lundi 15 juillet 2013

France, ton identité fout le camp ! (2ème partie)

Le 6 mai 2012 François Hollande, alors candidat, lançait à la foule venue l’écouter « Nous arrivons… c’est une mauvaise nouvelle pour les dictateurs, une bonne pour les démocrates… ». Le 14 juillet 2013, sur les Champs-Elysées, de nombreux spectateurs lançaient « Hol-lande dic-ta-teur ! » et sifflaient copieusement le président… une première dans l’histoire de la République… Triste scène qui montre une France affaiblie par la distance entre le peuple et le pouvoir.

Ce que dénonce le peuple ce sont ces incessantes invocations à la démocratie alors que le pouvoir ne la pratique guère. Il s’ensuit une situation où la satisfaction individuelle prime sur l’intérêt général et la revendication sur l’effort de chacun. La Nation est morcelée, divisée en de multiples fractions hostiles, ou concurrentes entre elles, la France est à l’encan. L’opinion publique est asservie aux fantasmes d’une minorité de saltimbanques, la politique est accaparée par trop de bateleurs poursuivant sans fin de vains débats à l’écart des vrais enjeux. 

Le changement ? Il a été désiré, puis redouté, il est désormais maudit. Dans la France d’aujourd’hui les français ont peur. Peur d’une société dans laquelle ils ne se retrouvent plus, avec ses grands nombres et ses grands ensembles, ses désordres et ses contraintes, et tous les particularismes. Ils voudraient que partout l’Etat, leur protecteur séculaire, puisse les défendre, voire les suppléer, ils ne croient plus vraiment en son pouvoir.

Dans le même temps ils se tournent vers un vent d’espérance, ils manifestent comme pour réapprendre la France comme s’ils considéraient qu’il est temps de se réveiller d’un long assoupissement à l’image des pays d’Asie. Ils ne veulent pas voir mourir le pays que leurs ancêtres leur ont cédé avec ses idéaux, ses grandeurs et ses faiblesses.

La France peut demain assurer sa place et retrouver un rôle éminent et singulier. Elle le peut à condition d’arrêter de ressasser le passé, d’élargir son horizon en changeant de perspective, et de reconnaître un certain nombre de réalités. Elle doit regarder le monde en mutation continue sans nostalgie, ni utopie, sans esprit de système non plus et savoir en faire la prospective en prenant conscience que l’Occident n’est plus le centre du monde. 

La France doit jouer de tout son poids pour refonder l’Europe qui doit se recentrer et se concentrer sur l’essentiel, sans plus jouer à toucher à tout, ni vouloir tout régir et tout réglementer. Il faut reconstituer un véritable marché commun, avec un tarif intérieur qui avait été prévu dans le Traité de Rome et ne plus être une sorte de zone de libre-échange ouverte à tous les vents. Il faut rendre sa place au social, remettre la finance à la sienne et accepter de transformer l’euro, monnaie unique, en une monnaie commune, seule à même de correspondre à l’hétérogénéité des membres de la zone euro. 

Le danger pour la France est de succomber à un axe Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne qui se dessine avec le traité transatlantique de libre-échange en pourparlers. Le couple franco-allemand se réduirait, par la dissolution programmée de notre pays, à un espace économique germanique. Pour que l’Europe puisse s’affirmer dans un monde économique dominé par une opposition frontale Etats-Unis, Chine, il faut que sa colonne vertébrale se déploie dans le sens transversal Paris-Berlin-Moscou. Ceci serait un atout majeur pour la paix dans le monde mais aussi une condition impérative de notre survie, car la France s’affaiblit chaque jour. 

Depuis quelques années, la France recule sur presque tous les marchés du monde, tandis que son industrie, qui fut grande, disparaît ou se délocalise et que faute de perspectives d’avenir beaucoup de jeunes ingénieurs s’expatrient sans nécessairement revenir plus tard en France. Pour autant que les charges fiscales et sociales soient relativement trop élevées, ceci ne peut pas cacher deux autres raisons. D’une part nous payons les effets d’une bureaucratie pesante, d’une réglementation envahissante, d’une rigidité quasi générale face à un environnement changeant. D’autre part nous avons perdu l’esprit d’entreprise. Même s’il existe encore, ici ou là, de véritables entrepreneurs, l’économie française n’est plus conquérante, elle est dans une perpétuelle défensive. 

Nous sommes dans une propension suicidaire à prolonger le malade dans une course incessante entre un passé en sursis et un avenir sans plus d’espoir. Or l’avenir sera fait largement de techniques et de façons de faire, de produits et de marchés inédits. La mondialisation économique n’est pas une punition, elle est un combat. Encore faut-il inventer, innover, investir, se porter sans cesse à l’avant-garde comme le font tous ces pays de l’Asie du Sud-Est qui émergent à une vitesse vertigineuse. 

La France peut renaître mais il faut le changement, pas celui de Hollande qui sonne notre glas dans la stagnation, mais celui de l’innovation, de la créativité, du dynamisme et de la confiance retrouvée.
 

« L'innovation systématique requiert la volonté

de considérer le changement comme une opportunité. »

Peter Drucker


« L’innovation est une alliance entre recherche,

marketing, instinct, imagination, produit et courage industriel. »

Antoine Riboud

 Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon