mardi 30 octobre 2012

Un socialiste rebelle en paroles… mais pas encore en actes !

Monsieur Jean-Pierre Chevènement est encore un de ses politiques dont la carrure est celle d’un homme d’Etat. La contemplation de l’amateurisme, dont font état la plupart des membres de ce gouvernement, succédant à une promotion gouvernementale guère plus brillante, nous incite à écouter la voix des vieux sages. Plus admiratif de De Gaulle que de François Mitterrand, n’hésitant pas à quitter un gouvernement quand ses convictions intimes sur la bonne voie pour la France ne sont pas entendues, il reste pourtant fidèlement attaché au socialisme dans ce qu’il a de pur et d’idéaliste.
Il a décidé de montrer cet attachement, sans doute pour faire taire les critiques de son parti sur sa candidature aux présidentielles qui auraient enterré Lionel Jospin. De ce fait il accepte d’être l’ambassadeur économique auprès du gouvernement russe mais publie des écrits où il ne renie pas ses idées sur l’Europe. De la parole aux actes, il y a un fossé qu’il ne franchit pas et tous les politiques de droite qui épousent la plupart de ses idées européennes se leurrent en pensant le ramener dans leur ligne politique.

Voilà ce qu’il écrit au gouvernement :

« Il y a, vous le savez bien, un problème de compétitivité de l’économie française, ce que le Président de la République confirme en évoquant un « pacte de compétitivité ». A défaut d’une dévaluation qui aurait eu ma préférence, mais que le choix de la monnaie unique interdit à défaut d’une augmentation de la durée du travail telle que M. Fillon la propose, bien qu’il ne l’ait pas réalisée quand il était en situation de le faire, reste l’idée défendue par un économiste, M. Aghion, celle d’une « dévaluation fiscale ». Etes-vous sûr que les effets de celle-ci sur la demande ne pourraient pas être limités et compensés par l’exportation ? C’est une question essentielle à laquelle il faut pouvoir répondre avant de se prononcer sur le rapport Gallois. […] Le TSCG et la loi organique ne nous engagent pas dans la bonne direction. C’est pourquoi je ne pourrai, à regret, que confirmer, pour la loi organique, le vote négatif que j’ai émis sur le TSCG. »

Cela n’a pas empêché Jean-Pierre Chevènement de voter la loi de finances 2013. Le décalage profond de ses vues avec l’orientation du gouvernement est évident et m’a poussé à lui adresser ce commentaire :
 
« Monsieur le Ministre,
Votre intervention est évidemment remplie de bon sens et j’y souscris sans hésiter. Vous parlez d'une Europe "postdémocratique", mais elle a été fondée sur une idéologie non pas fédéraliste mais unitaire, centralisatrice et technocratique. Elle a été  explicitement exprimée par Jean Monnet et  continuée par  Jacques Delors. Toute son évolution est marquée par le déni de la démocratie dont les deux points culminants ont été Maastricht, où nous avons assisté à un bourrage de crâne que vous avez dénoncé, et le référendum sur la Constitution européenne. Le gouvernement Sarkozy est passé outre le vote des français avec les encouragements de Bruxelles.

Au delà du TSCG que Hollande a fait ratifier avec l'idée que la règle d'or ne sera pas respectée par la France, ni par l'Espagne, ni par l'Italie entre autres, on perçoit déjà que la sémantique du déficit structurel et les circonstances exceptionnelles auront bon dos. Ce qui est en cause c'est la construction de l'Europe et de la zone euro…

L'équation économico-sociale posée à la France n'a pas de solution dans le contexte actuel de l'euro. Comme disent les mathématiciens, il y a trop de contraintes et pas assez de variables. Dans le domaine de l'austérité, l'alternative se résume à couper d'un seul coup la queue du chien ou par petits morceaux. Dans le premier cas c'est un traumatisme social qui peut faire capoter l'initiative, dans l'autre c'est être rattrapé par la rapidité de la régression économique qui annihile les efforts avant même leur mise en œuvre.

L'austérité ne se conçoit que dans des réductions structurelles des dépenses publiques. Elles demandent des années de mise en œuvre et le temps nous est compté. L'augmentation de la pression fiscale ne peut être productive qu'en la consacrant exclusivement à l'aide aux entreprises mais son impact n'est pas certain si la consommation intérieure est trop atteinte.

La seule porte de sortie est la dévaluation pour le court terme et la réduction des dépenses publiques pour le moyen terme. Quand aura-t-on un référendum sur le maintien ou non dans la zone euro ? Quand aura-t-on un référendum pour décider de quelle Europe nous voulons ? Quelles en sont ses frontières ? Europe confédérale, fédérale ou unitaire comme on nous y emmène doucement ? »

La petite allusion de François Fillon à une zone euro rétrécie, l’aveu de JP Chevènement d’une nécessaire dévaluation comme meilleur coup de pouce à la compétitivité montrent, si cela était encore nécessaire, que la zone euro est malade de sa monnaie unique. Elle n’est qu’un alignement sur un mark devenu trop fort pour nombre de pays dont la France. Personne ne veut aller au-delà des mots et reposer la question des fondements de l’Europe… On nage dans un déni de démocratie, dans la peur du peuple et dans un manque de courage affligeant.

La zone euro actuelle va mourir.

L’heure et la forme de son décès sont les seules inconnues

Mais le plus tôt sera le mieux !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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