mercredi 17 juillet 2013

France, ton identité fout le camp ! (4ème partie)

S’il est un sujet qui est lié à notre identité c’est bien la culture. Elle nous a différenciés à travers les siècles et en particulier depuis celui des Lumières. Qu’en faisons-nous aujourd’hui ? A la montée d’une ferveur populaire, que l’on ressent à l’augmentation des visites dans les musées, s’oppose une diminution du nombre de grands peintres, musiciens, metteurs en scène, réalisateurs, architectes. Pour les autres la créativité est en panne, elle cède la place à l’idéologie, au vedettariat et à l’argent, prétend coller aux aspirations du peuple et ne lui ouvre que des horizons nouveaux souvent peu perceptibles par la masse des individus. 

Or, en matière culturelle, l’élite véritable n’est pas celle qui sait, mais celle qui cherche à pénétrer le monde extérieur. Une japonaise très amie de la France dit un jour : « La France était, jusqu’au début des années 70, le grand leader mondial de la culture, hélas, depuis lors, ce n’est plus du tout le cas ». D’ailleurs le Ministère de la Culture s’est réduit à un rôle de distributeur de subventions, toujours en baisse,  et d’ « épingleur » de décorations. Il a perdu sa véritable vocation, celle de pousser à l’enrichissement personnel et à l’ouverture sur des horizons nouveaux comme le fit Malraux.

Mais on ne peut parler de la culture sans parler de la langue française, l’un de ses supports majeurs. La loi Toubon est largement tombée dans l’oubli et l’on se targe désormais d’introduire des anglicismes dont les utilisateurs ignorent souvent le véritable sens. La langue est torturée dans les SMS, cabossée dans une orthographe et des règles grammaticales approximatives, et défendue de plus en plus mollement dans les instances internationales comme l’Union Européenne et les ambassades. Le français ne peut être une langue auxiliaire de l’Europe. 

La défense de la langue n’est plus une priorité, comme au Québec. Celle-ci s’efface devant la nécessité d’apprendre l’anglais dès le plus jeune âge. François Copé a même parlé de faire apprendre l’arabe. Les enseignants qui ont lutté il y a encore peu, pour faire que l’école laïque enseigne le français et non le breton sauf comme matière à option, doivent apprécier. La défense et le maintien de notre langue est sans conteste un fondement de notre identité. 

L’Afrique francophone est immense et le nombre d’individus parlant le français dépasse notre population. Notre langue par elle seule nous assure des facilités dans le domaine économique et dans le rapprochement des liens avec une grande partie de l’Afrique. Notre présence culturelle et linguistique devrait être une priorité de nos gouvernants. Mais cela commence par la défense de notre langue à l’intérieur de notre pays, et dans tous les pays et instances où elle était reconnue comme langue principale. Notre langue a des qualités propres de précision et de clarté qui l’a font préférer à l’anglais, en dehors du domaine technique, par de nombreux étrangers qui sont pas dans l’empire anglophone.

La France meurt aussi de ces forteresses inexpugnables, inflexibles que sont l’Education nationale, les syndicats et les entreprises. Le « mamouth » résiste à toute atteinte par une résistance à tous les ministres qui l’ont encadrée sous le slogan sacro-saint « nous manquons de personnel ». En réalité le nombre moyen par élève n’a rien d’affolant mais par contre le salaire des enseignants n’est plus incitatif compte-tenu de l’aggravation des difficultés du métier devant une jeunesse moins éduquée. Le métier est délaissé et pour recruter on doit concéder sur la qualité des futurs enseignants. Avec des salaires nettement plus élevés, on pourrait alors demander plus d’heures de disponibilité comme on le fait en Finlande. 

Les révisons incessantes des programmes, des horaires avec un pas en avant et deux pas en arrière, les expérimentations sans suite ou hâtivement mises en œuvre, le décentrage par rapport à la mission première de préparer à un métier avec les bases du savoir indispensables, l’administration pléthorique des rectorats où nombre de tâches peuvent être allégées, sont autant de pistes pour refaire un enseignement reconnu dans le monde entier comme il l’était il y a quarante ans. 

Le fonctionnement d’un syndicalisme, légalement représentatif mais ayant peu de syndiqués, se cantonne dans une discussion cloisonnée, les propositions pour le patronat, les contestations et revendications pour les syndicats. Le dialogue de sourds est de savoir si, autour de la table de négociations, on va réussir à tirer plus de nappe vers soi et non de coopérer. Les forces influentes sur les entreprises importantes, actionnaires, directions, syndicats, vivent dans des mondes qui s’ignorent, non coopératifs, donc  prennent des décisions non optima. Une révolution dans ce domaine s’impose dans un univers économique en perpétuelle mutation. 

Pour renaître il faut d’abord aimer la France, 

Comprendre que nous sommes collectivement responsables, 

Mieux préparer les jeunes à leur futur au service de l’Etat et des entreprises, 

Créer dans ceux-ci un nouveau monde coopératif et innovateur, 

Et se battre pied à pied pour défendre notre identité ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon