lundi 21 mai 2012

La Grèce dans l’euro ou le ver dans le fruit

Que fait un ver installé dans le fruit ?  Il s’y nourrit aux dépens de son hôte.

Au 31 décembre, la dette budgétaire de la Grèce s’élevait à plus de 367 milliards d’euros. Compte-tenu de la diminution des dettes de son administration par l’effacement de quelques 107 milliards de créances grecques détenues par les prêteurs privés du pays, celle-ci ne s’élèverait plus qu’à 280 milliards au 31 mars. Mais le ministère des Finances annonce que le chiffre est désormais supérieur. La dette doit d’ailleurs repartir à la hausse au fil des versements des prêts promis au pays d'ici 2014 par l'UE et le FMI.

De plus il va leur falloir ajouter un montant de 25 milliards d'euros versés au pays en avril pour assurer la recapitalisation du système bancaire national qui avait participé à la « restructuration » de la dette, à son effacement partiel dit moins pudiquement. Les vases communicants vous connaissez ?

Nous en sommes au deuxième plan de sauvetage de novembre pour un montant de 130Mds après celui de mai 2011 de 110Mds. C’est donc une pluie d’argent que l’UE doit déverser sur la Grèce jusqu’en 2014 pour un total de 365Mds. Moyennant quoi la Grèce est supposée faire chuter sa dette de 160% à 120% ; c’est-à-dire au niveau de l’Italie dont les signes de bonne santé inquiètent la communauté internationale !

Là il s’agit plutôt du tonneau des Danaïdes. En Grèce, les déposants, eux, ont complètement perdu confiance dans leurs banques et se précipitent dans leurs agences pour retirer leurs économies. Depuis 2010, c'est 72 milliards d'euros qui auraient ainsi été retirés des banques grecques, soit près de 30% des dépôts. Le rythme s’accélère et est actuellement de l’ordre de 700 à 800 millions par jour. Le pire c’est que cet argent quitte le pays pour d’autres plus sûrs ou réputés comme tels. Cette course à l’argent cash, dénommée bank run pour ne pas parler tout simplement de banqueroute, épuise la trésorerie des banques et aggrave leur fragilité.

Selon certaines évaluations ces banques grecques disposeraient encore de 65 à 85Mds€ soit de quoi fournir pendant trois à quatre mois au rythme actuel. Mais celui-ci ne peut que s’accélérer puisque la confiance s’autodétruit. Elles vont alors se tourner vers la banque centrale du pays. C'est ce qu'elles ont fait en récupérant ainsi environ 50 milliards. A l’épuisement de cette banque centrale celle-ci va se tourner vers le dernier recours… la BCE. « Le problème, c'est que les banques grecques ne sont pas les seules à avoir besoin d'aide. La situation du réseau bancaire espagnol et irlandais est pire. La semaine dernière, c'est l'Espagne qui a dû affronter des rumeurs grandissantes de bank run. Un milliard d'euros aurait été retiré des banques espagnoles depuis le 6 mai.» (Agora 21/05/12)

Le gouvernement espagnol vient une nouvelle fois de demander aux banques d'augmenter leurs fonds propres pour faire face aux pertes potentielles. Malgré les démentis du gouvernement espagnol il y a fort à parier sur l’indispensable intervention de la BCE et de l’eurozone. Selon l’ Herald Tribune, les dépôts en Espagne, Italie, Irlande et Portugal (les pays dont le système bancaire est le plus fragile) représentent au total 5 500 milliards d'euros. C’est 7 fois plus que le Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Le risque de voir, par effet de contagion, l’ensemble des épargnants de ces pays faire de même puis pourquoi pas nos épargnants français est loin d’être une vue de l’esprit. Les liquidités des banques seraient alors rapidement asséchées. Ce n’est pas le sommet du G8 qui fait entrevoir une solution. Au-delà du communiqué final de bonnes intentions, le contenu est vide. La réunion de l’eurozone ne va pas décider dans l’urgence, comme toujours, même si le compte à rebours est enclenché pour quelques semaines ou quelques mois au plus.

Que l’on regarde le problème sur une face ou une autre, il faut stopper la gangrène et la solution la plus évidente, même si elle est douloureuse c’est :

Accepter et organiser

La sortie de la Grèce de la zone euro,

Même si cette sortie n'est que provisoire !
Claude Trouvé