dimanche 7 octobre 2012

Drogue, trafiquants et policiers « Ripoux »

L’affaire de la BAC Nord de Marseille projette dans l’actualité l’image d’une société où l’autorité de l’Etat est narguée par une déliquescence locale mais révélatrice de la perte de son pouvoir policier. La drogue est au centre de ce dévoiement d’un certain nombre de policiers actuellement mis en cause. De toute évidence des échelons hiérarchiques sont impliqués. On ne sait pas encore jusqu’à quel niveau cela remonte dans la police et il n’est pas exclu que des milieux judiciaires et politiques soient impliqués dans une vaste affaire de corruption.


C’est l’un des effets de l’invasion de la drogue dans notre pays. Mais c’est un phénomène mondial. D’après les Nations Unies, le monde compterait 8 millions d’héroïnomanes, plus de 13 millions de cocaïnomanes, plus de 30 millions de consommateurs d’amphétamines. D’après Interpol le narcotrafic est estimé à 300 milliards de dollars, soit dix fois les revenus pétroliers de l’OPEP ou proche des rentrées fiscales françaises. Il génère une économie mondiale et une capitalisation afférente. A la drogue s’ajoute le jeu, la prostitution, la vente d’armes, le racket sur les entreprises, les jeux clandestins.

Dans certains états cette économie souterraine pèse beaucoup plus que l’économie légale. Les stratégies de blanchiment de l’argent de la drogue sont complexes. Par l’empilage de sociétés écrans elles permettent une insertion croissante dans l’économie légale. Ces mafias sont en fait des Organisations Criminelles Transnationales (O.C.T) dont une partie des profits tirés de cette activité permet d’entretenir des systèmes de corruption des sphères privées et publiques. Certaines de ces mafias rassemblent des milliers de personnes comme la Camorra napolitaine, évaluée de 6000 à 7000 personnes sous le contrôle de 110 familles. La mafia russe comporterait 5000 clans, chapotés par 700 cadres et 20000 soldats. La mafia turque comprend une dizaine de grands criminels dirigés par des parrains bénéficiant de solides appuis politiques.

Le narcotrafic joue sur la destruction de l’Homme par l’aliénation. Les drogues se sont introduites en France dans les années soixante auprès de jeunes générations touchées par le mal de vivre. La culture des stupéfiants s’est introduite dans les soirées au point d’élargir l’audience des drogues dures et de banaliser les drogues douces. Les ‘rave pary’, présentées comme culturelles, sont lieu de consommation des produits de synthèse, amphétamines et ecstasy, que l’on qualifie à tort de drogues douces. Ceci amène certains partis politiques à prôner même leur légalisation.

Toutes les drogues, qu’il s’agisse du cannabis ou de la cocaïne, conduisent, à terme et à des degrés divers, vers l’abaissement du lien social et du respect de la dignité humaine. Une preuve est la bestialité de certains combats dans les guerres civiles africaines où les combattants sont drogués. La drogue détruit le lien social et c’est dans les petits délinquants des banlieues chaudes qu’on recrute la main-d’œuvre. Ce sont ces jeunes qui proposent la drogue à la sortie des lycées et qui enflamment ensuite les cités. Ces jeunes, structurellement fragiles ou déstabilisés, sont des proies faciles et cela d’autant plus que l’Etat fait preuve d’une absence de fermeté.

Mais drogue et corruption, directe ou indirecte, sont indissociables et l’on vient d’en avoir une illustration à Marseille. Certains esprits pensent que la légalisation du poison va éliminer l’empoisonneur. C’est bien mal connaître la puissance et l’ingéniosité des narcotrafiquants. Cet interdit ne peut être levé sans qu’auparavant les grands cartels de la drogue n’aient été démantelés. Ils n’auront qu’à mettre sur le marché des produits marketing, juste un peu plus puissants, destinés à un public jeune, versatile, qui sera vite lassé des produits légaux. L’interdit a toujours fait fureur.

La légalisation des drogues aurait un effet de banalisation des produits chimiques et déboucherait, d’une façon générale, sur une absence totale de méfiance des jeunes sur ce qu’ils absorbent dans les soirées. D’ailleurs, une nouvelle drogue, dite « drogue des violeurs », versée dans le verre des jeunes femmes à leur insu, sévit depuis plusieurs années dans les rave-parties. Il s’agit d’une poudre, inodore et sans saveur, qui annihile toute volonté et toute mémoire. Entre 1999 et 2001, plus de 140 cas ont été relevés en France.

Il serait curieux que notre pays légalise alors que le Yémen s’efforce d’éradiquer la tradition ancestrale du qât, véritable fléau de l’énergie humaine. Libérer le hasch est une fausse bonne idée. Les cartels inondent les marchés d’une ’super herbe’ contenant dix fois plus de substance intoxicante. Pour l’ecstasy ils proposent des hyper-pilules de l’amour rose fluo ou orange pailleté, farcies d’amphétamines.

Le narcotrafic doit être combattu et la drogue considérée comme nuisible à la société individuellement par l’aliénation de l’individu et la rupture du lien social, et collectivement par la corruption et la déstabilisation de l’économie d’un pays. Au nom de la liberté des hommes on ne peut tolérer ce qui les détruit et atteint le fonctionnement normal d’une société où l’Etat est garant du bien commun. On peut s’alarmer de la naïveté de certains dirigeants politiques face à une puissance maffieuse capable  d’aliéner des individus mais aussi de détruire certains états par la corruption morale et économique. La France est d’autant plus visée que ces mafias s’appuient sur le fait migratoire et mènent une guerre contre notre solidité sanitaire, morale et intellectuelle.

« Celui qui n’a pas un pouvoir suffisant pour protéger

chaque membre du peuple contre un autre

n’a pas le droit de lui donner des ordres » Kant

Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon