vendredi 4 mai 2012

La malchance de la France est de voter trois mois trop tôt !

Hollande va, selon les sondages, s’asseoir dans le fauteuil du consensus mou pour cinq ans, les dés en seraient pratiquement jetés. La Sarkophobie aura dans ce cas fait son œuvre et le candidat sortant qui a perdu de la superbe du petit caporal n'aura pas pu ébranler le sumo Hollande.

Le débat insipide, où tous les vrais sujets ont été à peine frôlés, laisse les français sur leur faim. Les sarkozistes, que la gauche effraie ou repousse, voteront Sarkozy, les socialistes laïques, le nouveau peuple de la diversité et les revanchards voteront Hollande. Il reste toute cette grande frange, de plus en plus grande, de ceux qui ne croient plus dans les propositions falotes  des deux candidats, derniers représentants du « système » à bout de souffle qui laisse la France en piteux état. On y retrouve pêle-mêle les déçus du Sarkozisme et du socialisme, les casseurs de riches et du multiculturalisme ainsi que des patriotes qui pleurent plus ou moins consciemment la France gaulliste de la politique de la chaise vide.

Les déçus du Sarkozisme, qui avaient cru au « vrai changement de 2007 », font le constat que la France sort plus affaiblie de la crise que lorsqu’elle y est entrée et que notre bilan n’a rien de flamboyant. La politique de godille du président sortant, a été une politique sans axe véritable autre que celui de vanter son action. Elle l’a amené à des contradictions incessantes qui ont déboussolé cette frange de gens dont le bon sens, malgré le matraquage et la désinformation médiatique, juge sur les actes plutôt que sur les slogans assénés. Ses choix de dernière minute pour réclamer un deuxième mandat prennent alors une tournure purement électoraliste et sa prestation télévisée a montré un tribun méconnaissable dont on a pu se demander s’il était bien dans son assiette. Son « vibrionnisme » a fini par épuiser mercredi un président touche-à-tout.

Dans les déçus du socialisme on retrouve les électeurs populaires qui constatent que le socialisme des « bobos » les a purement et simplement abandonnés. L’image désastreuse d’un DSK, homme riche et influent tombant dans la luxure, a fini de les persuader que le socialisme devenait le défenseur d’une caste, issue aussi de l’ENA, qui attendait seulement d’avoir sa part de pouvoir. On y retrouve un bon nombre de ceux qui ont peur pour leur emploi, ou qui ne l’ont déjà plus, ainsi que ceux qui vivent difficilement dans les zones de ghettos de la « diversité » et  ceux qui ne souhaitent pas la propagation d’un multiculturalisme envahissant. On y compte aussi ceux pour qui l’inexpérience de Hollande dans les instances gouvernementales et la désastreuse gestion de son département de Corrèze est un sujet d’appréhension et de défiance.

Tous ces déçus ont en commun le sentiment que l’avenir s’annonce inquiétant d’autant plus qu’ils sentent que ce qui les attend leur est volontairement caché. Ils ont malheureusement raison car aucun des deux candidats n’en débat ouvertement et aucun n’a de plan clair et crédible pour remettre la France sur les rails et sans doute Hollande moins que le président sortant. Hollande montre aussi une navigation hasardeuse et fluctuante sur des problèmes majeurs comme l’immigration, le nucléaire, les dépenses publiques et la politique étrangère. On a un sumo aux pieds d’argile que son entourage commence déjà à faire vaciller, comme le fera l’inflexible Allemagne. Hollande ne sera que le produit du retrait de DSK et d’un antisarkozisme commencé avec le Fouquet’s.

Le monde financier et économique va déverser sur l’Europe une véritable tornade de difficultés sur les pays sous surveillance dont la France. Il ne croit plus en Sarkozy et encore moins en Hollande. La zone euro est malade et les sanctions seront impitoyables dans les semaines et les mois qui viennent. C’est une « France faible » qui va affronter la tourmente de l’euro et les mises sous tutelle implicite de plusieurs pays d’Europe. Les banques et les états se repassent actuellement la patate chaude mais la Grèce va redemander une aide et l’Espagne y court à grands pas.

Les plans d’austérité se font et se feront en grande partie sur le dos des peuples et la capacité d’endurance va se mesurer à l’ampleur des rassemblements et grèves que ces « indignés » vont générer, plombant un peu plus les chances de réussite. L’heure de la prise de conscience dans de nombreux pays sur l’inefficacité du choix prématuré de l’euro va cruellement se faire jour.

La malchance de la France est de voter trois mois trop tôt ! La frange des déçus est encore trop mince pour voir éclore le vrai débat sur son destin, débat qui n’a pas eu lieu avant le choix définitif. Le « système » génère deux candidats qui font semblant de s’affronter sur un programme devenu mercredi soir quasi commun dans un brouillard mensonger de part et d’autre. Dans un vote où le candidat de gauche est promu par une vague de droite déçue, il est inutile d’en rajouter puisque ce serait cette fois l’adouber plutôt que de signifier un vote contre Sarkozy.
L’important dimanche c’est de prendre conscience

Qu’une autre route doit s’ouvrir pour la France

Dans l’Europe de demain !

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage »

Claude Trouvé