lundi 27 août 2018

L’UE de Macron : « Faire suer le burnous »


Le burnous est cette cape en laine avec capuche des pays du Maghreb, et faire suer le burnous est une expression française à relent colonialiste illustrant l’exploitation et l’exagération du travail forcé de l’indigène. Mais n’assistons-nous pas à la nouvelle colonisation des peuples européens et en particulier des peuples du sud ? Après le Maghreb les pays les plus proches de l’Allemagne sont bien ceux-ci. L’Allemagne pille leurs richesses et leur impose la politique d’austérité à base de dévaluation interne grâce à son influence prépondérante sur l’UE. Elle transforme l’UE en puissance colonisatrice au profit des puissances financières et d’elle-même. Pour éviter d’apparaître au premier plan et pour diminuer ses dépenses militaires, elle donne des gages aux Etats-Unis en acceptant l’OTAN. Elle lui permet l’installation de la base névralgique de l’OTAN près de Hambourg. L’implantation des bases du Portugal aux Pays Baltes lui assure une mainmise militaire sur les pays européens en cas de rébellion des peuples et un poids dans ses relations avec la Russie, partenaire incontournable.

En dehors de l’admiration que l’on peut porter à la politique étrangère allemande due à sa grande cohésion, il importe de constater que les pays du sud, enchaînés par une monnaie unique trop forte pour leur économie qui exclut toute dévaluation externe, sont poussés vers une dévaluation interne à base de baisses des retraites, des allocations familiales, des prestations de santé, à base de blocage des salaires, baisse aidée par l’immigration, de taxes nouvelles, et à base d’assiette plus défavorable des impôts et des taxes existants. Le monde des entreprises, très présent à Bruxelles, en profite pour tirer des avantages financiers ou législatifs sur la loi Travail. Depuis Sarkozy le « Travailler plus, pour gagner plus » n’a pas quitté la politique gouvernementale française drivée par les directives économiques de l’UE qui lui sont transmises chaque année. 

Parmi les mesures phares annoncées par Macron, on note la défiscalisation des heures supplémentaires. Cette incitation financière va pousser les entreprises à augmenter la durée du travail sans que la durée légale soit modifiée. J’ai déjà dit dans l’article précédent que cette mesure était néfaste pour la croissance du PIB/habitant et pour le chômage. Pour ceux qui en douteraient encore, je vous propose le graphique ci-dessous.

Il représente pour des pays majeurs de la zone euro, dont les données sont déjà fournies par l’OCDE, le nombre d’heures travaillées/salarié par an et le taux d’emploi correspondant. La liaison de la dépendance du taux d’emploi avec le nombre annuel d’heures travaillées est statistiquement très probable. Le taux d’emploi diminue avec le nombre annuel d’heures travaillées dans les pays de la zone euro. Il est remarquable de constater que le salarié grec, malgré ou à cause du nombre d’heures travaillées, fait en moyenne 14h/semaine de plus que l’allemand pour un taux d’emploi de 20% inférieur. Vouloir augmenter les heures travaillées est une cause de perte d’emploi intérimaire ou à taux plein. Mais l’objectif de l’Etat est supposé être non pas l’enrichissement des entreprises mais finalement l’enrichissement du pays. Qu’en est-il réellement ? 

Le graphique ci-contre est particulièrement significatif. Le nombre d’heures travaillées est un signe d’appauvrissement.
L’augmentation des heures travaillées est un indicateur de baisse de la croissance ! Comment ce qui semble contraire au bon sens peut-il se produire ? Le raisonnement doit être fait à volume constant de produits vendus et dans un cadre d’amélioration de la compétitivité. Augmenter le nombre d’heures travaillées conduit à faire pression sur les salaires puisque la quantité vendue est la même et le coût du travail doit baisser pour soutenir la concurrence. Une augmentation d’un pays à l’autre de 100 heures travaillées de plus, soit 2h/semaine, correspond à une baisse du PIB/habitant de 3670 euros et de 3,3% de baisse du taux d’emploi. 

Cette disposition est un cadeau aux entreprises certes mais elle est globalement mauvaise pour la nation. Le fait de renoncer à l’embauche ou à l’utilisation d’intérimaires par le truchement des heures supplémentaires alimente le chômage. L’Etat est doublement mis à contribution d’une part par la perte des recettes de la défiscalisation et d’autre part par l’augmentation de l’allocation supplémentaire au chômage. En ce qui concerne le cadeau aux entreprises, celui-ci peut avoir trois destinations, la rémunération du patron ou des actionnaires, l’investissement, l’augmentation des salaires. Il se trouve que c’est généralement après avoir bien nourri les deux premières que l’entreprise pense à la troisième utilisation. Si l’on veut alléger les charges des entreprises, c’est par l’impôt sur les bénéfices tout simplement. L’application de la direction donnée par l’UE à la politique gouvernementale ne peut sortir notre pays de la lente descente de sa croissance relativement aux autres pays. Si le contexte économique extérieur baisse, nous serons parmi les premiers pays à entrer en récession. 

Le pire est que le gouvernement, sous la double contrainte de réduction du déficit public/PIB et la directive des cadeaux aux entreprises, cherche des ressources supplémentaires dans le niveau de vie des catégories de population à charge pour y faire face. C’est une raison supplémentaire de faire baisser la consommation intérieure, source qui a soutenu jusqu’ici notre faiblesse dans le commerce extérieur, donc d’agir négativement sur la croissance. On va en voir les conséquences sur le projet de budget 2019 pour lequel les mesures d’austérité ne font que commencer. L’UE de Macron a décidé de « Faire suer le burnous » dans une nouvelle politique colonialiste.
 
Devant une telle ânerie de notre gouvernement 

On se demande si la raison principale

N’est pas autre chose que la bêtise 

Mais la destruction programmée

De la France pour la vassaliser !


Claude Trouvé 
27/08/18

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