samedi 20 octobre 2012

Peut-on sauver le modèle social français et éviter la faillite ?

La réponse est résolument oui. La France est un pays qui possède de grands atouts géographiques, culturels, structurels et historiques. Elle peut encore en jouer si elle veut bien quitter des idéologies destructrices et revenir vers un peu de pragmatisme. Il lui faut retrouver le culte de la rigueur budgétaire, de la diminution des dépenses publiques, de la valorisation du travail et de la réussite, de l’encouragement à entreprendre et à travailler, de la culture identitaire, de la préparation des jeunes sur des critères de qualité et non de quantité, de la culture de la science, de la créativité et de l’innovation.



Lors d’une visite à Singapour dans les années 90, je me suis trouvé dans un magasin vendant des gadgets électroniques de toutes sortes. N’ayant aucune intention d’achat, je fus accueilli rapidement par un jeune d’une vingtaine d’années avec cette phrase qui dénotait un solide esprit commercial : « Mais faîtes, monsieur, je suis là pour vous renseigner ». Le magasin, alors plein de potentiels acheteurs, s’est finalement suffisamment vidé pour que mon vendeur revienne vers moi. « Puis-je vous être utile à quelque chose ? » dit-il. Je lui ai posé alors la question suivante : « Vous êtes très occupé. N’est-ce pas trop pénible en fin de journée ? » Le jeune écarquillant les yeux, un peu effaré, me répond : « Mais travailler, c’est un honneur pour moi, monsieur ! »

L’histoire ne s’arrête pas là. Lors de mon retour sur Paris par Air France, j’ai appuyé sur l’appel des stewardess pendant trois quarts d’heure sans succès pour avoir un verre d’eau. Je les ai finalement découvertes bavardant tranquillement dans le local cuisine. Arrivé à Roissy, devant retourner sur Marseille, je m’approche à 12h53 du guichet de la compagnie pour savoir si le transit des bagages se faisait bien. Au même moment une collègue de l’hôtesse arrive et lance : « T’es encore là ? » « Oui je finis à 13h » « Que fais-tu pour le WE ? Et tatata et tatata…. » A 12h58 j’ai enfin la réponse, directe et sans vérification « Oui monsieur » dit-elle en ramassant ses affaires et en disparaissant.

Singapour affiche des taux de croissance qui font rêver même les Chinois et le PIB/habitant qui, à cette époque, était de 40% inférieur à celui de la France et désormais supérieur et la différence s’accroît chaque année. Cela vous étonne ? Pas moi, car j’ai compris à cette époque que les difficultés que nous allions rencontrer étaient de notre fait.

Le passage de 39h à 35h, qui a fait des ravages à l’hôpital et dans les PME. Il a appliqué brutalement une hausse du coût de la main-d’œuvre de 12% alors que notre compétitivité n’était pas en état de l’absorber, mais a eu une autre conséquence encore plus grave. Dans un monde où la compétition devenait encore plus globale et intense, l’ensemble du monde du travail, et en particulier les jeunes, ont reçu le message que le temps de travail n’était qu’une douloureuse nécessité,  et sa baisse un but pour profiter de la civilisation des loisirs. La retraite à 60 ans, alors que la durée de vie augmente, fait partie de la même idéologie.

Comme le prévoit le rapport Gallois, il faut diminuer les charges sociales des entreprises pour redonner un choc de compétitivité. La compensation peut se faire par la TVA. La baisse de 1/3 sur les charges salariales et de 2/3 sur les charges patronales permet de compenser la hausse de la TVA pour le consommateur salarié. Mais il insiste sur la forte diminution des dépenses publiques au contraire du budget 2013. Ces recommandations vont en effet dans le bons sens. L’essentiel des dépenses publiques étant les dépenses sociales et les salaires de la fonction publique, on peut craindre que ce ne soit pas la politique suivie.

Une autre possibilité pour redonner de la compétitivité à nos entreprises serait la sortie de l’euro avec une monnaie française valant 1,05$ et non 1,30 comme actuellement. Là on touche à un dogme UMP et PS qui nous conduit plutôt à la mutualisation de la dette pour sauver des pays qui ne rembourseront jamais. On va d’ailleurs charger un peu plus la barque en accueillant la Croatie en 2013, pays qui ne rentre pas dans les critères demandés mais à qui on a promis l’entrée. Ce sera une charge mutuelle de plus après la Grèce qui a menti, la Bulgarie et la Roumanie… pour de longues années.

Oui la France peut sauver son modèle social comme l’a fait la Suède mais au prix de quelques sacrifices, de mesures d’optimisation des dépenses du système de santé. Oui la France peut éviter la faillite par le soutien du travailleur plutôt que du chômeur, la rigueur budgétaire et le soutien de entrepreneuriat, de la recherche et de l’innovation.

L’idéologie d’une justice sociale créatrice de chômage,

Celle qui emmaillote l’individu dans une dépendance à l’Etat,

Celle du dogme de la monnaie unique au prix de la perte de souveraineté,

Doivent céder la place au pragmatisme du travail, de l’effort collectif et de la réussite.

L’honneur d’un peuple et son meilleur pari sur l’avenir c’est :

« Aide-toi, le ciel t’aidera »

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon