lundi 7 mai 2012

Fini de rire : l’échiquier est bouleversé.

Pour être nette la victoire de Hollande n’est que dans la norme des différences de pourcentage entre les deux candidats. On note d’ailleurs cette fois 51,62% pour le vainqueur avec un écart de 3,24% sur son adversaire. Ses élections ont été surtout intéressantes par leur premier tour. Il y a eu des vainqueurs et des vaincus par rapport aux premières attentes. La troisième mi-temps va donc éclairer les débats locaux d’un nouveau jour.

Le FN a fait une percée que les sondages avaient masquée et, dans le contexte de défaite de la droite, va s’imposer comme une vraie force de recomposition. Dupont-Aignan n’a visiblement pas atteint ses objectifs pris dans la tenaille UMP-FN.  Ce gaulliste, qui a lorgné un temps vers Chevènement, n’a pas trouvé réellement ses marques, ni réussi sa percée. Il risque de n’être qu’un pion dans la bataille droitière même si ses idées souverainistes sur l’économie sont intéressantes. Seul un rassemblement des souverainistes peut avoir du poids. Par ailleurs son positionnement sur l’immigration musulmane n’a pas été clair.

Les clivages risquent d’être beaucoup plus marqués au sein même de l’UMP par la suite et en particulier sur le problème de l’Europe. La droite va trouver dans la victoire de Hollande une raison de se ressourcer dans la douleur. Marine Le Pen va devoir définitivement prendre le pas dans son propre parti, non plus à 60% mais à 90%, si elle veut tenter de créer une nouvelle droite apte au pouvoir.

La droite UMP est écartelée par un débat interne entre la droite sociale et fédérale de Borloo, les libéraux du mondialisme et les assimilés gaullistes qui s’interrogent sur l’avenir de l’Europe et de l’euro. Ce grand écart qui entraine des collusions locales soit avec les socialistes soit avec les frontistes ne peut durer longtemps. Les législatives vont être le déclencheur des divisions alors que l’UMP se trouve sans chef véritablement reconnu sans contestation.

Un grand perdant de cette élection est le parti du Centre de Bayrou. Son aura était née de son positionnement comme vrai défenseur de l’Europe à vocation fédérale. Son « made in France » l’a marqué comme une négation de ses positions européennes. Son vote pour Hollande casse encore un peu plus son parti.

On peut dire de même sur les Verts qui ont fini par faire une campagne incompréhensible avec un leader dépassé par ses positions antinucléaires mollement reprises par Hollande et sombrant dans le programme justicier. Leur salut ne tient que par un accord hasardeux d’Aubry de circonscriptions réservées.
  
Il est incontestable que Hollande a été élu sur une vague d’antisarkozysme. Beaucoup ont voté pour lui du bout des lèvres. Sa nette victoire ne va pas suffire pour ramener la majorité des français derrière lui, une fois sa prise de fonction faite. Il y a fort à parier que, si la droite cache ses divisions jusqu’aux législatives, la gauche ne soit pas majoritaire. La tâche présidentielle ne sera pas facile alors, même si, dans les années 80, notre nouveau président était au RPR (UMP de l’époque) et attendait impatiemment la fin de la gauche !

Un autre vainqueur, finalement frustré, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a renoué avec une vague rouge révolutionnaire. Il est l’image du socialisme qui a abandonné les classes populaires, image du sentiment de « ras le bol » de ceux qui subissent sans pouvoir agir sur le cours des choses. Son problème est le vieux parti communiste dont ce socialiste s’est affublé des slogans. Ils l’ont plus gauchisé sans qu’il soit perçu comme vraiment un des leurs. Sa verve et son dynamisme vont néanmoins créer rapidement des difficultés au gouvernement en place.

Le réveil d’une extrême gauche ne devrait pas être important que dans le cas d’un grand mouvement des « indignés » dans quelques mois voire au plus une année. Pour l’instant les caddies sont encore trop pleins. Mais le vrai changement s’annonce en Grèce et se prépare en Espagne. D’ici Juillet les évènements vont se précipiter et l’euro va être sur la sellette avec une austérité plus dure qu’annoncée. On endort le peuple avec la « croissance » mais les chiffres sont têtus et ne croissent pas par la volonté des politiques mais des entreprises.

La France est engluée dans un débat gauche-droite

Sur des recettes communes de Maastricht et de Lisbonne

Alors que le débat démocratique est ailleurs.

Le réveil se fera mais au forceps !
Claude Trouvé