lundi 27 janvier 2014

Quand on marche sur ses principes… on trompe son monde !



Le niveau de nos élèves sortis de l’Éducation Nationale est en moyenne parmi les derniers des pays européens après les classements publiés en décembre. Le Ministre de l’Éducation Nationale a fustigé la situation dégradée dans laquelle il trouvait l’enseignement public, sous-entendu dans laquelle la droite l’avait laissé. Cela a justifié un train de réformes touchant aux programmes, aux rythmes scolaires et à l’augmentation du personnel enseignant avec un effort plus substantiel sur les ZEP qui sont devenus des REP parce que... le changement c’est maintenant. 

A part les syndicats d’enseignants qui sont évidemment pour une augmentation du nombre de personnels enseignants, le doute sur l’utilité de cette augmentation de fonctionnaires a touché même la Cour des Comptes, car le coût actuel et futur est loin d’être négligeable. De plus le recrutement des enseignants est difficile, particulièrement dans certaines matières comme les mathématiques or les conditions d’admission au CAPES ont été abaissées au détriment de la qualité des recrutés. 

Tous ces changements sont proclamés haut et fort dans l’intérêt des enfants. C’est particulièrement le cas de l’aménagement des rythmes scolaires. Or le calendrier scolaire 2016-2017, concocté dans l’intérêt des enfants, vient d’être modifié dans l’intérêt économique. Les vacances de noël sur deux semaines qui devaient débuter le 21 décembre pour permettre aux enfants de revenir en classe avec un intervalle suffisant par rapport à la fin des festivités, débuteront le samedi précédent sous la pression des stations de ski qui ont fait valoir les locations qui vont du samedi au samedi. 

Le comble de l’histoire, qui marque bien le fossé entre l’économie et les acteurs qui agissent sur le rythme scolaire de l’enfant,  est que cette proposition de déplacement de date a été proposée au Conseil supérieur de l’éducation qui l’a rejetée à l’unanimité, fait exceptionnel, le 16 janvier. Ce Conseil, composé d’enseignants, de parents, d’étudiants et de lycéens, de collectivités locales, d’associations d’éducation, considère qu’il n’est pas conforme à l’intérêt des élèves. Le choix du ministre a donc été clairement celui de l’économie et non celui de l’intérêt de l’enfant. 

Voilà comment on s’assoit sur ses principes et on aménage le rythme scolaire dans l’intérêt des enfants. On peut comprendre qu’il faille tenir compte de tous les impératifs mais alors il ne faut pas faire croire à ce qui n’est pas réalisable. Il ne faut pas promulguer des aménagements d’horaires en impliquant par la loi des communes qui ne sont pas responsables de l’éducation scolaire et qui n’ont pas la possibilité de répercuter les frais réels des contraintes imposées. En dehors du fait que l’État se défausse de sa responsabilité, il s’introduit dans les dépenses communales et enlève au maire un peu de son pouvoir de gestion dans la mesure où cela devient à terme non pas un choix mais une obligation. 

Aménager le temps scolaire, qui devait respecter l’équilibre entre sept semaines de cours et de deux semaines de congé, pour que les parents, qui en ont les moyens, puissent dépenser leur argent aux sports d’hiver montre que les principes ne tiennent que dans les discours. On pourrait penser que le monde économique s’adapte aux contraintes des rythmes scolaires, ce qu’il sait faire comme on le voit pour le travail du dimanche et les soldes. Désormais le virage est pris, le monde de l’économie doit dicter sa loi, c’est le changement que le Président a réactualisé pour les années à venir. Les principes restent des principes et on les adapte aux circonstances dont le poids décisionnel peut être beaucoup plus grand que les principes en eux-mêmes. 

Il en est ainsi comme de beaucoup de choses. La liberté est un principe de la démocratie mais la République en fait ce qu’elle en veut. L’égalité est un principe de la République, mais les inégalités augmentent sans que cela trouble le gouvernement. La Fraternité a trouvé son credo avec le « Vivre ensemble » et l’on fait tout pour qu’une guerre de civilisation se prépare. 

En principe, les principes devraient être respectés,

Mais ce ne sont que des principes, 

Comme les cigares ils finissent en fumée ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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