dimanche 14 octobre 2012

Soixante-dix députés courageux, c’est peu mais un début d’espoir...

Le Traité international (TSCG, Stabilité, Coordination, Gouvernance) est voté par le Parlement mais une fronde a touché les députés de gauche et de droite. Ils sont quelques-uns à avoir fait preuve de courage, car il en faut pour affronter « le dogme de l’euro ». Il est vraisemblable qu’un référendum aurait donné lieu à un difficile OUI au traité car l’aile extrême droite est sous-représentée. De plus des hésitants à gauche se seraient ralliés à un NON pour sanctionner la volte-face entre le candidat et le président élu.


Soixante-dix députés ont voté NON à une Assemblée Nationale qui va de plus en plus être réduite à une Assemblée croupion dont les avis seront sans effet. La France a perdu la gestion de sa monnaie et elle va perdre celle de sa politique économique au profit de la Commission Bruxelloise, de la Cour de Justice Européenne dans un climat délétère où chaque pays pourra dénoncer les manquements des autres sur le respect du Traité.

A peine ce Traité sera-t-il mis en œuvre que chacun fera valoir ses difficultés particulières et demandera des aménagements. A peine en vie, le Traité sera déjà mort mais restera un instrument aux mains des technocrates bruxellois. On voit déjà que la Grèce, l’Espagne demandent des rallonges de temps pour parvenir aux objectifs. Le cas de la Grèce est particulièrement grave puisque des efforts supplémentaires d’austérité lui sont demandés à hauteur de 9,2 milliards pour lui octroyer les 31,5 milliards qui étaient prévus en juillet !

En novembre ses caisses seront vides or repousser son calendrier de retour au déficit prévu jusqu’en 2016 demande de rajouter 30 milliards par ses partenaires européens et un effacement de la dette envers la BCE ! Quelle gouvernance enfin dans un Traité qui est en fait inapplicable et qui n’a pas d’autres fonctions que d’être violé à peine signé ? Est-ce ainsi que l’on croit créer une « bonne gouvernance » dans les mots dont on se gargarise à Bruxelles et ailleurs ?

Est-ce vraiment une avancée dans la solidarité européenne quand des pays sont condamnés à une austérité qui plonge le Portugal, la Grèce, l’Espagne et l’Italie dans la récession, le chômage, la baisse des salaires, des retraites et des prestations sociales ? A Rome, à Lisbonne, à Madrid les manifestants sont dans la rue. Qui les a conduits à cette extrémité ?

Le rapport du Fond Monétaire International, le World Economic Outlook d’octobre 2012 explique bien la marche à la misère entamée au nom d’une austérité qui n’a donc pour but que de sauver un fétiche : l’Euro. Le TSCG nous a donné l’exemple éclatant du cynisme en politique, quand un candidat à l’élection présidentielle se prononce pour sa réécriture et s’empresse, une fois élu, de le faire voter. Ce n’est pas le codicille sur la croissance, malheureux engagement de 140 milliards d’euros étalé sur trois ans, une aumône, qui peut en changer la nature. Ce Traité n’a pas été renégocié.

Cette transformation d’un instrument-euro, en une fin en soi, en un dogme, un postulat n’acceptant aucune remise en cause et la volonté de pouvoir de ses grands prêtres nous condamnent à un appauvrissement généralisé, à une montée du chômage sans limites et, à la fin des fins, comme en Grèce et en Espagne, à la destruction de nos sociétés. On met en sourdine les critiques, on menace ses parlementaires, on refuse le référendum et on trompe le peuple qui va bientôt crier « tous pourris » quand il va en subir les conséquences dans sa vie quotidienne.

Quelle Stabilité nous promet ce traité alors que de nombreux pays européens plongent vers la récession ? De quelle Coordination peut-on se prévaloir si l’on a des pays libres de leur choix, qui n’ont accepté jusqu’à présent aucune autorité hiérarchique ? N’est-ce pas plutôt mettre leur sort entre le coordinateur de la Commission Bruxelloise, d’une BCE qui viole ses attributions statutaires et sous le martinet de la Commission de Justice Européenne ?

Le vote de ce Traité va influencer directement le budget 2013, espérons qu’un nombre plus important de députés renonceront à le voter. Espérons qu’ils comprendront que nos autorités oligarchiques, qui augmentent la pression fiscale deux fois plus qu’ils ne le font pour réduire leurs dépenses, ne peuvent qu’appauvrir notre pays et le plonger dans une récession mortifère.

Les canons furent, par le passé, l’ultime raison des rois.

Les traités sont aujourd’hui l’ultime raison des élites oligarchiques.

Qu’ils se rappellent que l’ultime raison des peuples reste le pavé.
Jacques Sapir

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon