mercredi 16 mai 2012

Tout est prêt pour de grands bouleversements mondiaux

Nous assistons sur le plan mondial à un scénario général qui ressemble à celui du Japon, le pays le plus endetté du monde. L’essentiel de la dette japonaise est détenue par les japonais eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas des grecs, des américains… et des français. Mais le Japon voit l’intérêt des prêts obligataires à 0,9%, plus la dette japonaise se creuse plus les taux d’emprunts baissent ! Cela se produit également aux Etats-Unis. De même, au Royaume-Uni avec de gigantesques déficits budgétaires et des programmes d’austérité glissants, les rendements sont passés de 5,5% en juillet 2007 à moins de 2%.

Autrement dit plus on s’endette plus le rendement des obligations souveraines baisse. 

« On peut s’attendre à ce que toute l’économie mondiale “devienne japonaise”. Ce qui signifie une baisse des prix des matières premières. Une baisse du prix du pétrole. Une baisse du prix de l’or. Une baisse des taux d’intérêt. De mauvais chiffres de l’emploi. Une croissance basse ou négative. Une baisse des prix de l’immobilier… » Bill Bonner

L’Europe croule sous les dettes avec 10.421Milliards d’euros soit cinq fois le PIB de la France. La France y émarge pour 1717Mds, l’Allemagne pour 2088Mds, l’Italie pour 1897Mds, le Royaume-Uni pour 1293Mds, l’Espagne pour 735€. Il ne s’agit là que des dettes publiques, il faudrait y ajouter les dettes privées qui sont toutes aussi impressionnantes.
  • Les divergences entre les économies européennes s’accentuent, L’Agefi
  • L’Allemagne épargne à l’Europe de tomber en récession, Financial Times
  • Pour les banques italiennes, l’avenir est sombre, The Wall Street Journal
  • Retrait d’argent massif dans les banques grecques, Le Figaro
  • L’or au plus bas de l’année, Les Echos
Hormis l’Allemagne, toute l’Europe est en récession ou stagnation (cas de la France, mais plus pour longtemps à en juger par les indices manufacturiers). Les dettes grossissent donc et les Etats doivent emprunter. Pour limiter le coût des emprunts la BCE maintient un taux très bas, ce qui plombe au passage la rémunération de notre épargne.

Par l’émission des obligations souveraines, l’Etat français recycle une partie de notre épargne par le biais des livrets A et des contrats en euros des assurances-vie. Comme cela ne suffit plus, il doit aller chercher de l’argent sur les marchés et fait monter les taux d’emprunt en fonction du degré de confiance des investisseurs dans la fiabilité du remboursement du capital prêté. Cette confiance n’existe plus pour la Grèce, et est fortement émoussée pour l’Italie, l’Espagne, le Portugal.

La croissance est insuffisante pour pouvoir espérer réduire la dette sans des plans d’austérité draconiens qui sont d’un tel niveau que les peuples ne peuvent plus les supporter. Mais une croissance durable et saine ne peut être assurée par une injection d’argent sortie finalement de la planche à billets. Elle n’a que des effets éphémères et introduit des distorsions dans le système économico-financier qui aboutit à l’hyperinflation ou à l’éclatement de « bulles » par ce déversement d’argent facile.

La France et l’Allemagne commencent à se pencher sur la croissance comme remède souhaitable pour réduire le déficit public mais les remèdes à la hauteur de l’enjeu ne peuvent générer que d’énormes injections d’euros par la BCE, argent de la planche à billets. La BCE y a déjà consenti, en dehors de ses statuts, mais garantit donc moins la maîtrise de l’inflation. L’inflation est désormais d’un niveau en France qui dépasse le taux d’intérêt du livret A, celui-ci a donc un rendement négatif. De plus ce remède, largement appliqué par les Etats-Unis, aboutira dans un délai assez court au retour d’un paroxysme de crise connu en 2008-2009.

Le monde est engagé dans une course folle où tout le monde s’endette au-delà de ce que la croissance peut assumer. Il faut redire, que si l’on fait abstraction du progrès technique sur la fabrication des produits, la somme des « croissances » est à valeur nulle quand on n’injecte pas de l’argent factice. Autrement dit on ne peut s’enrichir qu’aux dépens des autres. C’est ce que fait l’Allemagne en Europe. Les progrès techniques sur l’abaissement des coûts de production sont les seuls véritables moteurs de la croissance mais ils ne croissent pas au rythme de l’endettement des Etats. C’est là tout le problème qui nous ramène à la nécessité de gérer des budgets proches de l’équilibre, ce qui n’est pas le cas en France depuis 1974.

La plus belle fille du monde

Ne peut donner que ce qu’elle a

Et miss Monde est nue !

Claude Trouvé