vendredi 17 août 2018

Bientôt le jour d’après et alors ? (Suite 2)


Avant toutes choses la première question à se poser est de savoir si notre entrée dans l’UE et dans la zone euro a eu un effet bénéfique sur le plan économique. La dynamique d’un pays se voit dans le solde ou la balance de son commerce extérieur. Si la masse monétaire mondiale ne progressait pas, l’idéal serait que tous les pays aient une balance équilibrée. La réalité est autre, la masse monétaire croît exponentiellement et les pays essaient de rivaliser entre eux pour faire rentrer de l’argent ou éviter d’en perdre. Juger de l’effet de l’UE et de l’’euro ne peut se voir que par comparaison avec d’autres pays ou groupes de pays comme sur le graphique ci-dessous.

Le premier constat est le solde de l’UE très supérieur à celui de l‘OCDE, ceci n’est pas étonnant car le poids des pays à faible dynamisme est beaucoup plus faible dans l’UE que dans l’OCDE dans laquelle les Etats-Unis ne brillent pas sur cet indicateur. Le trio de tête est dans l’ordre Suisse, Pays-Bas, Allemagne. La Suisse garde la tête grâce à une dévaluation du franc suisse, dévaluation donc bien ajustée d’avril à décembre 2017 de 7,5% par rapport à l’euro lui permettant de rattraper son niveau de décembre 2014. La Suisse est le parfait exemple de l’importance du pilotage réussi de l’économie par la variation du cours de la monnaie. L’Allemagne et les Pays-Bas, aux économies liées, apparaissent sur cet indicateur comme les grands gagnants de l’aventure européenne. Le grand perdant est la France dont sa faible compétitivité dans son créneau d’industries et de services l’entraîne vers une disparition de sa richesse globale. Dans le carcan de l’euro elle ne peut pas jouer sur la monnaie comme la Suisse. Le Royaume-Uni ne semble pas avoir aussi bien joué que la Suisse avec sa Livre Sterling et même que la Suède qui a dévalué sa couronne suédoise. Il faut également constater que l’économie italienne est plus performante que la nôtre dans la zone euro mais avec un endettement/PIB supérieur. Le dernier mot sera pour la Grèce qui semble en excellente position. Mais cela ne s’est produit que depuis la période qui a suivi 2010 et le déclenchement d’aides massives de l’UE donc un endettement aussi massif. 

Une autre façon de regarder le solde du commerce extérieur est de comparer son impact sur le PIB. La Grèce en tête mérite la même remarque que précédemment. On retrouve ensuite l’Allemagne avec le Japon et la Suisse. Les Etats-Unis sont mieux placés mais cela est dû au fait que l’augmentation de sa population pénalisait l’indicateur précédent. L’Italie confirme une adaptabilité de sa compétitivité soutenue par l’endettement et non par la monnaie. En queue on retrouve le Royaume-Uni et la France, mais celle-ci est en particulière mauvaise position. Ceci confirme l’analyse précédente. La conclusion sur ce survol comparatif des soldes de commerce extérieur montre de façon claire que dans un groupe de pays à monnaie unique, il s’instaure un système de vases communicants. L’Allemagne est la gagnante et la France la perdante. Ces deux pays étant les deux plus gros contributeurs au budget de l’UE, 9 à 10 milliards net pour la France, il ne peut exister de solution d’amélioration à court terme pour celui en défaut de compétitivité. Evidemment la monnaie nationale n’est qu’un degré de liberté dans la gestion économique d’un pays. Il peut être plus moins bien utilisé. La Suisse représente le modèle de bonne gestion, la Suède à un moindre degré. Visiblement la Libre Sterling était surévaluée et il faut attendre les effets de la dévaluation entreprise par le Royaume-Uni mais celui-ci s’en est donné les moyens.

Il y a un lien direct entre le solde du commerce extérieur et le PIB. Il est d’autant plus fort que le déficit ou l’excédent est élevé. En 2017 il a impacté le PIB français de -2,44% et celui de l’Allemagne de +5,40% alors que la croissance annuelle était de 1,4% pour la France et 2,2% pour l’Allemagne.

