finances qui s’en tient à une fourchette de -0,1% à +0,1%. Il convient donc de saluer la prudence de ce grand gestionnaire qui nous cachait cette bonne nouvelle, tout modeste qu’il est. 

Mais ce n’est pas tout, les impôts sont en « pause ». Le barème des impôts sur le revenu va être réévalué selon l’inflation et toute velléité d’invention d’impôts, taxes ou cotisations, sera tuée dans l’œuf ! Le vent de « ras-le-bol » des français a soufflé jusqu’à l’Élysée et Bruxelles a trouvé que la France était trop efficace dans la collecte et l’invention des impositions diverses et variées. Notez que cela arrange bien notre Président qui se fait un plaisir de satisfaire Bruxelles à partir du chiffre de surcroît de croissance annoncé et de donner un coup de pouce à sa cote d’amour qui en a bien besoin. 

Autre sujet de satisfaction, c’est la Syrie, ou tout au moins celui de devenir le partenaire numéro un des États-Unis et le fer de lance de la stratégie américaine. Nous sommes le seul pays européen qui restons fidèle parmi les douze conjurés dont les chefs militaires s’étaient réunis pour préparer la « punition ». En plus nous on est prêts à intervenir, le chef a son habit de guerre, les Rafales vrombissent, les cheminées du Charles De Gaulle fument. Ces pauvres américains ont besoin de l’appui parlementaire pour se conforter. Ils n’ont pas comme nous le succès du Mali pour croire en leurs étoiles. 

Tout porte à l’optimisme et le Président en distille chaque jour une petite rasade. Tout ? Enfin presque. On déplore quelques petits riens à peine contrariants. L’INSEE n’a pas revu ses prévisions, ni Bruxelles pour la croissance française. Pourquoi ne sautent-ils de joie ? Serait-ce les difficultés des pays émergents, la croissance chinoise en baisse, la roupie indienne en difficulté, la faible croissance américaine, pays avec lesquels nous commerçons, ou une mauvaise volonté de prévisionnistes contredits ? Évidemment la Grèce veut 10 milliards de plus, le Portugal 6. L’Espagne et l’Italie voient de nouveau leur taux d’emprunt grimper. Tout n'est pas rose en Europe. Le +0,3% n’est pas garanti tant que nos entreprises n’auront pas retrouvé la compétitivité nécessaire à l’augmentation de leurs marchés. Quand notre balance commerciale s’améliore, c’est par la baisse des importations. Pas de quoi pavoiser ! 

Alors il faudrait peut-être attendre un peu pour sortir le champagne du frigo. D’autant plus que le chômage continue de grimper à 10,5% en métropole et 10,9% en incluant l’Outremer. On admire le flegme de Michel Sapin qui s’en tient à une petite baisse du chômage chez les jeunes et voit là le signe que la décroissance du chômage est en marche. Il oublie de dire que ce sont les jeunes qui bénéficient le plus des emplois aidés et que le nombre de contrats en CDD est en train d’exploser. Sûrement un signe avant-coureur ! 

Pour les impôts, il était temps, car avec une opinion, qui gronde alors qu’elle n’a pas encore ressenti réellement le poids des augmentations diverses, ce qui arrivera dès janvier prochain, peut faire émerger une contestation paralysante pour l’économie et destructrice du peu de crédit qui reste au Président. Mais chat échaudé craint l’eau froide et les français, calmés pour un temps, sont désormais sur des charbons ardents et n’oublieront pas la promesse faite. 

Pour la Syrie, le Président est piégé. Son élan de justicier pour « punir » un crime de guerre s’est brisé sur la reculade d’Obama. Parti trop tôt il se retrouve seul. Comble d’ironie, lui qui se voyait seul auprès des États-Unis et récompensé de sa fidélité, n’a même pas l’ombre d’une phrase de la Maison Blanche pour saluer l’engagement de la France. La France est ignorée au profit des États du Golfe ! Un camouflet que l’on cache soigneusement en mettant en avant les 45 minutes de téléphone avec Obama, réduites à 20 compte-tenu du temps de traduction. En plus la convocation du Parlement, pour le mercredi 4 septembre, tombe à plat puisqu’elle est sans vote et devait, normalement prendre acte d’une intervention sur la Syrie faite entre le 30 août et le 1er septembre. 

Ajoutons qu’au G20 de Saint-Pétersbourg Poutine snobe Hollande qui a perdu, par son attitude, l’occasion d’apparaître comme un médiateur dans une guerre civile aux implications géostratégiques. On a gagné une menace directe de Bachar el Assad contre la France, menace dont on ne peut pas dire qu’elle ne soit pas normale de la part d’un dirigeant qui nous voit attaquer son pays. 

Alors pour le champagne on peut attendre 

Le Nouvel An pour lancer les invitations ! 

Une hirondelle ne fait pas le printemps 

Surtout quand il est arabe ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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