dimanche 21 juillet 2013

De la dette, de la dette jusqu’à perpette !

Le G20 vient de jeter l’austérité aux calendes grecques, grecs qui sont dépouillés et dans la rue, et fait chorus aux déversements de liquidités de la Fed, de la banque japonaise, de la banque d’Angleterre, et les taux bas d’emprunt pour les banques auprès des banques centrales. La Fed estime que le climat économique actuel nécessite de continuer ce déversement de liquidités et les taux bas, ce que le Japon fait à toute allure. La BCE maintient le taux bas sans donner de limite dans le temps, ce qui revient à dire aux marchés « Ne vous inquiétez pas ! ».
 
J’aurais aimé parler de madame Taubira qui a fait, fait et va faire des siennes mais il nous faut regarder au-dessus de nos têtes ce que nous réserve la politique économique internationale. Notre niveau de vie en dépend strictement car les marges de manœuvre du gouvernement sont de plus en plus étroites. Le G20 fait donc le constat qu’en période de stagnation de la croissance, l’austérité pratiquée violemment ne marche pas et qu’en période de récession elle est suicidaire pour les pays de l’Europe du sud en particulier.

Il ne fallait pas avoir fait de hautes études pour s’en douter, car l’austérité demande de bien préciser ce que cela implique. Si c’est piloter avec une augmentation des recettes par l’impôt et les taxes, le manche vous revient en pleine figure sous forme de baisse de la consommation et de chômage. Tout entreprise sait que dans les affaires « qui n’avance pas recule ». Dans les passages difficiles, l’entreprise serre les dépenses de fonctionnement au maximum et casse la tirelire ou emprunte pour investir et relancer la machine. Elle cherche des des gains de productivité et de nouveaux marchés.

L’entreprise doit emprunter à bon escient et évaluer le risque car elle va devoir rembourser le capital et des intérêts importants. Avant la création de la BCE, ce n’était pas le cas des Etats auxquels les banques centrales ne refusaient jamais les prêts à taux proche de zéro, comme la Banque de France autrefois. Ceci permettait d’emprunter sans souci et sans beaucoup de retenue. Depuis la création de la BCE, les Etats doivent vendre leurs obligations aux investisseurs traditionnels, dont les banques, et consentir des rendements de l’ordre de 2% pour les Etats les plus solides. D’autres comme le Portugal en sont à 8%, ce qui devient suicidaire car une croissance du même pourcentage n’est pas envisageable à court et moyen terme. 

Le G20 lâche les vannes de la dette donc du déficit budgétaire car l’austérité ne marche pas. Elle ne marche pas parce que les Etats, pour des raisons politiques, sont incapables de se réformer en profondeur pour tailler dans la dépense publique. Elle ne marche pas parce que ne pas tailler dans les dépenses, c’est s’obliger, à défaut de croissance, à emprunter pour relancer l’investissement. Or ceci augmente le déficit, les intérêts et fait sortir des engagements vis-à-vis de Bruxelles. 

Le seul problème et il est de taille c’est que le breuvage continu des liquidités déversés sur les banques aux Etats-Unis ne marche pas non plus. Il alimente les marchés, donc la spéculation mais l’économie ne repart pas et le chômage se traîne aux mêmes valeurs obligeant l’Etat à truquer les valeurs officielles. La production industrielle est plus basse que lors de la grande dépression de 1929 à dollar constant ! 

Ce qui se produit c’est l’augmentation de la dette dans tout le monde occidental, et au Japon. Le fait que le volume de notre épargne privée serait en mesure d’éponger la dette, si l’Etat fait main basse dessus, ne peut tenir longtemps comme gage pour les investisseurs. Augmenter la dette sans retenue c’est se diriger vers une faillite ou un éclatement de bulle qui ravagerait notre pays.

Comme les Etats, et en particulier la France, ne savent pas juguler intelligemment la dépense publique, le G20 vient d’ouvrir la boîte de Pandore et jeter ses dernières cartes dans la bataille. La dette va filer et, comme les Etats-Unis les montants des intérêts aussi. Dès la moindre diminution de la confiance dans un pays, les primes de risque et les taux d’intérêt versés sur les obligations vont croître. Dans une économie solide comme celle de l’Allemagne, le danger viendra des pays en perdition vers lesquels ils exportent car pour ces derniers le ralentissement de la politique d’austérité les conduira rapidement à des taux d’emprunt insoutenables. Le dollar, qui garantit encore les Etats-Unis, sera menacé dans une économie où la Chine voit sa croissance diminuer et son recentrage sur la consommation interne. Le Japon joue à quitte ou double et il y a fort à parier que ce soit la deuxième alternative. 

Répétons-le, il n’y a pas de vent favorable pour une économie française stabilisée (équilibre budgétaire et plein emploi) en dehors d’une politique monétaire souveraine, impliquant une monnaie commune, et non unique, ou bien nationale, accompagnée de grandes réformes structurelles visant à réduire les dépenses publiques de fonctionnement pour engager des dépenses rentables d’infrastructures et de relance de l’économie.



Triste G20 que cet aveu d’impuissance de la politique soutenue par le FMI !

Triste G20 marchant sur ses certitudes et vantant une dette sans issue !

Les marchés sont contents, les banquiers et les grands groupes aussi,

Ils vont pouvoir aplatir le porte-monnaie des masses corvéables !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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