Si l’on s’intéresse à la croissance annuelle sur la période 2000-2017 et à son lien avec le PIB/habitant de départ en 2000, on compare sur cette période de l’euro l’impact de l’un sur l’autre. Il apparaît un lien à confirmer entre la croissance sur la période 2000-2017 de l’euro et le PIB/habitant au départ de cette période en 2000. Tout se passerait comme si la santé économique de début de période donnait une trajectoire de croissance probable plus ou moins forte. Quatre pays échappent à cette tendance, l’Italie et les Etats- Unis nettement en retrait, la Suisse et surtout l’Allemagne très au-dessus. On pourrait en déduire qu’à cause de l’euro l’Allemagne a bénéficié d’une poussée supplémentaire et l’Italie d’un frein. Pour la France la tendance ne fait que refléter sa santé économique acquise en 2000. De même on peut penser que l’appartenance à l’’euro n’a aucunement aidé la Grèce puisque même avec les aides massives qui lui ont été prodiguées elle est à peine sur la trajectoire de sa santé économique initiale. 

Pour conclure il faut regarder l’évolution annuelle du PIB/habitant entre la période avant l’euro 1985-2000 et celle après 2000-2017 sur l’échantillon de pays sélectionnés. Le premier constat est que la différence moyenne des évolutions sur ces 2 périodes est de -1,61% en défaveur de la seconde. La conjoncture est globalement moins bonne mais la différence entre les pays devrait en être affectée de la même façon. En se servant de la variation annuelle sur les deux périodes on peut créer le graphique ci-contre qui est plein d’enseignements. Au-dessus de la moyenne se trouvent les pays qui ont le mieux résisté à la baisse de la conjoncture mondiale. Le premier est la Suisse dont l’évolution est particulièrement remarquable. Ce pays s’est affranchi de la baisse de conjoncture en jouant sur sa monnaie en 2014 et 2017, les autres pays l’ont subie même l’Allemagne. Sa réussite n’est donc que relative. La Suède a moins bien joué de sa monnaie que la Suisse. La Grèce ne tient que par l’aide massive prodiguée par l’UE. Les autres pays dont la France subissent plus que les autres la baisse générale. Pour la France on peut dire que l’UE et l’euro n’ont rien apporté de positif, elle a même subi la baisse de la conjoncture un peu moins bien que la moyenne des autres pays. Les Etats-Unis et le Japon, malgré les immenses liquidités injectées par leur Banque Centrale ont fait encore moins bien. Le Royaume-Uni a joué trop tardivement sur la Libre Sterling. Les deux grands perdants sont l’Italie et les Pays-Bas. On peut dire que pour ces deux pays, la période euro a cassé leur dynamique antérieure. La réussite actuelle des Pays-Bas doit donc s’interpréter comme un rattrapage.

En conclusion l’UE n’a pas servi de paratonnerre pour lutter contre la conjoncture mais a brisé les élans économiques antérieurs de certains pays au profit d’autres dont l’Allemagne. La plus ou moins bonne utilisation de l’outil monétaire des pays à monnaie nationale a fait la différence d’évolution du PIB/habitant. Pour les pays de la zone euro la casse du dynamisme de l’Italie et des Pays-Bas est notoire. A noter que la France et l’Italie se sont énormément endettées pour soutenir leur économie. Afin de dissiper tout malentendu, il s’agit ici de parler de la variation annuelle du PIB/habitant et non de la valeur du PIB/habitant qui s’est construit au fil des années précédentes. 

Compte-tenu de tous les indicateurs examinés dans mes nombreux articles, il m’est devenu évident que l’UE n’a aucune vertu globale sur le plan économique. Elle se contente de répartir autrement les richesses et le dynamisme des membres. Elle retire un outil indispensable, celui de l’ajustement de la monnaie où la Suisse est passée maître. Le jour d’après ne peut pas être meilleur dans un contexte d’une monnaie carcan dès que la compétitivité du pays n’est pas adaptée à cette monnaie unique. Il faut donc absolument sortir de l’UE avant toute idée de mesures de redressement et procéder à une dévaluation du nouveau franc. Sinon le jour d’après mènera la France vers un déclin relatif d’abord et de décroissance rapide de sa richesse ensuite, d’où chômage et pauvreté. On verra dans le prochain article les bonnes et les mauvaises mesures à prendre ensuite. 

L’UE a perdu son aura de grande protectrice 

De la paix avec l’OTAN mais également

Comme productrice de croissance. 

Elle répartit autrement l’argent,

Le dynamisme entre les pays, 

Au profit d’une l’Allemagne

Tuant toute économie 

Non compétitive !
 
Claude Trouvé 

17/08/18

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