jeudi 25 juillet 2013

L’euro, instrument pour une Europe asservie

L’aventure de l’euro a déjà une longue histoire sur deux générations… quarante ans depuis 1973 par la loi dite « Pompidou-Giscard » passée sous pression américaine. En effet à partir de cette date, l’Etat ne pouvait plus emprunter à la Banque de France, il devenait obligé de s’adresser à des banques privées et donc de payer des intérêts. Curieusement c’est à partir de 1974 que le déficit public s’est installé avec une hausse constante de la dette. Il est difficile d’y voir un effet du hasard quand on sait que sur 2.000 milliards de dettes, nous avons payé 1.450 milliards d’intérêts aux banques privées.

L’Allemagne, qui avait bénéficié d’une aide américaine importante après 1945, est devenue le « cheval de Troie » de la pression américaine sur de nombreux pays d’Europe. Cette alliance avec le pays le plus puissant du monde était dans le droit fil de sa politique, depuis Guillaume II, qui considère que ce pays est le centre de l’Europe et a vocation d’empire germanique. Depuis nous ne sommes pas sortis d’une pression germano-anglo-saxonne qui rêve d’une politique de libre-échange ouvrant le deuxième marché du monde, sans puissance militaire, aux exportations américaines et au bon vouloir de la City. 

Est-ce par bêtise, par orgueil ou par naïveté que François Mitterrand a voulu parachever la création de l’Union Européenne par la monnaie unique ? Nul ne le saura jamais, mais il est probable que ce président, qui rêvait de laisser un nom dans l’histoire aussi prestigieux que celui qu’il avait combattu pour accéder au pouvoir, a pensé que le moment était venu. Les français mal informés, enfumés par le rêve de leurs poilus « Plus jamais ça ! », ont permis la signature du traité de Maastricht. Comme on met un bracelet électronique au condamné, l’Allemagne avait mis la France libre sous condition. Comme on laisse ses habits civils au guichet en entrant en prison et on enfile les habits du taulard, la France a abandonné le franc et pris l’euro.

Aujourd’hui les voix, qui s’étaient élevées à gauche et à droite (Fabius, Chevènement, Seguin, Pasqua, De Villiers entre autres) pour dénoncer les défauts structurels notoires de la zone euro, ne peuvent que constater que le pire est en route. De la Grèce à l’Italie, en passant par l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, la zone euro est en feu. De Gaulle avait senti trop tard que l’accord franco-allemand avec Helmut Khôl était un piège, où grâce à sa constitution et à la Cour de Karlsruhe, l’Allemagne garantissait son indépendance. Cependant il avait laissé le message de s’accrocher à une Europe des Nations, résolument non fédérale et méfiante vis-à-vis de l’autre cheval de Troie des Etats-Unis, l’Angleterre. 
  
Le Traité de Maastricht, complété par celui de Lisbonne, a mis à mal toute indépendance de notre pays. Les menottes de l’euro sont posées et tout est fait pour lier entre eux les différents pays et rogner leurs pouvoirs régaliens. Ces menottes c’est l’union bancaire, le Mécanisme Européen de Stabilité, le contrôle budgétaire, les pouvoirs de coercition de la troïka (UE, BCE, FMI), le renforcement du rôle de la BCE, la Cour de Justice Européenne, etc.  et le futur traité de libre-échange.

La dette et le chômage des pays européens n’ont jamais été aussi élevés, continuent à croître et la récession fait plus que de rôder, hors l’Allemagne et ses satellites, pour un temps encore jusqu’à épuisement de l’Europe du Sud. L’Europe elle-même est devenue un sujet de préoccupation au niveau mondial et les Etats-Unis viennent nous déverser leurs bons conseils d’augmentation de la dette dont on attend toujours les résultats chez eux. 

L’histoire écrira un jour l’immense culpabilité de ceux qui ont cherché à imposer une Europe fédérale en contrebande, par le biais de la monnaie unique, à des peuples qui n’en voulaient pas. L’histoire écrira la perte de la démocratie dans une Europe technocratique, livrée aux banquiers, aux grands investisseurs et aux multinationales. L’histoire écrira la disparition des nations, la perte des sentiments identitaires, et l’immigration de peuplement ouverte à un continent sans frontières. L’histoire écrira la dérive d’une union sans visage, sans pouvoir politique, sans défense hors celle de ses prédateurs et qui ne sait vers quelles limites territoriales elle court. L’histoire écrira que cette aventure n’avait qu’un seul but l’argent des grandes puissances économiques et financières cachées derrière des pays puissants. Ce but c’est une nouvelle conquête sans armée de peuples corvéables et incapables de s’opposer à leur dépouillement… 

Il faut ouvrir les yeux. L'avenir de l'Europe accroché aux Etats-Unis et soumise à ces derniers est déjà acté. Les rodomontades des uns et des autres sur une Europe forte, puissante, imposant sa loi aux blocs asiatique ou américain, ne sont qu'un voile de fumée qui doit cacher que dans un avenir assez proche, l'Europe ne sera plus que le 51ème Etat des Etats-Unis. L’avenir c’est la création d'un Conseil Politique Transatlantique de haut niveau, chargé de coordonner systématiquement la politique étrangère et de sécurité de ce nouveau bloc. Au cas où quelque chose échapperait à l'OTAN, pierre angulaire de la sécurité transatlantique, dont le rôle est gravé dans le marbre du Traité de Lisbonne,  le CPT serait chargé de rectifier systématiquement les positions coordonnées... 

"Or ce tyran seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni de l'abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s'agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner... 
Ce tyran, soyez résolus à ne plus le servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre."  (Etienne de La Boétie. Discours de la servitude volontaire) 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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