mardi 14 août 2018

Bientôt le jour d’après et alors ? (Suite)


Avant de se tourner vers le futur, il est nécessaire de regarder d’où nous venons et ce que nous sommes en toute sincérité et humilité, ce qui n’est pas le fort de notre Président. Le graphique ci-dessous montre que nous devons cesser de donner des leçons à la terre entière si l’on en croit cette statistique mondiale sur le niveau d’éducation des adultes dans les pays de l’OCDE publiée en 2016. L'OCDE a défini le niveau d'éducation des adultes d'un pays comme étant le pourcentage de personnes âgées de 25 à 64 ans qui ont terminé une sorte d'enseignement supérieur sous la forme d'un diplôme de deux années, d'un diplôme de quatre ans ou d'un programme de formation professionnelle. La France se situe en dessous de la note moyenne de l’OCDE et à la 22ème place. Il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir même si nous damons le pion à l’Allemagne et à l’Italie. Si les pays anglo-saxons prennent les premières places, nous sommes derrière les pays de l’Europe du Nord et de la Suisse. On comprend pourquoi notre jeunesse part étudier à l’étranger. 

Il est de bon ton dans l’élite française de déblatérer sur le piètre niveau intellectuel des américains et d’y classer Trump au passage comme élu par des bouseux comme lui. Selon l’OCDE, 45,7% des adultes américains entre 25 et 64 ans ont terminé une sorte d’enseignement du troisième cycle sous la forme d’un diplôme de quatre ans ou d’un programme de formation professionnelle. Le recensement des Etats-Unis estime qu’environ 33% des adultes américains possèdent un baccalauréat ou plus. Il faudrait que l’on cesse de se prendre pour les Lumières du Monde.

Peut-être pensez-vous que tout ceci ne concerne que le dessus du panier des jeunes devenus adultes et que tout ceci est derrière nous. Mais quand on apprend que 25% des élèves entrant en 6ème ne savent pas lire, au sens de la compréhension du texte proposé, on est en droit de s’inquiéter sur le jour d’après. Souvenons-nous des résultats du classement PISA publié en 2016 concernant 540000 élèves de 15 ans, panel jugé représentatif des 29 millions d’élèves sur 72 pays testés. 


La France arrive 26ème sur 70 pays et économies, juste derrière les Etats-Unis, d'un classement pour lequel elle avait terminé 25ème en 2012 avec cette fois les pays de l’Est asiatique en tête. Mais l’Estonie et la Finlande se partageaient respectivement les 3ème et 5ème places en Sciences… de quoi rester « Estomaqué » et triste pour nous, car rien n’indique que notre classement dans le PISA 2018 sera meilleur. Cela fait 20 ans que ce classement existe et nous perdons régulièrement du terrain. Nous étions à la 15ème place en 2009. Croyez-vous que l’UE se préoccupe vraiment de promouvoir l’éducation moyenne et celle de l’élite ? On ne peut se contenter d’Erasmus car les pays les meilleurs sont hors de l’UE. Le jour d’après se présente de moins en moins bien car c’est un point fondamental de l’évolution d’un pays dans la compétition internationale. 

Mais si l’on regarde l’économie, on doit s’intéresser à un paramètre majeur de la santé économique d’un pays, le solde du commerce extérieur, (exportations-importations) même si l’augmentation générale de la dette publique et privée mondiale continue. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et la dette mondiale fera de même. Elle était poussée par les Etats-Unis et le dollar déconnecté de l’or permettant de lâcher dans l’économie une monnaie de singe, les QE, sans limite. Mais cet argent tourne de plus en plus dans la spéculation au lieu de l’économie réelle productive. L’arrivée d’acteurs majeurs comme la Chine et la Russie et l’Organisation de Coopération de Shangaï avec l’influence de plus en plus grande de l’Inde est en train de préparer un bouleversement monétaire qui va revenir à l’or où à un système équivalent.

Regardons donc ce que l’on peut observer de 1995 à 2017 dans un certain nombre de pays intéressants sur le solde du commerce extérieur par habitant d’après les données d’Eurostat et de l’OCDE. 1995 représente l’année avant le départ de l’aventure européenne de Maastricht, 2000 l’année de création de l’euro, 2010 l’année de sortie de crise financière, 2017 la dernière année des données disponibles. 

On peut faire les constatations suivantes. Pour l’OCDE les variations sont faibles car on a affaire à un système de vases communicants entre ces pays qui représentent l’essentiel du commerce mondial. Les résultats des pays de l’UE sont assez contrastés avec des grands gagnants, Pays-Bas, Allemagne et Suède, et des perdants la Grèce et la France. L’Italie semble en train de redresser la barre sur cet aspect de l’économie. La Suisse tire un profit croissant et se classe en tête avec un excédent de 755% de son solde positif depuis 1995, et cela en ayant pratiqué une dévaluation monétaire. La Suède a aussi dévalué sa monnaie et obtient aussi des soldes positifs. Cela est une réponse claire à ceux qui croient qu’avec une monnaie nationale et une dévaluation on est condamné d’avance. Le Royaume-Uni pourrait être un contre-exemple mais de toute évidence la Livre est surévaluée par rapport à l’euromark depuis 2000 et l’effet de la dévaluation de la Livre est encore trop récent pour conclure.

Mais on va s’intéresser aux deux plus mauvais pays en 2017, les Etats-Unis et la France. Ils sont la démonstration d’une politique suicidaire dont Trump a pris conscience. Il se donne les moyens de réduire le déficit du commerce extérieur et les chiffres du premier semestre 2018 marquent un tournant dans la dérive de cet indicateur même s’il faut attendre la fin de l’année. Mais la France est en situation quasi constante de dérive depuis 2003 et ne prend aucune mesure qui puisse en changer le sens. Avec un euro trop fort pour sa compétitivité dans ses secteurs marchands, un tissu industriel qui se délite, et l’impossibilité de créer des taxes douanières sur des productions nationales sensibles, elle ne peut pas espérer un jour d’après différent. Au lieu de discuter en vain de l’Iran avec Trump, Macron devrait plutôt regarder pourquoi celui-ci est en train de mieux faire que lui. Trump n’est pas notre ami, il a décidé la guerre économique à l’UE et négociera que produit par produit et pays par pays paralysant une UE qui va devoir payer cher la présence de l’OTAN. 

Le prochain article scrutera encore les indicateurs sociaux économiques pour en tirer les enseignements susceptibles de modifier la dérive de notre économie à appliquer le jour d’après.
 
Avec un manque de performance dans l’Education, 

Avec des mouvements de capitaux incontrôlés, 

Une monnaie inadaptée à son économie, 

Une impossibilité de taxes douanières,

Une austérité sur le pouvoir d’achat, 

Des aides ciblées aux plus riches,

Actionnaires et grands lobbies, 

Le jour d’après est bouché.
 
Claude Trouvé 
13/08/18

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire